Mondiaux d’athlétisme au Qatar : les pires de l’histoire ?

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Publié le 04 octobre 2019 - 14:59
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Giuseppe CACACE / AFP
Mondiaux d’athlétisme au Qatar : les pires de l’histoire ?
Giuseppe CACACE / AFP

Alors que les Mondiaux d’athlétisme de Doha battent leur plein au Qatar, de nombreuses voix s’élèvent déjà contre ce qu’elles considèrent comme les pires championnats de l’histoire de cette pratique. Plusieurs causes sont citées, dont la première reste bien entendu les conditions dans lesquelles évoluent les athlètes venus des quatre coins du monde.

Situé au cœur du Golfe persique, le Qatar n’est pas connu pour être le pays le plus adéquat pour accueillir une compétition sportive de haut niveau, notamment à cause de ses pics de température d’ordre caniculaire, qui peuvent attendre les 45°C, même en début d’automne.

 

Raisons de la colère générale

Plusieurs experts et commentateurs sportifs avaient anticipé les problèmes que présenterait le déroulement d’une telle compétition dans un contexte qatari. C’est sans surprise que les faits sont venus appuyer les nombreuses alertes lancées, alors même que l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme (IAAF) attribuait l’organisation de cette édition au Qatar en 2014.

Les championnats, qui se terminent le 6 octobre prochain, sont déjà un échec pour le sport, et ce, en raison de plusieurs constats indiscutables :

  • Une chaleur étouffante ;
  • Un public désintéressé, désertant les gradins ;
  • Des polémiques de dopage ;
  • De nombreux abandons…

Mais qui gagne dans un tel spectacle où seuls des records négatifs sont battus ? Les annonceurs et les investisseurs, naturellement. Au-delà des conditions d’attribution de l’organisation au Qatar jugées douteuses par les observateurs, impliquant entre autres en justice des personnages comme Nasser Al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain, un certain manque d’expérience et de préparation a placé les quelques 1900 athlètes engagés dans des conditions inadaptées à la pratique de haut niveau.

Plusieurs abandons ont d’ailleurs été comptabilisés en amont et au cours de la compétition, en témoigne l’épreuve féminine de marathon qui s’est déroulée en pleine nuit, lors du premier jour des Mondiaux.

 

Marathon féminin : un record d’abandons

Si la grande majorité des épreuves prend place au sein du Khalifa International Stadium, deux d’entre elles ont lieu au cœur des rues de Doha : l’épreuve de marathon et l’épreuve de marche. Dans ce contexte particulier, l’épreuve féminine de marathon a enregistré un taux d’abandon inédit : 28 des 68 athlètes engagées dans la course ont jeté l’éponge.

Bien que la compétition se déroule à la fin du mois de septembre – elle se déroule habituellement au mois d’août – et que le départ de la course ait été donné en plein milieu de la nuit, il faisait tout de même 32°C sur le parcours et le très fort taux d’humidité rajoutait 10°C à la température ressentie.

Des conditions qui n’ont pas manqué d’affaiblir les marathoniennes et de dresser un tableau catastrophique, impliquant des assistances en urgence et des évacuations sur des brancards ou des fauteuils roulants.

Ironiquement, les seuls spectateurs de la course étaient des volontaires de la Croix-Rouge dispersés sur le long du parcours, ce qui a eu pour effet de démontrer :

  • Le désintérêt total du public local pour la compétition ;
  • Des failles en matière d’organisation ;
  • Un contexte qui évoque tout sauf la convivialité et la joie du sport.

Une souffrance pour le corps

Le sport, et à plus forte raison l’athlétisme, est bien souvent synonyme de dépassement de soi. À travers la compétition avec les autres ou soi-même, il s’agit de repousser ses limites et sortir d’une zone de confort pour se renforcer, avoir plus d’endurance physique et de résistance psychologique.

Les conditions dans lesquelles ont évolué les marathoniennes de Doha relevaient, a contrario, bien plus de la souffrance physique que du dépassement de soi. En effet, nous n’avons pas affaire à des amateurs, mais bien à des professionnelles qui représentent l’élite internationale de ce sport. Celles-ci, comme les autres participants :

  • Connaissent parfaitement leur corps et ses limites ;
  • Savent le développer à l’aide de produits de musculation appropriés ;
  • Appliquent des programmes adaptés et pensés pour leur métabolisme.

Elles n’étaient pas trop faibles pour cette discipline, la faute étant à attribuer à la déshydratation qu’infligent ces températures à n’importe quel corps humain.

Des conditions qui font tache dans un cadre sportif général et qui inscrivent sans aucun doute cette édition 2019 parmi les pires de l’histoire de l’athlétisme. S’ajoutent à cela des affaires de dopage, de corruption ou encore de désintérêt du public local, et les Mondiaux de Doha seront très vite à oublier.

Force est de constater qu’au même titre que pour ces Championnats d’athlétisme, un nombre conséquent d’experts a tiré la sonnette d’alarme à propos de l’attribution de la Coupe du Monde de Football de 2022 au Qatar.

Un contexte très similaire laissant plus que sceptique sur le déroulement de ce qui peut être considéré comme la compétition sportive la plus importante au monde, ne serait-ce qu’en matière d’exposition médiatique et d’enjeux financiers.

 

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