Un constructeur de bus à hydrogène français acheté par un groupe chinois


C’est (encore) une page de l’industrie française qui se tourne. Le 14 mai, le tribunal de commerce a tranché : ce n’est pas l’offre française mais celle du groupe chinois Wanrun qui reprend Safra, l’unique constructeur de bus à hydrogène en France, en redressement judiciaire depuis février.
Malgré les faveurs du personnel et des élus locaux pour le projet tricolore porté par Thierry Torti Holding (TTH), c’est l’engagement financier plus conséquent de Wanrun qui a pesé. À la clé : un investissement immédiat de 7 millions d’euros et la sauvegarde de 120 des 169 emplois.
De la monnaie, mais aucune spécialité : la pépite industrielle verte a été confiée à un groupe étranger spécialisé dans les batteries et panneaux solaires, sans passé dans les bus. Safra, fondée en 1955, se trouvait à un tournant crucial, alors que l’hydrogène s’impose comme levier stratégique pour la mobilité décarbonée. Le projet chinois, selon Le Figaro, promet des investissements et un maintien partiel des emplois. Mais la mémoire collective garde en tête les promesses jamais tenues de Jinjiang, le repreneur chinois de la fonderie SAM dans l’Aveyron, conclues par une fermeture retentissante.
Dans une région marquée par la désindustrialisation, la pilule est amère. « Une offre industrielle française, sérieuse, peut-être plus modeste au départ, mais plus solide sur le long terme », défendait encore récemment Philippe Bonnecarrère, député du Tarn. Jean-Louis Chauzy, président du CESER Occitanie, dénonçait de son côté « une perte de souveraineté industrielle ». L’offre de TTH, qui prévoyait un développement progressif et un carnet de commandes de 450 millions d’euros, n’aura pas suffi à convaincre.
En misant sur la solution la plus rapide, la justice commerciale a privilégié l’argent frais au projet d’avenir. Une logique comptable qui pourrait coûter cher à l’ambition industrielle française.
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