A l'Odéon et au ministère du Travail, les intermittents plus que jamais mobilisés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 25 avril 2016 - 17:19
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Des intermittents du spectacle manifeste au théêtre de l'Odéon.
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©Philippe Lopez/AFP
Des intermittents du spectacle, épaulés par des membres de Nuit Debout, occupent le théâtre de l'Odéon.
©Philippe Lopez/AFP
Les intermittents, qui occupent le théâtre de l'Odéon à Paris, sont déterminés à peser, lundi 25, sur la dernière journée de négociations au ministère du Travail, considérée comme décisive pour l'avenir de leur régime spécifique d'assurance chômage.

Depuis dimanche soir, plusieurs dizaines d'intermittents du spectacle, rejoints par des étudiants et des militants du mouvement Nuit Debout, occupent la terrasse du théâtre, au-dessus de la colonnade. Le théâtre fait relâche lundi et la direction de l'établissement a informé l'AFP que Phèdre(s)", avec Isabelle Huppert, actuellement à l'affiche, était "programmé normalement mardi".

Des banderoles suspendues à la façade de l'édifice proclament : "De l'argent il y en a, construisons de nouveaux droits", "Pas de droit du travail sans droit au chômage" et "Convergence des luttes/Nuit debout".

"Nous, chômeurs, étudiants, précaires, salariés en poste ou en formation et intermittents de la culture et d'ailleurs, avec ou sans papiers, occupons ce lieu public pour signifier notre complet désaccord avec les +négociations+ en cours de l'assurance chômage comme avec le projet de loi travail", a dit à la presse depuis la terrasse une représentante des intermittents munie d'un mégaphone. Un étudiant et un représentant de Nuit Debout ont aussi pris brièvement la parole.

"Nous comptions pouvoir utiliser le théâtre de l'Odéon pour débattre, étudier, décrypter les négociations en cours, mais cela nous a été refusé, alors nous avons décidé d'occuper le lieu", a dit à l'AFP un représentant de la Coordination des intermittents et précaires (CIP).

La CGT-Spectacle et la CIP, qui ont réussi à mobiliser largement leur base lors d'assemblées générales très suivies à Paris et en province, appellent aussi à un rassemblement à 17h devant le ministère du Travail. C'est là que se tient, sans doute jusque tard dans la soirée, la négociation interne à la profession, en vue d'un accord qui doit être transmis à l'Unedic avant jeudi.

Les participants à ce rassemblement devraient ensuite rejoindre l'Odéon pour une assemblée générale prévue à 18h. En déplacement ce lundi dans la Drôme et en Ardèche, la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, a dit "comprendre cette mobilisation".

"Il faut attendre le résultat des négociations", "ce soir ou dans les jours à venir", a-t-elle affirmé sur France Bleu.

"Les employeurs du secteur du spectacle s'orientent vers une baisse des droits alors que nous souhaitons une contribution de leur part", a déclaré à l'AFP Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-Spectacle.

"Si les employeurs ne vont pas dans un sens qui nous convient, nous avons déjà déposé un préavis de grève pour jeudi", a-t-il ajouté, précisant: "si nous n'avons pas l'Odéon, nous avons beaucoup d'autres endroits pour nous réunir".

Les artistes et techniciens du spectacle bénéficient de règles spécifiques d’indemnisation du chômage. Le déficit de ce régime s'est considérablement accru depuis les années 1980, le nombre de bénéficiaires ayant fortement augmenté. Il atteint environ un milliard d’euros chaque année, soit environ un quart du déficit général.

Un cadrage financier, proposé le 24 mars par la partie patronale et signé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (syndicats minoritaires dans le spectacle), impose un effort global de 185 millions d'euros d'économies en année pleine d'ici à 2018 aux intermittents, mais suggère que l'Etat en compense une partie, à hauteur de 80 millions.

Ces conditions sont jugées "inacceptables" par la CGT et la CIP qui craignent notamment que la participation de l'Etat ouvre la voie à une "caisse autonome", qui sortirait les intermittents de la solidarité interprofessionnelle. Le risque serait alors considérable d'un désengagement de l'Etat lors d'une alternance politique.

"Nous refusons les 800 millions d'économies demandées aux intermittents, a affirmé le représentant de la CIP. Pour nous, aujourd'hui six chômeurs sur dix ne sont pas indemnisés et nous demandons à ce que dix chômeurs sur dix le soient. Nous avons des propositions pour cela mais elles ne sont jamais entendues", a-t-il dit.

L'Etat a déjà mis la main au porte-monnaie en 2014 pour apaiser le conflit qui menaçait les festivals de l'été. Il avait alors pris en charge pour 100 millions d'euros en année pleine le "différé d'indemnisation" dénoncé par les intermittents.

 

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