Quand les lobbys s'en mêlent, les pets de vache n'ont plus d'importance


Le préfet de la Haute-Vienne a donné son feu vert jeudi à la création d'un projet contesté de longue date de centre d'engraissement de plus de 2.000 bovins au nord de Limoges, voué à devenir l'une des plus grandes exploitations de ce type en France.
"C'est un projet comme un autre qui doit répondre à des critères de légalité", a déclaré le préfet de la Haute-Vienne François Pesneau à un correspondant de l'AFP, confirmant une information du quotidien régional Le Populaire du Centre.
Le groupe T'Rhéa, au capital de 25 M€, et au chiffre d’affaires en 2022 de 306 M€, avait dû revoir sa copie, après s'être vu refuser en juin 2024 une première demande d'autorisation environnementale à l'issue d'une enquête publique qui avait reçu plus de 11.000 contributions dont 99,5 % d'avis "contre", ce n'est pas rien.
Riverains et associations questionnaient notamment le traitement des eaux et des déchets de cette installation prévue initialement pour accueillir jusqu'à 3.100 bovins à Peyrilhac, commune d'environ 1.300 habitants appartenant à la métropole de Limoges.
Un nouveau projet a donc été présenté, prévoyant notamment une capacité d'accueil revue à la baisse à 2.120 bovins, il a reçu un avis positif mi-mars du commissaire-enquêteur à l'issue d'une nouvelle enquête publique.
"On est déçus, mais pas surpris, malheureusement, ont réagi Frédéric Aujoux et Robert Patapy, deux riverains accolés à la future mégaferme, après la décision préfectorale. On a perdu la bataille, mais pas la guerre. On envisage des recours, qui pourront être déposés dans les deux prochains mois avec des associations."
Pascal Nowak, chargé de ce projet "Terres de Chavaignac" pour T'Rhéa, se félicite pour cette décision, mais reste évasif sur le calendrier.
"Avec cet arrêté, on a coulé les fondations. Il reste maintenant à bâtir les étages. On va ouvrir le projet à trois ou quatre organisations de producteurs. C'est un projet multi-acteurs que nous serons prêts à lancer dès que les barrières judiciaires seront levées", a-t-il déclaré à un correspondant de l'AFP.
Concevoir ce genre de projet, véritable prison où "vache lait" n'est pas un vain mot pour des bêtes qui ne verront jamais le jour, semble assez étonnant pour un groupe qui se dit respecter la terre, les animaux et les hommes.
Le pays compte le premier cheptel bovin de l'Union européenne (16,3 millions de têtes au 1ᵉʳ janvier 2024) mais celui-ci a décliné plus vite que les ovins et les caprins ces dernières années face au manque de bras et de revenus.
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