La consommation du charbon atteint un record selon une cinquantaine d’ONG

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France-Soir
Publié le 11 novembre 2024 - 11:54
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Un mois après la fermeture de la dernière centrale électrique au charbon au Royaume-Uni, un rapport vient rappeler que ce cap n’est que symbolique puisque la production de charbon thermique en 2024 a atteint un niveau sans précédent. Dans sa nouvelle version diffusée fin octobre dernier, la base de données Global Coal Exit List, créée par l'organisation environnementale allemande Urgewald et réalisée avec 51 ONG partenaires, affirme que le parc mondial de centrales au charbon continue de croître. Le résultat de cette étude est corroboré par les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), émise peu après la fermeture de la dernière centrale au charbon en Grande-Bretagne.  

La nouvelle mouture de la Global Coal Exist List (GCEL) a été publiée à deux semaines de la COP29, qui s’ouvre aujourd’hui, lundi 11 novembre, à Bakou en Azerbaïdjan. Cette base de données surveille 1 579 entreprises “opérant le long de la chaîne de valeur du charbon thermique”. Les résultats sont sans appel : “la production de charbon thermique (utilisé pour alimenter les centrales, NDLR) atteint un niveau sans précédent”. 

La Chine et l’Inde, principaux consommateurs 

“Neuf ans après la signature de l’Accord de Paris, la production de charbon thermique atteint un niveau sans précédent et le parc mondial de centrales au charbon continue de croître”, constate Heffa Schuecking, directrice d’Urgewald. En comparaison, “la capacité mondiale de production de charbon était de 1 910 GW en 2015” mais “équivaut aujourd’hui à 2 126 GW”, avec 30 GW durant l’année écoulée.  

Dans ses résultats, la GCEL détaille le profil des sociétés concernées et fait remarquer que 40% des entreprises sont des “exploitants de charbon” qui prévoient de nouvelles infrastructures, comme des mines de charbon thermique, des installations de transports et des centrales électriques alimentées par ce combustible fossile.  

376 entreprises figurant dans la nouvelle version de la base de données prévoient ainsi de nouveaux projets d’extraction de charbon thermique dans 36 pays. L’Inde, à travers sa compagnie Coal India, est le plus grand exploitant au monde. Rien qu’en 2023, la société a produit 649 millions de tonnes de charbon thermique et envisage 90 nouvelles mines et extensions. A terme, sa capacité de production annuelle pourrait atteindre 1,2 milliard de tonnes.  

Au total, la GCEL fait état d’une capacité totale de 2,6 milliards de tonnes par an chez les entreprises surveillées, “soit une quantité équivalente à près de 35 % de la production mondiale actuelle de charbon thermique”. “Les plus grandes extensions de mines de charbon thermique sont prévues en Inde (947 Mtpa), en Chine (873 Mtpa) et en Australie (201 Mtpa).  

Parmi les 1 579 entreprises listées et passées en revue, “286 prévoient de construire de nouvelles centrales au charbon, pour un total de 579 GW , soit 27 % de la capacité actuelle de production d’électricité au charbon dans le monde”. La majeure partie de cette capacité nouvelle - 392 GW - est prévue en Chine, “bien que l’électricité produite par les projets éoliens et solaires du pays soit à égalité ou moins chère que celle produite au charbon”. Une compagnie se distingue particulièrement, la China Energy Investment Group, “le plus grand exploitant de centrales au charbon au monde”, qui prévoit d’ajouter “44 GW à son gigantesque parc de centrales au charbon de 209 GW”.  

Fermetures en Europe, hausse record dans le monde  

Là encore, l’Inde se classe juste derrière la Chine en matière de projets de centrales au charbon, avec 92 GW de prévus. “Les plus grands exploitants de centrales au charbon du pays sont la National Thermal Power Corporation avec 18 GW et le groupe Adani avec 16 GW en préparation”, ajoute-t-on.  

La GCEL démontre aussi que le secteur du charbon est encore financé par une grande partie des banques, qui ont même augmenté leurs investissements ces dernières années. Les ONG citent comme exemple la Bank of America, qui a fourni 30 % d’argent de plus à l’industrie du charbon en 2023 qu’en 2016, ou la Royal Bank of Canada et ses 27 % de financements supplémentaires.  

Ces données, que la GCEL relie à plusieurs sources, viennent confirmer les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie. L’exercice 2024 a bien été marqué par une consommation record du charbon avec 8,7 milliards de tonnes, une “augmentation totale de 10 %” par rapport aux chiffres de 2014, selon Carlos Fernandez Alvarez, analyste pour l’AIE, fin septembre dernier. Une majeure partie de cette quantité alimente ainsi les centrales électriques.  

Mais à l’opposé du reste du monde, celles-ci ferment l’une après l’autre en Europe. Avant Londres, Berlin fermait en mars dernier sept centrales électriques au charbon. En France, le gouvernement a prolongé en août 2023 le fonctionnement des dernières centrales à charbon jusqu’à la fin de l’année en cours.  

 

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