L’Eco-score, avons-nous besoin d’une application pour consommer de façon plus durable ?

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FranceSoir
Publié le 11 janvier 2021 - 11:31
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Atoms / Unsplash
Ce score, vise à permettre au consommateur d'orienter ses choix d’aliments en fonction des critères de production et distribution qui respectent au mieux l’environnement
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Le 14 décembre dernier, Emmanuel Macron s’est réuni avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat pour faire un point sur leurs propositions. Suite à ces échanges, le président avait déclaré dans un tweet   qu’il était favorable à un « score carbone » pour évaluer l’impact environnemental des produits. Il a même proposé de “créer ensemble” le Yuka du carbone. En effet, une proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat stipule que l’objectif est de rendre obligatoire l’affichage des émissions de gaz à effet de serre dans les commerces et lieux de consommation ainsi que dans les publicités pour les marques, sur le modèle du Nutriscore. L’échéance proposée pour le développement de cet “éco-score” est l’année 2024, mais d’autres acteurs, comme Yuka, associée à huit autres acteurs du numérique et de l'alimentation, s’apprêtent à lancer un premier indicateur de l'impact environnemental des produits alimentaires.

Des acteurs de la foodtech s’associent pour créer un Eco-score des aliments

L'application de notation des aliments Yuka s’est associé à d’autres acteurs comme ScanUp, Etiquettable, La Fourche, Marmiton, aux entreprises de livraison FoodChéri et Seazon, à l'application FrigoMagic ainsi qu’au cabinet de conseil ECO2 Initiative, pour élaborer un premier indicateur de l'impact environnemental des produits alimentaires, en s'appuyant sur les données Open Food Facts et le site Agrybalyse: l’Eco-score.  Ce score, vise à permettre au consommateur d'orienter ses choix d’aliments en fonction des critères de production et distribution qui respectent au mieux l’environnement. Mais une application est-elle nécessaire pour cela? Sur quels critères va se baser cette notation?

De l’open data et de la collaboration des fabricants pour alimenter l’Eco-score

La convention citoyenne s’est déjà penchée sur la méthode que devrait suivre un tel outil: l’impératif est d’être «  fiable scientifiquement », de  « prendre en compte l’entièreté du cycle de vie d’un produit ou d’un service et intégrer les émissions directes et indirectes ».« Chaque étape devra être évaluée », estimait la Convention : de l’extraction des matières premières à leur acheminement, en passant par leur transformation, la fabrication, le stockage, le transport, la distribution, la consommation et le traitement une fois le produit envoyé à la poubelle ou au recyclage. Depuis 2009 le site Agribalyse  compile les données en open data sur l'impact environnemental des produits agricoles, les données du cycle de vie de 200 productions agricoles et de 2 500 produits alimentaires pour élaborer un score sur chaque aliment. Le score prend en compte quatorze indicateurs permettant d'évaluer les impacts des différentes étapes de vie d'un produit sur les éléments qui composent la nature: l'air, l'eau, les sols, le climat. L'Eco-score combine les données Agribalyse avec les donnees de l’analyse de cycle de vie (ACV) et permet de visualiser ces données à travers l’application Open Food Facts , qui permet de noter chaque produit .

Devrons nous scanner nos aliments pour être mieux informés?

Le site Open Food Facts précise qu’il faut scanner le code barre des emballages en installant l’application au préalable pour accéder à l’Eco-Score. Open Food Facts est un Wikipédia des aliments que tout le monde peut réutiliser librement et gratuitement. Les plus de 100 applications qui utilisent la base Open Food Facts pourraient donc elles aussi afficher l'Eco-Score. Le problème, c’est que si vous n’avez pas de smartphone ou que vous n’avez pas le temps de scanner les codes de barres vous resterez perdu en matière de données environnementales. Le calcul de l’impact environnemental est complexe. L’élaboration de l'Eco-score est donc un effort considérable pour généraliser la compréhension des données scientifiques de la base de données Agribalyse. Mais est-ce la meilleure solution pour le consommateur?

Une surcharge d’information environnementale va-t-elle changer la donne?


En France, l’application “L’appli des consos”   éclaire les consommateurs sur le modèle de Yuka en tenant compte du prix des produits, du bien-être animal, et permet de savoir si les entreprises sont transparentes sur leurs produits, et leur engagement social. Elle peut calculer la distance de transport des aliments ce qui permet de faire une estimation de leur empreinte carbone. En personnalisant l’ordre d’importance des critères, le consommateur peut obtenir un pourcentage de compatibilité avec ses attentes en scannant chaque produit. 
Une autre application, “Karbon”, propose aussi de scanner le code barre d’un produit alimentaire pour connaître une estimation de son empreinte carbone, et les risques écologiques qu’il représente. Il y a donc une abondance de solutions disponibles pour les consommateurs “numérisés” qui ne lâchent pas leur smartphone… Mais pas de réelles innovations simples d’utilisation comme le Nutriscore, dont l'efficacité est maintenant démontrée. Pour les consommateurs non numérisés, l'écolabel est certes un indicateur de respect environnemental. Créé en 1992, l’Ecolabel Européen est le seul label écologique officiel européen utilisable dans tous les pays membres de l’Union Européenne. Consciente de cela, l’Union Européenne va tenter de transformer à l'avenir ce Ecolabel en Yuka de l’environnement.

L’ergonomie est importante, car comme pour le Nutriscore, c’est l’utilisation massive d’un label qui pourra pousser les consommateurs à éviter certains produits à grande échelle, ce qui oblige en retour les producteurs à modifier leurs pratiques.

Suite aux déclarations d’Emmanuel Macron au sujet d’une future application, les internautes se sont montrés sceptiques. Non seulement parce qu’il existe déjà des outils de calcule, mais aussi parce que pour grand nombre de consommateurs, un changement de consommation ne viendrait pas forcément des choix des citoyens mais des critères et normes de fabrication des produits .
 

 

 

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