Starlink : les mini-satellites de Space X sont-ils dangereux pour notre ciel ?

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France-Soir
Publié le 23 avril 2020 - 15:30
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Une enfilade de minisatellites Starlink observés dans le ciel en mai 2019
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AFP PHOTO / HO/ Marco Langbroek, Leiden, the Netherlands
Les minisatellites Starlink de Space X observés dans le ciel en mai 2019
AFP PHOTO / HO/ Marco Langbroek, Leiden, the Netherlands

Faut-il se réjouir de voir le ciel clignoter de centaines de nouveaux points lumineux ? Observés ces dernières semaines aux quatre coins de la planète, ils appartiennent pour la plupart à Space X, entreprise d'Elon Musk qui, avec ses milliers de mini-satellites Starlink, veut connecter à Internet les coins les plus reculés de la planète. Une bonne idée ?

Mercredi 22 avril à 21h30 (heure de Paris), la compagnie Space X d’Elon Musk a réussi à lancer une nouvelle salve de mini-satellites Starlink. Une nouvelle étape dans un projet fou qui passionne autant qu’il agace.

Starlink : à quoi vont servir ces mini-satellites ?
Avec ces mini-satellites, Elon Musk a un objectif : fournir une connexion Internet rapide aux habitants des coins les plus isolés de la planète. Des services qui doivent, théoriquement, être disponibles dès 2020.
Le plan initial prévoit le déploiement de 12 000 satellites qui doivent évoluer à 550 km d’altitude (contre plus de 1000 km dans le projet initial). Mais Space X aurait d’ores et déjà demandé l’autorisation d’envoyer 42 000 mini-satellites au total pour founir une couverture Internet plus importante et plus rapide à ses futurs clients.
Si cet accès à un Internet partout sur la planète est un enjeu de développement et d’égalité important pour la population mondiale, le projet d’Elon Musk (et de ses concurrents) n’est pas sans poser de questions.

Les mini-satellites Starlink engendrent-ils une pollution visuelle durable et néfaste ?
Depuis le premier lancement de deux satellites en février 2018, 420 ont été lancés avec succès, dont une soixantaine mardi 22 avril, depuis Cape Canaveral (Floride).

S’ils ne plaisent pas à tous, c’est d’abord parce que ces mini-satellites créent une pollution visuelle importante dans le ciel. Ces derniers jours, il était facile d’en observer certains à l’œil nu dans le ciel français. Un défilé qui semble pour l’heure relativement anecdotique mais qui, lorsque plusieurs milliers de satellites seront en orbite, pourrait devenir vraiment gênant pour l’observation du ciel.
De nombreux astronomes le soulignent déjà, à l’instar des équipes de Ciel et Espace qui montrent comment les satellites de Starlink rayent le ciel. Et brillent parfois autant, voire davantage, que l’étoile du Berger.

Mais si les observateurs de l’espace accusent le projet d’Elon Musk de fausser les résultats de leurs études, le patron de Space X affirme être persuadé qu’il ne causera pas le moindre impact sur les découvertes astronomiques. Il explique ainsi que cette pollution visuelle n’existe que lorsque les satellites sont en train de se placer en orbite. Et promet de réviser ses plans si des problèmes durables se manifestent. En attendant, Elon Musk affirme travailler avec la communauté scientifique pour réduire la brillance de ses appareils, en en peignant par exemple certaines parties en noir plutôt qu’en blanc.

Les mini-satellites de Space X peuvent-ils engendrer des collisions dans le ciel ?
Autre point d’achoppement avec les défenseurs du ciel : les débris supplémentaires que pourraient engendrer ces milliers de nouveaux satellites.
Si les estimations varient, on estime aujourd’hui que les débris spatiaux sont d’ores et déjà extrêmement nombreux : 5000 objets mesurant plus d’un mètre, 20 000 objets de 10 cm à 1 m et quelque 150 millions de fragments de quelques millimètres. Des débris que, malgré de nombreux projets depuis plusieurs décennies, nous ne savons pas encore nettoyer…

Les mini-satellites Starlink pèsent 227 kg, ne sont pas plus grands qu’une machine à laver et sont dotés de panneaux solaires qui, lorsqu’ils sont déployés, mesurent 16 m2. Encombreront-ils de nouveaux débris le ciel lorsqu’ils arriveront au terme de leur durée de vie, estimée à 5 à 7 ans ?  Elon Musk affirme posséder des dispositifs de désorbitation efficaces pour éviter que les satellites en panne ou en fin de vie n'entrent en collision avec d’autres satellites. Un argument qui ne convainc guère les professionnels du ciel qui rappellent qu’en septembre 2019, l’Agence spatiale européen a dû effectuer une œuvre d’évitement d’Aeolus, l’un des satellites d’observation de la terre, pour empêcher une collision avec l’un des satellites de la constellation de Starlink. Ils n’étaient alors que 60 dans le ciel… Ils seront peut-être bientôt 42 000 pour offrir un maillage complet de la planète. Et peut-être permettre à Elon Musk de s’emparer de 3 à 5% du marché de l’Internet mondial.

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