Amputée des quatre membres à la suite d'un avortement, elle raconte l'enfer qu'elle a vécu

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 13 février 2017 - 16:51
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Les urgences.
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©Gelebart/20Minutes/Sipa
En proie à une infection nosocomiale suite à son IVG au CHU de Bordeaux en 2011, Priscilla s'est faite amputer des quatre membres.
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En bonne santé lors de son arrivée au CHU de Bordeaux en 2011 pour une Interruption volontaire de grossesse (IVG), Priscilla, 36 ans, ressort avec une infection nosocomiale. Quelques mois après son avortement et une succession d'erreurs médicales, ses quatre membres sont amputés. Dans un récit raconté à "L'Obs", elle raconte son calvaire.

C'est un drame autant qu'un scandale qui a touché Priscilla en juillet 2011. Venue au CHU de Bordeaux pour un IVG, la femme âgée de 36 ans à l'époque des faits, est ressortie "massacrée" de son opération. En effet, à la suite de son avortement, elle contracte une infection nosocomiale mal prise en charge par les services de soin. Pour être sauvée cette maman de trois enfants a été amputée des quatre membres. Cinq ans et demi après les faits, plus d'un mois après la condamnation du CHU de Bordeaux (Gironde) à une provision de 300.000 euros en vue d'une future indemnisation pour "prise en charge défaillante", elle témoigne dans un entretient avec L'Obs.

"J’ai fait confiance, comme beaucoup d'autres l'auraient fait, à ce médecin que je n’ai jamais vu de ma vie", voilà peut être la plus grosse erreur de Priscilla. Au lendemain de son IVG, alors qu'elle a 40° de fièvre, elle se rend au CHU de Bordeaux. Sur place, l'interne refuse de lui prescrire les antibiotiques qui auraient été nécessaires pour sauver les membres de la patiente. Il se contente d'échanger au téléphone avec le médecin de garde.

De retour chez elle, elle consulte le lendemain, un médecin généraliste qui lui annonce qu'elle a une septicémie et qu'elle doit être hospitalisée d'urgence. "Je devais débuter une antibiothérapie. Celle que j’aurais dû recevoir la veille, celle qui m’avait été refusée par le médecin de garde de l’hôpital", explique-t-elle. Devant la lenteur du Samu à répondre au téléphone, elle est transportée à l'hôpital dans une ambulance privée avec une lettre du médecin en poche. "L'ambulance qui m’a transportée n’était rien d’autre qu’un taxi dans lequel aucun examen n’est fait", raconte la victime.

Arrivée au service de maternité, c'est une nouvelle interne de 25 ans particulièrement "hautaine et désagréable", qui la reçoit mais refuse de l'hospitaliser même après lecture de la lettre du médecin. Obligée de constater que Priscilla ne tient plus sur ses jambes, l'interne l'allonge finalement sur un brancard dans le couloir. Face à l'inquiétude des belles sœurs de la patiente, l'apprentie médecin estime: "ce n'est rien. Elle doit juste mal vivre son IVG". Puis devant les doigts gonflées de Priscilla "elle a dû se cogner".  En réalité, c'est la bactérie streptocoque pyogène de type A, nommée "bactérie mangeuse de chaire", qui commence à ronger ses pieds et ses mains de l'intérieur. A 17h elle est placée "au milieu des césariennes" dans un box de soins intensifs de la maternité.

"Ce n’est qu’à minuit, qu’(un médecin) est enfin revenu pour me dire : +c’est grave, on vous transfère en déchocage+. Je n’étais presque plus consciente", se souvient Priscilla. Le médecin lui annonce la gravité de la situation, et elle tombe dans le coma. A son réveil, elle est amputée des quatre membres.

Aujourd'hui Priscilla aimerait voir le médecin qui ne lui a pas prescrit les antibiotiques derrière les barreaux, même si elle a peu d'espoir à ce sujet. Elle s'indigne, "aujourd’hui, ces +professionnels+ de la santé travaillent toujours. Pourtant, ils devraient d’urgence être interdits d’exercer. Ils sont dangereux et c’est une honte pour la France qu’ils demeurent impunis." Son second combat est d'obtenir une greffe des mains, et c'est plutôt en bonne voie: "si tout se passe bien, je pourrais m’inscrire pour une opération. J’espère sincèrement que 2017 sera l’année de la greffe".

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