Attentat de Nice : cinq suspects présentés ce jeudi à la justice antiterroriste

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 juillet 2016 - 12:08
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Attentat à Nice.
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©VALERY HACHE / AFP
Dans le cadre de l’enquête sur l’attentat à Nice, les cinq personnes en garde à vue sont déférées ce jeudi en vue d'éventuelles mises en examen.
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Une semaine après l’attentat à Nice, qui a fait 84 morts sur la Promenade des Anglais, cinq suspects sont présentés ce jeudi à la justice antiterroriste en vue d’éventuelles mises en examen. Il s'agit de quatre hommes âgés de 22 ans à 40 ans et d'une femme de 42 ans arrêtés en raison de leurs contacts avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.

Une semaine après l'attentat de Nice, l'émotion reste vive, la polémique politique ne s'apaise pas et l'enquête franchit une étape importante: cinq suspects sont présentés  ce jeudi 21 à la justice antiterroriste qui enquête sur la tuerie qui a fait 84 morts le 14 juillet.

Malgré les appels à l'unité nationale et un compromis gauche-droite trouvé dans la nuit au Parlement sur la prolongation de six mois d'un état d'urgence durci, qui doit être formellement entériné jeudi, le débat reste tendu. La polémique sur le dispositif policier déployé à Nice pour la fête nationale a notamment été relancée par le quotidien Libération, et les accusations de "mensonge" et "contre-vérité" pleuvent de toute part. Le parquet de Paris va ouvrir dans la journée une information judiciaire confiée à des juges antiterroristes. Parallèlement, les cinq personnes en garde à vue sont déférées en vue d'éventuelles mises en examen, a précisé le parquet.

Il s'agit de quatre hommes âgés de 22 ans à 40 ans et d'une femme de 42 ans arrêtés en raison de leurs contacts avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avant la tuerie qu'il a perpétrée sur la promenade des Anglais ou soupçonnés de lui avoir fourni le pistolet avec lequel il a tiré sur des policiers depuis son camion lancé sur la foule. L'un des déférés est un jeune homme de 22 ans destinataire d'un SMS envoyé par le tueur juste avant son carnage. Dans son message, il le félicite pour le "pistolet" qu'il lui a fourni la veille et ajoute "alors on ramène cinq de chez ton copain". Il précise que cette nouvelle livraison est destinée à une autre personne "et ses amis". Dans ses auditions, le jeune homme a désigné le fournisseur du pistolet comme étant un Albanais de 38 ans, également placé en garde à vue avec sa compagne. Les enquêteurs ont aussi interpellé celui que Lahouaiej-Bouhlel présente dans son SMS comme le destinataire des autres armes.

Les investigations n'ont pas démontré de lien entre Lahouaiej-Bouhlel et des réseaux terroristes, mais l'organisation Etat islamique (EI) a revendiqué l'attentat. Le groupe djihadiste déjà à l'origine des attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris, les plus meurtriers jamais commis en France, a menacé d'intensifier ses attaques contre l'Hexagone dans une nouvelle vidéo où apparaissent des francophones qui félicitent le tueur de Nice. Ce dernier est décrit comme un homme violent et instable, vivant loin des préceptes religieux. Mais il avait prémédité son acte, louant le camion puis effectuant des repérages sur la promenade des Anglais, a expliqué lundi le procureur de Paris, François Molins. Il manifestait aussi un intérêt "récent" mais "certain" pour la mouvance djihadiste.

Côté politique, l'Assemblée nationale à 12h puis le Sénat à 15h doivent adopter solennellement leur compromis sur le projet de loi prolongeant pour six mois l'état d'urgence instauré après le 13 novembre. Les députés ont accepté des amendements des sénateurs interdisant les rassemblements dont la sécurité ne serait pas assurée, et facilitant la fermeture des lieux de culte dans lesquels sont tenus des propos incitant à la haine et à la violence. Ils ont en revanche refusé l’application du régime de la rétention de sûreté et de la surveillance de sûreté aux personnes condamnées pour terrorisme. "Ce texte a été complété par tout ce qui peut accroître l'efficacité, sans rompre avec l'État de droit", a dit mercredi François Hollande. "La colère est légitime" mais celle-ci "ne peut dégénérer dans la haine et la suspicion", a averti le chef de l'Etat.

Car l'unanimisme final sur l'état d'urgence masque mal, à neuf mois de la présidentielle et après trois attaques meurtrières massives en un an et demi, de profondes divergences droite-gauche en matière de réponses au terrorisme. Relançant une polémique qui opposait déjà le gouvernement et la droite niçoise, Libération affirme jeudi que l'entrée de la zone piétonne de la promenade des Anglais, sur laquelle 30.000 personnes étaient venues voir le feu d'artifice du 14-Juillet, était barrée par une seule voiture de la police municipale et que la police nationale était quasiment absente à ses abords. "Contre-vérité", s'est offusqué le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Le président (Les Républicains) du Sénat Gérard Larcher a demandé une "enquête indépendante" sur ce dispositif de sécurité.

Sur la célèbre artère de la Côte d'Azur, la vie a repris son cours et rien ou presque ne semble témoigner de l'horreur du 14-Juillet. Des touristes du monde entier déambulaient nonchalamment mercredi soir, prenant des selfies et s'attroupant autour des peintres, musiciens ou camelots divers. Sur une centaine de mètres, le trottoir a toutefois été transformé en mausolée. Contre les fleurs, un petit garçon d'une dizaine d'années, T-shirt à rayures et chapeau de paille s'agenouille. Sa mère précise: "il nous a demandé ce qui s'était passé, on lui a expliqué et il souhaitait venir prier". Des mots et témoignages de solidarité viennent du monde entier: Russie, Mexique, Allemagne... Certains remercient leur héros anonyme: "Merci à ce Niçois qui a sauvé mon fils, fais-toi connaître". La totalité des 84 victimes tuées dans l'attentat ont été formellement identifiées et leurs obsèques à travers la France devraient se poursuivre toute la semaine.

 

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