Attentat de Nice : la chef de la vidéosurveillance évoque des pressions du ministère de l’Intérieur

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 juillet 2016 - 14:17
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Une caméra de vidéosurveillance à Nice.
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"J’ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran", a déclaré Sandra Bertin, chef du CSU (centre de supervision urbain).
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Alors que la polémique sur la sécurité mise en place le soir de l’attentat à Nice ne désenfle pas, la policière municipale en charge de la vidéosurveillance a affirmé dans un entretien au "JDD" avoir reçu des pressions du ministère de l’Intérieur lors de la rédaction d’un rapport sur cette soirée meurtrière.

La policière municipale en charge de la vidéosurveillance le soir de l'attentat de Nice affirme avoir reçu des pressions du ministère de l'Intérieur pour modifier son rapport sur le dispositif policier le 14 juillet, dans un entretien au Journal du dimanche. "Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l'Intérieur a envoyé un commissaire au CSU (centre de supervision urbain) qui m'a mise en ligne avec la Place Beauvau", raconte Sandra Bertin, chef du CSU, en pleine polémique entre la municipalité LR de Christian Estrosi (1er adjoint et président de la métropole) et le gouvernement sur le dispositif de sécurité mis en place le soir de l'attentat qui a fait 84 morts.

Jeudi, Libération a en outre assuré qu'une seule voiture de police municipale barrait l'entrée de la zone piétonne de la Promenade des Anglais. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a qualifié de "contre-vérités" les informations du quotidien. "J'ai alors eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte rendu signalant des points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité", ajoute Mme Bertin, secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice, cosignataire d'une lettre ouverte à Manuel Valls déplorant le manque de considération de la police municipale par le gouvernement.

"Je lui ai répondu que je n'écrirais que ce que j'avais vu. Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par e-mail une version modifiable du rapport, pour +ne pas tout retaper+. J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran. A tel point que j'ai dû physiquement renvoyer du CSU l'émissaire du ministère!", poursuit Mme Bertin.

"J'ai finalement envoyé par e-mail une version PDF non modifiable et une autre modifiable. Puis, quelques jours plus tard, la sous-direction antiterroriste m'a demandé d'effacer les bandes des six caméras que j'ai mentionnées dans mon rapport, celles qui ont filmé la tuerie. On nous a demandé, pour les besoins de l'enquête, d'extraire huit jours de bande sur 180 caméras. Et maintenant il faudrait en effacer certaines pour empêcher leur diffusion au public", ajoute-t-elle.

Elle défend par ailleurs son service, alors que le camion de 19 tonnes a été aperçu les jours précédant l'attentat sur la Promenade des Anglais pourtant interdite depuis septembre 2014 aux véhicules de plus de 3,5 tonnes. "Si nous l'avions vu sur la Promenade via nos caméras, nous aurions relevé l'infraction puis nous l'aurions relayée au parquet, qui aurait décidé de poursuivre ou non. Mais ça ne l'aurait pas empêché de revenir", plaide Mme Bertin. "Le problème, c'est qu'il n'est pas aberrant de voir un camion de 19 tonnes sur la Promenade des Anglais. Tous les jours, ce type de poids lourds vient livrer les hôtels, approvisionner les plages", assure-t-elle.

 

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