Attentats de janvier 2015 : deux ans après, des zones d'ombre persistent dans l'enquête

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 janvier 2017 - 13:44
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Les portraits des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly.
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©Ministère de l'Intérieur
Les terroristes avaient tué 17 personnes au cours de leurs attaques.
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Il y a deux ans, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly provoquent la mort de 17 personnes dans une série d'attentats. Abattus par les forces du GIGN ou de la police, certains points de leur parcours n'ont pas encore été élucidés.

Deux ans après les attentats de janvier 2015, qui ont fait 17 morts et ont été les premiers d'une série d'attaques jihadistes en France, les enquêteurs cherchent toujours à lever plusieurs zones d'ombres, notamment sur les complicités dont ont bénéficié les tueurs.

Le 7 janvier, les frères Saïd et Chérif Kouachi, islamistes radicaux connus des services, assassinent douze personnes dans l'attaque contre Charlie Hebdo à Paris. Ils sont abattus le 9 janvier par le GIGN après deux jours de cavale.

Amédy Coulibaly, délinquant multirécidiviste, tue de son côté le 8 janvier une policière municipale à Montrouge, en banlieue parisienne. Le lendemain, il exécute quatre hommes lors d'une prise d'otages dans une épicerie juive de Paris, l'Hyper Cacher, et meurt dans l'assaut policier.

L'enquête n'a pas livré tous les secrets de sa course meurtrière. Pourquoi a-t-il tiré sur la policière? Visait-il une école juive à proximité? Il est aussi soupçonné d'avoir, le 7 janvier, blessé un joggeur à Fontenay-aux Roses et le 8 d'être à l'origine de l'explosion d'une voiture à Villejuif, qui n'a pas fait de victime. S'agissait-il d'attaques pour tester son arsenal?

Leur passé ramène à la filière des Buttes-Chaumont qui a envoyé des combattants rejoindre l'Irak dans les années 2000, avant d'être démantelée.

Coulibaly a rencontré Chérif Kouachi à Fleury-Mérogis en 2005. Les deux ex-détenus sont restés en contact, fréquentant des figures de la mouvance radicale.

Ils se sont retrouvés la nuit précédant la tuerie au journal satirique. Des centaines d'appels, passés en 2014, ont été recensés entre les téléphones de leurs épouses et le tueur de Charlie a envoyé un SMS à l'assassin de l'Hyper Cacher juste avant de passer à l'acte. Mais les enquêteurs n'ont pas pu exhumer le contenu des conversations. Comment se sont-ils coordonnés en échappant aux radars de l'antiterrorisme?

L'enquête suggère que des armes des Kouachi ont été fournies par Coulibaly, mais cela reste une hypothèse.

Les tueurs disposaient notamment de six pistolets Tokarev, d'un revolver des années 30, de fusils d'assaut, provenant de Slovaquie, de Russie, d'ex-Yougoslavie.

Une partie de l'arsenal a transité par la société de la compagne d'un proche des milieux d'extrême droite, Claude Hermant, détenu dans une affaire de trafic d'armes. Hermant, qui se présente comme un indicateur des douanes et des gendarmes, a assuré avoir fourni ces armes à un autre trafiquant présumé. Les deux hommes ne sont à ce stade pas poursuivis dans l'enquête.

Un autre réseau en Belgique intéresse les enquêteurs qui soupçonnent Coulibaly d'avoir troqué une Mini Cooper contre des armes. Mais la piste s'arrête là.

En France, sept hommes dans l'entourage de Coulibaly sont mis en examen, dont six écroués. Ils sont suspectés, à des degrés divers, d'avoir apporté une aide logistique, mais nient avoir eu connaissance du projet d'attentat.

L'attaque contre Charlie Hebdo a été revendiquée par Nasser Ben Ali al-Anassi, porte-parole d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), tué depuis par un drone américain au Yémen. Les Kouachi se sont réclamés de cette même organisation jihadiste, tandis que Coulibaly a invoqué le groupe Etat islamique (EI).

A l'instar des attaques du 13 novembre, le lien avec la Syrie a été établi, même si aucun des trois assassins ne semble s'y être rendu.

Les Kouachi avaient effacé toute trace informatique, mais plusieurs messages envoyés à Coulibaly depuis la zone irako-syrienne ("si possible trouver et travailler avec zigotos bien"...) dessinent le profil d'un donneur d'ordre, toujours pas identifié.

Est-ce lui ou un autre qui a mis en ligne la vidéo posthume de revendication de Coulibaly? Sollicité, le FBI a établi qu'elle a bien été diffusée depuis la Syrie à partir d'une adresse IP déjà utilisée par l'EI pour revendiquer la prise d'otages de deux Japonais, exécutés en janvier 2015, mais les Américains n'ont pas pu remonter plus loin.

Plusieurs têtes d'affiches du jihadisme français reviennent dans l'enquête. Boubaker El Hakim, de la filière des Buttes-Chaumont, un des mentors des Kouachi, a été tué en novembre par une frappe américaine en Syrie. Peter Cherif, autre ancien des Buttes-Chaumont et cadre d'Aqpa, a entretenu des échanges réguliers avec les deux frères au moins jusqu'en 2013. Enfin, Salim Benghalem, geôlier de l'EI, a croisé en 2010 Coulibaly au procès de l'évasion d'un auteur des attentats de 1995 et accompagné Chérif au Yémen en 2011.

 

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