Banlieues : les pannes à répétition des ascenseurs dans les cités font monter la tension

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 octobre 2016 - 14:50
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©Edwin&Kelly Tofslie/Flickr
Certains ascenseurs en panne mettent des mois à être réparés.
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Plusieurs collectifs se créent dans des banlieues parisiennes dont les habitants sont excédés de voir leurs ascenseurs en panne. Ils dénoncent des délais d'intervention longs, un manque de coopération des bailleurs sociaux et un sentiment global de "deux poids, deux mesures" les concernant.

Dans plusieurs villes de la banlieue nord de Paris, la révolte gronde contre les pannes d'ascenseur à répétition, qui rendent la vie impossible aux locataires HLM. Au point que certains ont décidé d'attaquer leur bailleur en justice.

Au quartier des Musiciens à Argenteuil (Val-d'Oise) comme à la cité de l'Europe à Aulnay-sous-Bois ou Paul-Eluard à Bobigny (Seine-Saint-Denis), c'est à chaque fois la même plainte, la même exaspération: des ascenseurs qui fonctionnent par intermittence ou sont à l'arrêt depuis plusieurs mois, des délais d'intervention trop longs et des réparations sans effet.

"Ca fait six mois qu'on est sans ascenseur. Je ne descends que quand je suis obligée. Ca me rend dépendante de tout le monde", fulmine Viviane Hemmerlé, 63 ans.

Cette locataire d'Argenteuil, invalide à 80%, a beau n'habiter "qu'au troisième", monter les escaliers est un "calvaire". A chaque palier, elle s'arrête pour reprendre son souffle.

Val-d'Oise Habitat, le bailleur, a dépêché des porteurs, mais "ils ne sont pas là tout le temps et moi je veux descendre faire mes courses quand j'en ai envie. On paie notre loyer, on veut notre ascenseur!", ajoute Mme Hemmerlé, qui a assigné l'office HLM pour préjudices moral et physique.

Pour le bailleur, qui s'est engagé à rembourser une partie des charges, ces pannes sont "dues à des actes d'incivilités et de vol de matériels, qui ont fait l'objet de dépôts de plainte". Et malheureusement, l'entreprise qui fournit les pièces détachées a fait faillite.

"On nous fait culpabiliser en disant que c'est du vandalisme. Ca peut arriver mais c'est toujours bénin", conteste Abdelmalik Ziouche. Lui n'est pas "le plus à plaindre: ma voisine du 5e, ça fait 6 mois qu'elle est pas descendue! Pourquoi on nous prend pas en considération? C'est humiliant et frustrant car on n'a aucun recours, on ne fait que subir", s'indigne ce quadragénaire.

A Bobigny, l'immeuble bas où vit Martine Fontaine n'a que quatre ans d'existence mais l'ascenseur est aussi capricieux que dans les tours voisines. Et pour cette handicapée, en fauteuil roulant, la vie est devenue impossible.

Cet été, l'appareil est resté immobilisé 45 jours. Et "ça recommence à débloquer. On nous raconte des baratins, comme quoi il faudrait 8 mois pour faire venir une pièce d'Espagne..."

Pour Mme Fontaine, 66 ans, "les ascenseurs, c'est la sécurité et c'est aussi la liberté, pour des gens comme moi, des personnes âgées, des femmes enceintes ou des enfants en bas âge, de pouvoir circuler comme ils ont envie et ne pas avoir toujours la peur au ventre en prenant l'ascenseur".

En mai, le chef de cabinet du maire de Bobigny a été blessé à la gorge par un habitant excédé que sa mère, âgée et malade, soit restée coincée dans l'ascenseur, après une énième avarie.

Mardi, des responsables d'amicales de plusieurs quartiers de Seine-Saint-Denis se sont constitués en collectif. Ils ont rencontré un avocat afin de réfléchir à la possibilité d'une action de groupe.

"Les habitants de Bobigny ne veulent ni plus ni moins que ceux de Neuilly-sur-Seine: jouir de leurs droits. La panne doit être l'exception, pas la règle", affirme Fouad Ben Ahmed, à l'origine de cette initiative.

"J'aime ma cité et vivre dans la dignité": à la cité de l'Europe d'Aulnay-sous-Bois, où les pannes d'ascenseurs viennent s'ajouter à une longue liste de problèmes, les habitants ont prévu de manifester mercredi 26 sous les fenêtres du bailleur, Emmaüs Habitat.

"Le but de la mobilisation est de dire à Emmaüs qu'on est des êtres humains, qu'ils arrêtent de nous prendre pour des rats ou des cafards qu'on met dans des boîtes d'allumettes", dit Mohammed Maatoug.

"Si on arrive pas à se faire entendre, prévient Georges Fresneau, le président de l'amicale des locataires, on gèlera les loyers puis on les attaquera en justice".

 

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