Bébés congelés : 20 ans requis contre la mère infanticide, Audrey Chabot
Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis ce vendredi 24 en appel devant les assises du Rhône à l'encontre d'Audrey Chabot, accusée d'avoir tué deux bébés, découverts dans son congélateur en 2013, après une première condamnation pour infanticide en 2002. "Je m'en remets à vous! Essayez de trouver la juste peine. Je vais en proposer une, je ne sais pas si c'est la bonne!, a lancé à la cour l'avocate générale Sophie Taupin, se refusant à "faire des comparaisons" avec d'autres affaires d'infanticides.
Jugée en récidive légale, cette serveuse de 36 ans, mère d'un adolescent, avait été condamnée en avril 2015 par les assises de l'Ain à 23 ans de réclusion, pour avoir noyé dans le bac à douche ses deux nouveau-nés, l'un en 2011, six jours après sa naissance, et l'autre en 2012. Une peine hors normes, comparée à d'autres condamnations pour infanticides, pour la défense. Mais qui résulte, selon elle, de sa condamnation, en 2005, à 15 ans de réclusion pour un premier infanticide qu'elle n'a en fait pas commis. Mais contre laquelle elle n'a pas fait appel. "Les choses sont un peu faussées car le curseur (de la première peine) était placé trop haut" en 2005, du fait que la mère de l'accusée avait étranglé le nouveau-né de son propre chef, a reconnu l'avocate générale.
Dans un réquisitoire empli d'empathie, Mme Taupin a souligné le "décalage entre la mère infanticide et la petite fille fragile", entre "l'être et le paraître" de cette fille de militaire, "travailleuse, souriante, serviable", mais aussi "profondément seule et malheureuse", "immature", "menteuse" et "qui subit" son entourage. "Si ses mensonges n'avaient pas existé, ça aurait pu changer la donne", a spéculé la magistrate, déplorant que l'accusée ait fait croire qu'elle respectait son suivi psychologique après ses huit ans de détention pour le premier infanticide.
"Elle a fait des choix raisonnés dont elle connaît les conséquences", a estimé Mme Taupin pour qui "ses grossesses n'étaient pas une fatalité et la mort des nourrissons non plus". "Mais elle n'a pas voulu l'envisager car elle a un rapport de possession avec ses enfants. Elle veut les garder à côté d'elle", a ajouté la magistrate qui a également requis 10 ans de suivi socio-judiciaire, et cinq ans de prison en cas de non respect du suivi. Mais pour Me Jean-François Canis, sa cliente a agi "par désespoir" et "n'avait pas la liberté de choix". "Je demande qu'elle soit jugée comme les autres! La peine qui doit être prononcée doit être bien inférieure à 10 ans", a-t-il plaidé. Verdict dans la soirée.
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