Calais : des lacunes dans la prise en charge des migrants évacués

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 02 mars 2016 - 16:20
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Les chiffres de l'association divergent par rapport à ceux du ministère de l'Intérieur.
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D'après une étude publiée ce mercredi par la Fnars, la plupart des migrants qui acceptent de quitter la "jungle" de Calais sont mal informés à leur arrivée dans les centres d'accueil et d'orientation (CAO). Par ailleurs, près de la moitié de ces derniers auront fermé d'ici à la fin de la trêve hivernale, s'inquiète le rapport.

Manque d'information faisant repartir les migrants et craintes pour l'après trêve hivernale: dans une étude publiée ce mercredi 2 mars, la Fnars pointe des dysfonctionnements dans le dispositif des centres d'accueil et d'orientation (CAO) mis en place pour les évacués de la "Jungle" de Calais. "Nous sommes clairement favorables au principe des centres de répit, c'est la seule solution opérationnelle pour les migrants de sortir de leurs conditions de vie dans la Jungle par le haut pour engager une démarche d'asile en France", a expliqué en préambule Florent Gueguen, le directeur général de la Fnars (Fédération nationale des associations de réinsertion sociale). Mais les CAO "montrent des dysfonctionnements qui peuvent être corrigés".

Le premier enseignement de cette étude menée en ligne auprès de 27 CAO (sur les 102 ouverts en France) est "le manque d'information fournie aux personnes qui acceptent de quitter la Jungle de Calais", trois quarts (78%) des associations ayant répondu jugeant que "les personnes sont mal informées à leur arrivée dans les centres". "Les gens montent dans les cars, ils ne savent pas où ils vont. Les centres sont prévenus au dernier moment de leur arrivée alors qu'il y a des gens malades", détaille Florent Gueguen, qui demande à ce qu'une "évaluation sociale et sanitaire soit menée" pour chaque candidat au départ. En conséquence, un quart environ des migrants quittent les centres rapidement après leur arrivée, "notamment pour rejoindre Calais" ou pour une destination inconnue, ajoute l'étude.

Des chiffres qui divergent par rapport à ceux du ministère de l’Intérieur. "Nous avons accueilli près de 3.000 personnes dans ces CAO depuis octobre" et "85% ont fait une demande d'asile en France", avait indiqué Bernard Cazeneuve mardi 1er au soir. Elément clé du dispositif mis en place face à la "Jungle" de Calais, ces centres ont été ouverts loin des côtes britanniques pour permettre aux migrants de réfléchir à une demande d'asile en France.

Mais la durée de séjour varie "de quelques jours à plus de quatre mois", souligne l'étude. Et malgré ces départs précoces, "88% des CAO indiquent que la durée moyenne est supérieure à un mois et 65% d’entre eux qu’elle est supérieure à deux mois", précise la Fnars, en rappelant que les décrets encadrant le dispositif ciblaient une durée de séjour d'un mois.

La Fnars s'inquiète également de l'avenir des migrants au delà du 31 mars, puisque "près de la moitié des CAO ayant répondu au questionnaire auront fermé d’ici la fin de la trêve hivernale". Huit CAO "indiquent que la date de fermeture du centre a soit été retardée soit est encore inconnue et dépendra de la commande publique".

C'est une "épée de Damoclès" qui pèse sur le système, avec "un risque de reconstitution de campement, à Grande Synthe, à Calais, à Paris aussi", estime Laurent Gueguen. "Il faut impérativement que l'Etat reconstitue ces places au printemps", ajoute-t-il, car "s'il y a des fermetures avec remise à la rue, l'effet sera catastrophique". De plus "parmi les personnes qui ne devraient pas séjourner dans les CAO mais devraient être orientées vers un hébergement ou un logement adapté, on trouve également des mineurs isolés étrangers et des réfugiés statutaires", ajoute l'étude.

L'étude note toutefois que "83% des associations considèrent que les relations avec la préfecture sont satisfaisantes et indiquent travailler en collaboration avec cet acteur".

 

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