Carcassonne : marginal et déséquilibré, le djihadiste voulait mourir "en martyr"

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RT
Publié le 17 juin 2016 - 14:03
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Un djihadiste de l'Etat islamique.
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Au siège de la DGSI, le jeune homme avait exprimé des sympathies pour le "califat" fondé par Daech.
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Quelques jours après l'arrestation d'un djihadiste à la gare de Carcassonne, on en sait un peu plus sur sa personnalité dérangée. Ayant grandi à Lunel, le "Molenbeek de l'Hérault", ce jeune homme hébergé le plus souvent en foyers de sans-abri voulait venger "les souffrances de ses frères continuellement bombardés en Irak et en Syrie par la coalition internationale" en mourant en "martyr" sur le territoire national, selon son avocat.

Il voulait "égorger les mécréants américains et russes". Lundi 13 au soir, un jeune homme de 22 ans armé d'un couteau et d'un petit marteau a été arrêté par la Direction générale de la surveillance intérieure (DGSI) à la gare de Carcassonne (Aude) alors qu'il projetait de s'en prendre à des touristes et prévoyait un attentat contre les forces de l’ordre et des militaires. Selon une source proche de l'enquête, ce Français radicalisé en 2014 souffre d'antécédents psychiatrique et a été diagnostiqué "schizophrène".

Le suspect a grandi à Lunel, ville réputée pour avoir été le berceau d'une dizaine de djihadistes français et tristement surnommée le "Molenbeek de l'Hérault". Solitaire, le jeune homme qui n'a jamais connu son père, est décrit par son entourage comme un marginal, instable et impulsif, hébergé le plus souvent en foyers de sans-abri. En 2012, après avoir vécu dans plusieurs villes du sud, il s'installe à Lisle-sur-Tarn (Tarn) où il se radicalisera plus tard par le biais d'Internet, sur Facebook et, surtout, Telegram, une messagerie couramment utilisée par les djihadistes de Daech.

Evoquant dans une interview à La Dépêche du Midi un homme "désoeuvré sur plusieurs plans (familial, social, professionnel), trouvant sur les réseaux sociaux une seconde famille", son avocat raconte qu'il "se serait radicalisé dans cette situation d'isolement, vivant sans lien social".

Son obsession djihadiste est motivée par l'intervention occidentale en Syrie et en Irak. "En accomplissant les actes pour lesquels il a été interpellé, il a la sensation de venger les souffrances de ses frères continuellement bombardés en Irak et en Syrie par la coalition internationale et plus précisément par les Russes et les Américains", analyse Me Jocelyn Momasso Momasso. "A défaut de pouvoir se rendre en Syrie, faute de moyens financiers, pour combattre aux côtés de ses +frères+ et mourir en martyr, il a décidé de poursuivre son combat sur le territoire national", poursuit-il, expliquant au Monde que le jeune homme, toujours en contact avec des Lunellois partis en Syrie, "regardait des vidéos de décapitation et en rêvait la nuit".

Mais ses interventions menaçantes sur les réseaux sociaux ne tardent pas à attirer l'attention des enquêteurs. En 2015, il est convoqué pour un entretien administratif à la DGSI au cours duquel il admet des sympathies pour le "califat" fondé par Daech. Placé sous le coup d'une fiche S pour sûreté de l'Etat, il est assigné à résidence pendant trois mois après les attentats de novembre. Lundi 13, "sur la base de renseignements et compte tenu de la crainte d'un passage à l'acte imminent", le parquet de Paris ouvre en urgence une enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". 

Les policiers n'ont aucune peine à repérer le frêle jeune homme vêtu d'un jean et d'un sweat à capuche endormi à la gare de Carcassonne. Placé en garde à vue au commissariat central de Toulouse, il confirme rapidement les craintes des services antiterroristes, reconnaissant avoir reçu un appel d'un émir français basé en Syrie à passer à l'acte pendant le ramadan.Il admet également s'être rendu à Carcassonne pour y faire des repérages et localiser des bus de touristes et avoir voulu fomenter un attentat contre les forces de l'ordre et des militaires. "Pendant les heures d’audition, je n’ai pas eu l’impression d’avoir affaire à quelqu’un de fou. J'ai rencontré un jeune homme très déterminé. Mais il a affiché une réelle volonté de s'expliquer sur son parcours et sur les faits eux-mêmes", raconte son avocat. Transféré jeudi 16 à Levallois-Perret au siège de DGSI chargée de l'enquête, le suspect pourrait y rester jusqu'au terme de sa garde à vue, ce vendredi 17 au soir.

 

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