"Chemise arrachée" : ambiance houleuse au premier jour du procès

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 septembre 2016 - 18:35
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Les images avaient fait le tour du monde et écorné la réputation du dialogue social en France.
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Le premier jour du procès de la "chemise arrachée" par des manifestants lors d'un mouvement de grève à Air France s'est déroulé dans une ambiance houleuse. Quinze personnes, dont des syndicalistes, sont poursuivis.

Applaudissements, protestations, prises de becs entre avocats: le procès de 15 salariés d'Air France, jugés pour l'épisode de la "chemise arrachée" du DRH, s'est ouvert mardi dans une ambiance houleuse, obligeant le président à des rappels à l'ordre.

L'audience correctionnelle, qui s'étale sur deux jours, a débuté vers 09H00 dans une salle comble avec l'appel des quinze prévenus. Cinq sont poursuivis pour "violences en réunion" et dix pour "dégradations".

Les faits, qui avaient eu un retentissement international et terni un peu plus la réputation française en matière de dialogue social, s'étaient produits le 5 octobre 2015, en marge d'une manifestation contre un projet de restructuration d'Air France visant à supprimer 2.900 emplois pour redresser sa compétitivité.

Après avoir forcé le portail d'accès au siège de la compagnie aérienne à Roissy, une centaine de manifestants avait envahi la salle où la direction était en train de présenter le plan en comité central d'entreprise.

Le directeur des ressources humaines Xavier Broseta et celui de l'activité long courrier, Pierre Plissonnier, avaient été malmenés lors d'un mouvement de foule, de même que certains des vigiles assurant leur protection. Puis, alors qu'ils tentaient de fuir, leurs chemises avaient été arrachées par la foule hostile, massée à l'extérieur du bâtiment.

Les images des deux cadres fuyant sous les huées, torse nu et chemises en lambeaux, ont fait le tour du monde. Certaines ont été visionnées lors de l'audience. Sur l'une, on y entend distinctement un salarié menacer M. Broseta: "tu as des millions en poche, tu vas payer, tu fais moins le malin maintenant".

Venus en force, les soutiens des prévenus ont applaudi Me Lilia Mhissen, particulièrement pugnace face aux six avocats des parties civiles. "Baveux", persifle un salarié alors qu'un avocat d'Air France cuisine l'un de ses collègues à la barre.

"Pas de manifestations, de protestations, sinon j'évacue la salle: on n'est pas au spectacle, ici!", avertit le président de la 14e chambre.

Les rappels à l'ordre se multiplient, y compris à l'égard des avocats: "vous n'allez pas vous chamailler, vous aussi!", soupire le président.

Après l'examen d'une demande de renvoi, finalement rejetée, les débats ont porté dans la matinée sur la destruction du portail d'accès au siège de la compagnie, qui était cadenassé le jour de la manifestation.

Le fait que cette grille, ouverte en temps normal, ait été fermée ce jour-là a-t-il pu être ressenti comme une provocation par les manifestants qui avaient déboulé dans le siège en criant "on est chez nous"?

Pour Air France, il était normal qu'elle le soit puisque la manifestation était prévue sur la voie publique et non sur le parvis du siège. Un tract de l'intersyndicale en atteste. Problème: un autre tract, de FO et de la CGT, appelait, lui, à un rassemblement sur le parvis.

A l'extérieur, quelque 300 personnes étaient rassemblées mardi, principalement des militants CGT venus de divers secteurs (métallurgie, énergie, douanes, rail...) et villes (Le Havre, Dieppe...).

L'intersyndicale d'Air France a également appelé à une grève qui "n'avait aucun impact sur l'activité", a indiqué une porte-parole de la compagnie.

La CGT, qui compte plusieurs membres parmi les prévenus, veut transformer cette journée en tribune pour "les libertés syndicales". Cinq de ses adhérents, dont un représentant du personnel, ont été licenciés après ces incidents.

Pour Mahchid Modjaverian, militante CGT et employée d'Emirates France, "on assiste à la criminalisation de l'action syndicale" avec Air France et Goodyear notamment. "Le droit de manifester est gravé dans le marbre de la Constitution, on ne peut pas nous le prendre!"

"Je constate que, sous un gouvernement qui se dit +de gauche+, la répression n'a jamais été aussi forte", a accusé Reynald Kubecki, co-secrétaire de l'union locale CGT du Havre.

 

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