Créteil : une femme jugée pour tentative d'assassinat sur son mari, un élu local

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 03 mai 2016 - 20:56
Laurence Vulsin est jugée à Créteil à partir de ce mardi pour tentative d'assassinat en 2011 sur son époux.
A Créteil s'est ouvert ce mardi le procès de Laurence Vulsin, 48 ans. Jugée pour tentative d'assassinat en 2011 sur son époux, un élu local, elle a enchaîné les mensonges devant le président du tribunal.

Elle laisse dire, omet, romance... et reconnaît parfois, à court d'arguments, un mensonge. Laurence Vulsin est jugée depuis ce mardi 3 à Créteil pour une tentative d'assassinat en 2011 sur son mari, élu local, qu'elle avait attendu vêtue de noir, tapie dans l'ombre, revolver à la main. Mains croisées sur son pull en cachemire beige, elle raconte son enfance en détail. Voix claire, vocabulaire sophistiqué, tout y passe, du plus fondamental - mort du père avant sa naissance - au plus anodin - "problèmes ORL", "redoublement en sixième". S'enchevêtrent vie familiale et parcours scolaire, d'où l'on déduit que l'accusée, après son bac, a passé deux ans en droit, avant de suivre une formation d'attachée de presse.

Premier accroc: le bac, qu'elle n'a pas, selon le président du tribunal. "J'ai passé mon bac !", s'offusque-t-elle en jouant sur les mots. Avant de reconnaître ne pas l'avoir validé, tout en bénéficiant par la suite d'un faux document. Qu'a-t-elle fait ensuite ? "Deux ans de droit à la fac d'Assas" à Paris, prétend-t-elle. Le président la reprend : "Une première année de capacité, que vous avez interrompue." "Oui, mais je l'ai faite deux fois", rétorque-t-elle. Quant à l'école d'attaché de presse, elle l'a aussi rapidement abandonnée. Poussée par le président, elle concède enfin : "Non, je n'ai pas de diplôme..."

Que penser, dès lors, des "19 fausses couches" qu'elle dira avoir subies et de la ribambelle de maladies dont elle aurait été victime : sciatiques, hépatite virale, dyslexie, amnésie ? Et de son addiction aux médicaments ? De ses multiples tentatives de suicide ? De celle de son fils "hyperactif" à 11 ans ? De l'anorexie de sa fille ?

Surtout qu'elle s'enfonce encore quand elle affirme à la barre avoir subi "une ablation des seins" en 2010, à cause d'un cancer diagnostiqué dix ans plus tôt, qui aurait récidivé à quatre reprises. Un quart d'heure d'audition plus tard : une "tumeur cancéreuse" aurait bien été retirée en 2001 à l'occasion d'"une réduction mammaire", avec un suivi médical certes, mais ni cancer, ni récidives, ni mastectomie. Quant à l'opération de 2010, il s'agissait d'implants... "Je faisais croire à mon mari que j'étais opérée pour des tumeurs alors que c'était... de la chirurgie esthétique", bredouille-t-elle. "J'avais peur qu'il me quitte", ajoute-t-elle, affirmant que ce dernier allait alors voir des prostituées "avec des gros seins". "Je me disais: +Peut-être que mes seins ne suffisent pas ?+"

C'est pourtant lui qu'elle aurait voulu "éliminer" à peine un an plus tard: Christian Honoré, élu municipal (divers droite) de Valenton, dans le Val-de-Marne. De ce second mari rencontré en 1995 à un meeting d'Edouard Balladur, l'ancienne "responsable départementale des jeunes giscardiens" dresse le portrait d'un homme dépressif et violent, contre lequel une procédure de divorce avait été entamée. Elle parle aussi de "viols". Les derniers mois, il n'aurait "acheté de la nourriture" que pour lui et les deux derniers enfants du couple, laissant l'accusée et ses deux filles aînées, issues de son premier mariage et qu'il avait pourtant adoptées, "manger les restes". Une ambiance "à couper au couteau", résume cette femme de 48 ans.

Dans cette nuit du 14 au 15 juin 2011, prévue pour son passage à l'acte, elle avait été arrêtée en chaussettes, veste épaisse, cagoule, casque de moto et gants d'examen en latex. Pas vraiment le costume de "Catwoman", son surnom médiatique. Jugée sous contrôle judiciaire aux côtés de deux anciens policiers, Michel Gallière, 47 ans, et Jean-Noël Naturel, 53 ans, accusés de complicité, elle reconnaît avoir voulu tuer son mari, mais affirme avoir renoncé au dernier moment. Au cours de cette première journée, celle qui dit avoir perdu "60 kilos" en quatre ans déclarera l'air de rien : "Quand on ment, on essaye de tenir son mensonge, jusqu'au moment où on arrête et où on dit la vérité."

 

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