"Délit de solidarité" aux réfugiés : les bénévoles se mobilisent

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 05 février 2017 - 16:03
Image
Cédric Herrou.
Crédits
©Capture d'écran YouTube
La justice rendra son verdict vendredi 10 sur le cas de Cédric Herrou, qui a aidé des migrants près de la frontière franco-italienne.
©Capture d'écran YouTube
Alors que le procès de Cédric Herrou, agriculteur de 37 ans jugé pour avoir aidé des migrants près de la frontière italienne, est prévu vendredi, les collectifs et autres associations vont multiplier leurs actions de soutien toute la semaine. Un grand rassemblement est notamment prévu à Paris jeudi.

"Une tentative d'effroi": à l'approche du jugement de Cédric Herrou, associations et bénévoles se mobilisent contre le "délit de solidarité" et plus largement la suspicion jetée selon eux sur le soutien aux migrants.

Cédric Herrou, agriculteur de 37 ans, a été jugé le 4 janvier à Nice pour avoir aidé des migrants près de la frontière franco-italienne. Le procureur a requis huit mois de prison avec sursis, et le verdict est attendu vendredi 10.

En amont, un collectif de 350 organisations associatives et syndicales compte multiplier les actions la semaine prochaine, avec des rassemblements annoncés à Lille mercredi 8, place de la République à Paris jeudi 9 et à Nice vendredi 10.

"On assiste depuis plusieurs mois à la recrudescence de cas où la solidarité est considérée comme un délit", déplorent ces associations (dont le Secours catholique, la Ligue des droits de l'Homme et la Fondation Abbé Pierre), dans une pétition "délinquants solidaires" lancée mi-janvier.

Au cœur de leurs inquiétudes, le "délit de solidarité", en référence aux poursuites engagées sur la base du texte punissant "toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d'un étranger en France".

Le syndicat de la magistrature s'est récemment alarmé de cette situation. L'autorité judiciaire "protège les personnes vulnérables" et "ne peut, sans nuire à sa mission, pourchasser celles et ceux qui, sensibles à la détresse d'autrui, leur apportent leur aide", a estimé sa présidente Clarisse Taron dans une lettre au procureur de Nice.

Sur le sujet, le ministre de l'Intérieur Bruno le Roux assurait début janvier que "quand il n'y pas de contrepartie, quand on ne fait pas ça pour la recherche d'un bénéfice, alors il n'y a pas de délit de solidarité". Tous les cas portés en justice "sont ceux pour lesquels nous pensons que la loi n'est pas respectée et que cela a favorisé l'accès à des réseaux de passeurs".

Mais depuis quelque temps "des poursuites ont commencé d'être menées sur la base de textes sans rapport avec l'immigration" assure Claudia Charles du Gisti, qui cite la réglementation en matière d'urbanisme, le délit "d'entrave à la circulation d'un aéronef".

Au total, "plus de 25 personnes sont aujourd'hui poursuivies pour leur solidarité avec les migrants", affirme le collectif parisien de soutien aux exilé-e-s (CPSE).

A la frontière franco-italienne "l'objectif de dissuader prime sur toute considération", affirme Jean-François Dubost d'Amnesty International France, qui a dépêché une mission d'observation dans la vallée de la Roya et publiera mercredi 8 des conclusions qui s'annoncent très critiques sur le respect des droits.

"La police aux frontières fait son travail de contrôle", dit-on à l'Intérieur, en assurant que "la politique de surveillance du domaine public ne vise pas les migrants en tant que tels".

A Paris, ce sont les confiscations de couvertures qui ont suscité l'émotion, en pleine vague de froid. Bruno Le Roux a défendu le travail de "mise à l'abri des policiers". Mais "on a constaté une hausse des violences policières depuis fin décembre", estime Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde, pour qui "il ne faut pas que la violence devienne la norme".

Procès et violences policières "sont les deux facettes d'une même histoire", estime pour sa part Gwen Mallauran, jugée jeudi 9 pour "outrage" au préfet de région lors d'une évacuation de campement parisien: "On essaie de rendre les gens invisibles".

Autre bénévole poursuivi pour "rébellion et violence sur personne dépositaire de l’autorité publique" après avoir été relaxé de l'accusation d'"organisation de manifestation illicite", Houssam El-Assimi en est convaincu: "On est dans une tentative d'effroi".

Dans des termes entiers, il dénonce "une politique raciste visant les migrants", et en veut pour preuve les interventions policières qui "ont trois buts: entraver les démarches, dégoûter les gens de demander l'asile et constituer les migrants en population dangereuse".

À LIRE AUSSI

Image
Un rassemblement pour soutenir Cédric Herrou.
Nice : Cédric Herrou jugé pour avoir aidé des migrants
Le procès de Cédric Herrou, jugé pour avoir aidé des migrants près de la frontière franco-italienne, s'ouvre ce mercredi à Nice. C'est l'installation sans autorisation...
04 janvier 2017 - 15:37
Société
Image
Cédric Herrou.
Aide aux migrants : Cédric Herrou à nouveau placé en garde à vue
Pour avoir aidé des migrants à l'automne, l'agriculteur Cédric Herrou risque huit mois de prison avec sursis. L'homme de 37 ans a de nouveau été placé en garde à vue p...
19 janvier 2017 - 11:57
Société
Image
Cédric Herrou.
Aide aux migrants : interpellation du frère de Cédric Herrou et d'une militante
Au lendemain de la nouvelle interpellation de Cédric Herrou, son frère et une militante du collectif d'aide aux migrants "Roya Citoyenne", ont été arrêtés et placés à ...
20 janvier 2017 - 13:32
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.