Emeutes de Moirans : le jugement attendu sur fond de reproches de laxisme

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 28 septembre 2016 - 10:23
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Des voitures brûlées en Isère.
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©Xavier Vila/Sipa
Le parquet n'a réclamé des peines de prison ferme qu'à l'encontre de trois des 12 accusés.
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Le tribunal correctionnel de Grenoble doit rendre ce mercredi sa décision concernant les émeutes de Moirans d'octobre 2015. Des peines, jugées laxistes par les parties civiles, allant jusqu'à 14 mois de prison ferme ont été requises par le parquet suite à ces violences et dégradations dont le préjudice est estimé à 400.000 euros.

Ils risquent jusqu'à dix ans de prison mais le parquet n'a pas réclamé plus de 14 mois ferme: les douze prévenus des violentes émeutes de Moirans (Isère) à l'automne 2015, à l'origine d'une vive polémique, seront fixés sur leur sort ce mercredi 26.

Le jugement est attendu à 14h au tribunal correctionnel de Grenoble. Jeudi au dernier jour du procès, le vice-procureur Michel Coste n'avait requis de peine ferme qu'à l'encontre de trois d'entre eux, réclamant du sursis pour les neuf autres. La plupart niant les faits.

Le "visage de Marianne", symbole de la République, a été "bafoué" et "sali" lors de ce jour d'émeutes, avait lancé le magistrat dans un réquisitoire salué pour sa "mansuétude" par la défense mais critiqué pour son "laxisme" par les parties civiles.

Le 20 octobre 2015, plusieurs dizaines d'émeutiers avaient incendié des pneus, palettes et voitures sur une route départementale et bloqué la ligne SNCF Lyon-Grenoble en y jetant des voitures brûlées. Ils protestaient contre le refus d'un juge d'autoriser la sortie de prison de Mike Vinterstein, 24 ans, appartenant à la communauté des gens du voyage, pour assister aux obsèques de son frère de 17 ans.

Il avait fallu de longues heures aux forces de l'ordre pour rétablir le calme et aucune interpellation n'avait eu lieu le jour des faits, ce qui avait valu au gouvernement d'être taxé de "laxisme" par l'opposition. Trente-cinq véhicules avaient été incendiés et 257 trains retardés ou annulés, pour un préjudice total évalué à plus de 400.000 euros.

Âgés de 18 à 58 ans, les douze suspects (trois femmes et neuf hommes) ne sont pas tous membres de la communauté des gens du voyage, la moitié étant issus de quartiers de Moirans ou des communes avoisinantes.

Seuls quelques-uns ont reconnu leur participation aux violences, dont la plus âgée, Thérèse Cornero, une petite retraitée aux cheveux courts, grand-mère de trois petits-enfants. "J'avais la rage, la haine, je vous le dis franc!", a-t-elle dit à la barre durant l'audience.

Djovani Roussalino, 24 ans et onze condamnations sur son casier judiciaire, a lui aussi fini par avouer lors du procès, après avoir longuement nié. "Je me suis mis dans la foule, j'ai fait un peu le con, j'ai fait n'importe quoi", a reconnu ce père de deux enfants, qui ne sait ni lire ni écrire.

Pour les autres, l'identification s'est avérée extrêmement ardue, les émeutiers étant presque tous cagoulés et gantés. Certains ont été confondus grâce à leurs vêtements. D'autres par des traces ADN ou des témoignages. Mais beaucoup n'ont jamais été retrouvés (ils étaient au moins une cinquantaine le jour des faits).

"Au bout du compte, on a douze prévenus dans le box sur cinquante émeutiers! C'est ça l'idéal de Marianne?", avait pointé Me Karine Bouden, avocate de la défense lors de sa plaidoirie.

Dans une affaire similaire, dix personnes de la communauté des gens du voyage, soupçonnées d'avoir bloqué l'autoroute A1 fin août 2015 près de Roye (Somme), avaient été condamnées à des peines allant jusqu'à 18 mois de prison ferme, et deux avaient été relaxées. Le parquet avait alors requis des peines allant jusqu'à trois ans ferme.

 

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