Gironde : l'ancien gérant de club libertin condamné à de la prison ferme pour "abus de faiblesse"

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 06 octobre 2016 - 11:30
Image
Une allégorie de la Justice.
Crédits
©Damien Meyer/AFP
Philippe Lamy a été condamné pour "abus de faiblesse, agressions sexuelles et exercice illégal de la médecine".
©Damien Meyer/AFP
Un ancien dirigeant de club libertin a été condamné à cinq ans de prison, dont un avec sursis, pour avoir placé sous son emprise mentale des femmes dépressives ou gravement malades.

Philippe Lamy, ex-gérant d'un club libertin à Listrac-Médoc (Gironde), a été condamné en correctionnelle mercredi 5, à Libourne, à cinq ans de prison dont un avec sursis pour "abus de faiblesse, agressions sexuelles et exercice illégal de la médecine", après avoir placé sous "emprise mentale" trois femmes, dont l'une atteinte d'un cancer.

Dans sa décision, le tribunal correctionnel est allé au-delà des quatre ans dont un avec sursis requis par le procureur de la République, Christophe Auger.

La présidente du tribunal, Cécile Baudot, a décrit le "même processus d'emprise" et d"esclavagisme" infligé, entre septembre 2012 et juin 2014, à ces femmes malades et vulnérables. L'une était traitée pour un cancer de la thyroïde et les deux autres pour dépression au moment des faits.

"Gélules magnétisées", "sang de poulet", séances de spiritisme assorties de "rapports sexuels forcés", "isolement des victimes", le prévenu a suivi, selon les témoignages concordants de ses accusatrices, le même mode opératoire pour chacune d'elles. Sa "stratégie" consistait à s'immiscer dans leur vie jusqu'à en prendre totalement le contrôle, ont-elles expliqué.

La première raconte comment, "au départ, elle est séduite et lui fait confiance". Mais "ensuite, ça s'est dégradé". Elle décrit dans le détail des rapports sexuels particulièrement violents.

"Je conteste! C'était une relation naturelle, un jeu de rôles", lance Philippe Lamy.

Guy Veillon, ostéopathe et compagnon de la victime, lui, est cité à la fois comme victime du "gourou" et co-prévenu pour avoir commandé pour Lamy, les gélules censées guérir ses "patientes". Il affirme avoir agi sous "son emprise mentale". "Petit à petit, Lamy a pris de plus en plus de place", "moins j'avais de discernement, plus je m'enfonçais".

Le tribunal a relaxé Guy Veillon contre lequel le procureur avait requis huit à dix mois de prison avec sursis.

"Je ne comprends pas pourquoi ils ont inventé tout ça. Il n'y a jamais eu de violence, je n'ai jamais forcé qui que ce soit, c'est eux qui sont venus à moi", s'est défendu Philippe Lamy.

Sa deuxième victime explique devant les juges comment le "gourou" l'a persuadée de suspendre son traitement contre le cancer au point de mettre sa vie en danger. Elle évoque les humiliations sexuelles et la vente de sa maison sous la pression du magnétiseur: "J'étais devenue une marionnette."

Philippe Lamy, lui, assure qu'il y avait un "amour réciproque" entre eux. La victime proteste: "Il n'y avait pas du tout d'amour", "j'étais terrorisée, sous-alimentée et épuisée par la maladie. Ce personnage ne doit plus être dehors".

La troisième victime évoque en pleurs sa tentative de suicide après "l'enfermement", les violences physiques jusqu'à "l'étranglement" et la rupture forcée avec ses enfants que l'accusé lui inflige entre 2012 et 2014.

Me Daniel Picotin, qui représentait les trois victimes, parties civiles, a décrit Philippe Lamy comme un "gourou capable de mettre sa victime sous emprise mentale en cinq minutes", mettant en garde contre "la dangerosité de ce type de délinquance astucieuse".

Après l'énoncé de la décision des juges, l'avocate de Philippe Lamy, Me Maud Sècheresse, s'est déclarée "très déçue": "Le tribunal a délibéré toute suite et en très peu de temps".

 

À LIRE AUSSI

Image
Violences sexuels Stop au déni
Violences sexuelles : en France, 81% des victimes sont mineures (VIDEO)
Selon l’enquête "Impact des violences sexuelles de l'enfance à l'âge adulte" réalisée par l’association Mémoire traumatique et victimologie, avec le soutien de l’Unice...
01 mars 2015 - 16:25
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.