Gironde : une unité de recherche pour étudier et prévenir "le passage à l'acte dangereux"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 octobre 2016 - 21:08
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Institut psycho-judiciaire Gironde
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©AFP/Archives / DERRICK CEYRAC
L'établissement fut pionnier dans la prise en charge de personnes dangereuses.
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En Gironde, l'hôpital psychiatrique de Cadillac inaugurera mardi l'Institut psycho-judiciaire (IPJ), première unité de recherche en France sur "le passage à l'acte dangereux". Ce collège d'experts "a vocation à produire et diffuser des connaissances sur la dangerosité", pour répondre à "un besoin fort d'information pour tous les acteurs de la chaîne pénale et clinique".

L'hôpital psychiatrique de Cadillac (Gironde), où une infirmière fut violemment agressée par un patient et secourue in extremis le 31 décembre 2014, inaugure mardi 4 l'Institut psycho-judiciaire (IPJ), première unité de recherche en France sur "le passage à l'acte dangereux". L'établissement -- construit au XIè siècle dans une bastide de la rive droite de la Garonne pour héberger les nécessiteux -- fut pionnier dans la prise en charge de personnes dangereuses, en accueillant dès 1838 ses premiers malades mentaux, puis en 1963 une des premières unités pour malades difficiles (UMD) en France.

Les comportements de ce type de patients potentiellement dangereux, recensés dans tout le territoire national, seront désormais scrutés à la loupe par le nouvel IPJ de l'hôpital girondin. Ce collège d'experts "a vocation à produire et diffuser des connaissances sur la dangerosité", pour répondre à "un besoin fort d'information pour tous les acteurs de la chaîne pénale et clinique", explique à l'AFP Jean-Pierre Bouchard, le clinicien à l'origine du projet. L'initiative est accueillie "très favorablement" par Françoise Gambachidze, vice-présidente du tribunal de grande instance (TGI) de Bordeaux: "La dangerosité est un critère fondamental dans l’élaboration de la décision des juges, alors même que le citoyen n'accepte plus qu'un individu évalué comme +dangereux+, ou potentiellement dangereux, ne soit pas neutralisé", explique cette magistrate.

"Or les nouvelles formes de criminalité comme le terrorisme djihadiste relancent le débat sur l'évaluation de la dangerosité et sa prévention", ajoute-t-elle. "Pour le citoyen, si une personne est +fichée S+ c'est qu'elle est dangereuse, alors comment peut-on évaluer cette dangerosité s'il n'y a jamais eu de passage à l'acte et comment la prévenir"? Une interrogation qui conforte le fondateur de l'IPJ dans l'idée que "le besoin de connaissances en la matière s'impose plus que jamais, avec l'émergence de criminalités nouvelles", dans la rue, à l'école, dans les prisons ou en milieu hospitalier. "Autrefois, par exemple, les terroristes visaient des cibles symboliques et Ravaillac n'était réellement dangereux que pour Henri IV, explique ce psychologue-criminologue. Mais, aujourd'hui, on observe un terrorisme de proximité et de masse, qui s'en prend à des anonymes". Il faut donc essayer de comprendre ces formes de violences inédites.

Pour autant, l'IPJ n'a pas vocation à s'intéresser exclusivement aux criminalités nouvelles ou aux plus médiatisées, précise l'expert, "car les homicides ne sont pas les crimes les plus fréquents". Le tout premier séminaire de l'IPJ, qui se réunira en novembre, s'intéressera aux violences sexuelles et plus particulièrement à "l'injonction de soins" pour leurs auteurs. Le nouveau laboratoire de Cadillac entend identifier les facteurs et les indicateurs psychopathologiques de la dangerosité, "pour prévoir et donc prévenir les passages à l'acte". "Il travaillera pour et avec des cliniciens et magistrats, sur le diagnostic et le pronostic, notamment en matière de récidive ou de réinsertion", résume son directeur.

Mais une des spécificités de cette structure originale tient au fait qu'elle s'intéresse aussi aux victimes, pour "mieux évaluer les traumatismes, et améliorer la prise en charge et les réparations" tant dans le domaine clinique que judiciaire. Dans "ce champ immense de recherche", le Dr Bouchard est convaincu que "les échanges de retours d'expérience des professionnels de terrain vont amener une fiabilité supplémentaire à la recherche".

La liste des professionnels concernés est très ouverte: médecins, paramédicaux, psychologues, travailleurs sociaux, magistrats, avocats, experts judiciaires, personnels pénitentiaires, enquêteurs de police et de gendarmerie. "L’intérêt de ce projet est effectivement de permettre le décloisonnement entre les divers professionnels, structures, institutions confrontés à la dangerosité et aux sujets qui y sont associés", selon la vice-présidente du TGI de Bordeaux. La magistrate souligne toutefois que "son succès dépendra essentiellement de la rigueur scientifique des travaux".

 

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