Goodyear : les prévenus contestent la séquestration de deux cadres

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 octobre 2016 - 16:23
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Goodyear CGT grève 4.01.2016
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Les ex-salariés de l'usine Goodyear ont contesté ce mercredi à la barre avoir séquestré deux cadres de l'entreprise pendant 30 heures.
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"Je ne leur ai jamais dit qu'ils ne pouvaient pas sortir!": les ex-salariés de l'usine Goodyear ont contesté ce mercredi à la barre avoir séquestré deux cadres de l'entreprise pendant 30 heures lors de leur procès en appel à Amiens où des milliers de personnes sont venues les soutenir.

Poursuivis pour "séquestration et violences en réunion", les huit ex-salariés, dont cinq de la CGT, avaient été reconnus coupables en première instance et condamnés à 24 mois de prison dont neuf ferme. Comme en première instance, le procès se déroule sans plaignant: Goodyear a retiré sa plainte, comme les deux cadres concernés.

Cette fois, "vous allez vous rendre compte que pour aucun d'entre eux, il n'existe la moindre preuve, le moindre élément objectif pour établir qu'il ait eu à être associé à des événements qualifiables de séquestration. Et on va obtenir la relaxe", a affirmé l'avocat des salariés, Me Fiodor Rilov, avant l'audience. Goodyear "Aujourd'hui (mercredi) y'a pas à discuter: c'est la relaxe ou rien!", a lancé à son arrivée Mickaël Wamen, l'un des prévenus et figure emblématique du "combat" des Goodyear.

Après l'ouverture du procès à 09H15, quatre des huit ex-salariés se sont relayés à la barre pour donner leur version des faits. Les 6 et 7 janvier 2014, le directeur des ressources humaines et celui de la production avaient été retenus pendant une trentaine d'heures dans les locaux de l'usine de pneumatiques occupée par quelques dizaines d'ouvriers en colère après l'annonce de la fermeture de cette entreprise de quelque 1.143 salariés.

"Séquestration? Je n'aime pas le mot. A aucun moment, je n'ai entravé leur liberté de se lever et de partir, je n'ai rien entravé du tout", a assuré Reynald Jurek, l'un des prévenus. Mais, les salariés "étaient en train de perdre leur emploi, c'était tendu, c'est sûr, on n'était pas en train d'applaudir la direction!", a-t-il reconnu. "Je ne les ai jamais empêchés de sortir. Je n'explique pas pourquoi ils ne se sont pas levés et ils ne sont pas partis", a affirmé Emmanuel Andrieux, un autre prévenu, admettant que les deux cadres ont pu être "impressionnés".

"Quand on vient annoncer à des gens qu'ils vont perdre leur emploi, je dis qu'on peut avoir peur, j'imagine que ces deux gens-là ont été impressionnés par leurs propres ouvriers", a-t-il affirmé.

Dans le public : Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) est arrivé discrètement à 11H00. "Ce qui se joue ici est crucial", a-t-il dit avant d'entrer dans le prétoire. Le leader de la CGT Philippe Martinez est attendu vers 16H00. A l'extérieur du tribunal : 10.000 personnes selon un responsable CGT, quelque 5.000 selon la préfecture, étaient rassemblées. Klaxon, mégaphone et cris des manifestants ont résonné dans la salle d'audience. "Salariés licenciés, ça va péter!", "Relaxez nos camarades", pouvait-on notamment entendre.

Une bonne partie de la gauche non gouvernementale s'est retrouvée dans la capitale picarde, où François Ruffin, l'auteur de Merci, patron! côtoie l'animateur de France Inter ("Là-bas si j'y suis") Daniel Mermet au sein d'un "village militant" avec tribune et écran géant dressé au parc Saint-Pierre. L'ambiance est conviviale, mais les messages envers patronat et gouvernement sont durs.

Brandissant drapeaux et banderoles, les manifestants sont venus "d'un peu partout en France" selon la CGT Goodyear (150 cars commandés) mais aussi de Belgique, Luxembourg, Suisse, Allemagne. Côté français, ce sont surtout des cégétistes, mais SUD et la FSU sont là aussi. La condamnation sévère des "huit de Goodyear" avait provoqué un vif émoi au sein du monde syndical et politique.

Ce procès intervient aussi trois semaines après celui de plusieurs salariés d'Air France jugés pour l'épisode de "la chemise arrachée" d'un cadre de la compagnie aérienne (le délibéré sera rendu le 30 novembre). Pour la CGT, ces deux événements sont devenus des symboles de la "criminalisation de l'action syndicale".

 

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