Il mutilait et escroquait ses patients : le "dentiste de l'horreur" devant la justice
Entre fin 2008 et juillet 2012, il a mutilé et escroqué plus d'une centaine de patients. A partir de mardi 8 mars s'ouvrira au tribunal correctionnel de Nevers pour une dizaine de jours le procès du "dentiste de l'horreur", le Néerlandais Jacobus Marinus -dit Mark- Van Nierop, 51 ans.
Recruté par un chasseur de têtes, le praticien s'installe avec son épouse à Château-Chinon, dans la Nièvre, en 2008, un désert médical où le précédent dentiste avait fermé les portes de son cabinet. En mars 2011, l'Ordre des chirurgiens-dentistes dépose plainte pour pratiques illégales, l'épouse exerçant sans diplôme comme prothésiste dans son cabinet. Dans le même temps, Nicole Martin, une enseignante à la retraite, réalise qu'il facture des soins non réalisés. D'après son témoignage, elle se serait vu poser une couronne trop petite et, sous prétexte de mettre à jour sa carte vitale, le dentiste en aurait profité pour réclamer 1.400 euros de soins à sa mutuelle. Révoltée, elle décide de monter un collectif, conseillé par Me Charles Joesph-Oudin, l'un des avocats du scandale du Médiator. 120 victimes émergent peu à peu, dont une femme qui aurait été sensible au chaud et au froid pendant six mois à cause d'un passage chez Van Nierop.
Fin juillet 2012, ce dernier prétend avoir le bras paralysé après une chute et ferme son cabinet qui restera porte close. Le 7 juin 2013, il est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Mais, en décembre de la même année, il fuit au Canada. Suite à un mandat d'arrêt international, il est arrêté en septembre 2014 et extradé vers les Pays-Bas. Selon la cour d'appel de Bourges (Cher), la demande d'entraide adressée aux Néerlandais révèle que le praticien a déjà fait l'objet de sanction disciplinaires après des plaintes.
Aujourd'hui, son procès doit permettre de comprendre comme un praticien déjà poursuivi à l'étranger a pu s'installer librement en France. Il s'agira également de déterminer pourquoi il a agit de la sorte, l'homme s'étant jusque-là refusé à toute explication claire. La cour d'appel de Bourges statuera dans quelques jours sur l'indemnisation des victimes, rendue très difficile par l'insolvabilité du dentiste, son assurance ayant annulé son contrat. Poursuivi pour "escroqueries", "faux et usage de faux" et "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente", le "dentiste de l'horreur" encourt dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.
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