Ils escroquaient des prêtres : quatre ans ans ferme et deux ans de prison

Abusé sexuellement dans sa jeunesse par des prêtres, Michel Gosse a passé une bonne partie de sa vie à les escroquer, aidé par son complice Jacky Baudet, leur soutirant pas moins de 218.000 euros. Ce jeudi, les deux hommes ont écopé respectivement de quatre ans de prison ferme et de deux ans de prison, peine aménageable, .

Violé dans son enfance par des prêtres, Michel Gosse a passé sa vie à escroquer des hommes d'Eglise pour se venger. Cette semaine, il a été jugé, pour la énième fois, pour s'en être pris, avec l'aide d'un complice, Jacky Baudet, à quelque 158 prêtres à qui il a soutiré pas moins de 218.000 euros. En son absence, le tribunal correctionnel de Paris l'a condamné à quatre ans de prison. Son émule, lui, a écopé de deux ans de prison, peine aménageable.

Dans son enfance, Michelle Gosse aurait été victime d'une série de viols et d'attouchements sexuels. Il aurait même reçu deux courriers, l'un d'un archevêque du Vatican, l'autre d'un évêché de Troyes, reconnaissant ces préjudices sans que l'affaire ne soit jamais portée au tribunal, selon L'Obs. En grandissant, il a donc décidé de se venger. "Sur le plan criminologique, c'est stupéfiant de voir cette obsession pour sa mission vengeresse", défend à l’audience son avocat Me Dassa, citée par Europe1 et évoquant une forme de "catharsis".

D'après la radio, Michelle Gosse commence ses escroqueries en 1979. Après avoir glané sur Internet des informations au sujet des paroisses et des prêtres visés, il les contacte en se faisant passer pour un ancien fidèle aujourd'hui confronté à de graves difficultés financières. "L'individu au bout du fil adopte une fausse identité, dit être dans une situation difficile - il sort de prison, dort dans sa voiture - et qu'il aurait trouvé un logement, mais qu'il ne peut pas payer le loyer ou la caution et lui demande de lui faire parvenir de l'argent", explique la présidente, cité par L'Obs. La plupart du temps, la somme - qui varie entre 500 et 1.500 euros - doit être expédiée à un soi-disant propriétaire complice.

Le complice, c'est Jacky Baudet, son colocataire. Embrigadé par Michel Gosse à partir de 2001 et accro aux jeux et aux courses, ce dernier prend des commissions sur chaque forfait et dépense tout au casino.  En 2012, selon L'Obs, 2010, selon Europe1, Gosse est interpellé et incarcéré pour escroquerie.

Mais pendant ce temps là, Baudet, qui, connait désormais les ficelles par cœur, reprend le relais. "Michel était capable d'adopter cinq voix différentes au téléphone (…) Il passait ses coups de fil tôt le matin, je me levais, j'observais en douce comment il s'y prenait", confie l'homme à la barre, arguant qu'il n'a fait qu'imiter son mentor.

Sauf que lui-même n'a aucun problème avec les prêtres: il est surtout intéressé par l'argent et, il l'a bien compris, les prêtres sont proies faciles. "Un choix qui ne relève en rien du hasard. Des hommes sensibles, habitués à aider les autres. Cette belle idée de charité a été totalement dévoyée par les prévenus", déplore pendant le procès la procureure de la République de Paris, selon Le Parisien.

Malgré ce "dévoiement", le jugement est apparu extrêmement lourd aux yeux de l'avocat de Michel Gosse. "Cette décision est extrêmement lourde. La reconnaissance de son statut de victime par l'Eglise favorisait pourtant sa voie vers la rédemption...", prêche Maître Dassa.