La conception de bébés à trois ADN validée au Royaume-Uni malgré la controverse

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 01 décembre 2016 - 13:19
Image
Un ventre de femme enceinte.
Crédits
©Flickr Creative Commons
La technique de la grossesse à "trois parents" permet d'éviter la transmission de maladies héréditaires.
©Flickr Creative Commons
La conception d'un bébé "à trois parents" a été autorisée mercredi au Royaume-Uni par un comité d'experts après avoir été validée par le Parlement. Cette technique qui donne à l'enfant l'ADN du père, de sa mère et de sa mère porteuse continue de susciter des débats éthiques.

Un comité d'experts britanniques a donné son feu vert mercredi 30 à la conception de bébés à partir de trois ADN différents afin d'éviter la transmission de maladies graves, un pas controversé que le Royaume-Uni a été le premier pays à autoriser.

La recommandation des scientifiques doit encore recevoir l'aval de l'organisme britannique responsable en matière de bioéthique, le Human fertilisation and embryology authority (HFEA), dont une réponse positive est attendue le 15 décembre.

La technique expérimentale, qui combine les ADN de deux femmes et d'un homme pour éviter la transmission d'une maladie héréditaire maternelle, pourrait ainsi être utilisée pour la première fois en mars ou avril prochain. Les députés britanniques avait approuvé le procédé dès février 2015, faisant du Royaume-Uni le premier pays au monde à l'autoriser par la loi.

Dans son quatrième et dernier rapport, un comité indépendant d'experts britanniques a recommandé mercredi 30 une "adoption prudente" de cette technique qui continue à susciter de vifs débats.

Ses défenseurs estiment qu'elle permettra de donner naissance à des enfants en meilleure santé. Pour ses opposants elle va, au contraire, trop loin en matière de modification génétique et ouvre la boîte de Pandore à la sélection des bébés.

"Notre recommandation d'une approche prudente constitue un juste équilibre entre l'espoir qu'offre ce nouveau traitement (...) et le besoin de s'assurer que le traitement est sûr et efficace", a commenté le docteur Andrew Greenfield qui a présidé le comité d'experts.

Robert Meadowcroft, directeur général de la campagne contre la dystrophie musculaire, a salué cet avis favorable à une "technique pionnière qui pourrait permettre à des mères souffrant d'une maladie mitochondriale d'avoir un enfant en bonne santé". Le docteur David Clancy, de la faculté de médecine de l'Université de Lancaster, a en revanche déploré une technique "encore imparfaite".

Environ 125 bébés naissent chaque année en Grande-Bretagne avec un dysfonctionnement mitochondrial, transmis par la mère. Les mitochondries sont des petits organites (structures spécialisées) présents dans les cellules qui transforment le glucose en molécule énergétique. Défectueuses, elles provoquent un déficit énergétique pour l'organisme et sont responsables de maladies dégénératives graves telles que le diabète ou la myopathie.

Une technique, développée à Newcastle, permet de bloquer la transmission de la maladie de la mère à l'enfant. Elle consiste à retirer de l'ovule de la mère la mitochondrie défectueuse pour la remplacer par une mitochondrie saine provenant d'une autre femme qui reste anonyme.

Après avoir été fécondé par le sperme du père en laboratoire, l'ovule est ensuite implanté dans l'utérus de la mère.

Le futur enfant sera porteur de toutes les caractéristiques génétiques de son père et de sa mère puisque l'ADN mitochondrial représente moins d'1% de la quantité totale d'ADN contenue dans une cellule humaine.

Mais le changement sera permanent et se transmettra de génération en génération, un élément au coeur des crispations que suscite cet acte, dont on ne maîtrise pas encore toutes les conséquences.

Le premier bébé conçu grâce à cette nouvelle technique est déjà né. Il est venu au monde en avril au Mexique. Une équipe médicale internationale menée par le Dr John Zhang, du Centre New Hope Fertility à New York, avait alors transféré les matériaux génétiques contenant les chromosomes de la mère dans un ovule d'une donneuse dont les matériaux génétiques avaient été enlevés.

Cette technique de conception assistée n'est pas autorisée aux Etats-Unis, ce qui a conduit l'équipe médicale à réaliser la procédure au Mexique où il n'existe aucune règle sur la question.

 

À LIRE AUSSI

Image
Des échantillons d'ADN dans un laboratoire.
CRISPR-Cas9 : les découvreuses des "ciseaux" de l'ADN recommandent la prudence
La Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna ont inventé en 2011 les "ciseaux génétiques". Une technique qui ouvre de grandes possibilités mais ...
23 mars 2016 - 18:34
Société
Image
Des échantillons d'ADN dans un laboratoire.
Bébés génétiquement modifiés, l'inquiétude des scientifiques
La communauté scientifique s'inquiète du potentiel des dernières découvertes de manipulation génétique. Celles-ci pourraient permettre de créer des bébés, et même tout...
24 mars 2015 - 10:17
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.