La justice rend son verdict dans le procès pour fraude fiscale de la famille Wildenstein

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 12 janvier 2017 - 09:39
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Le marchand d’art franco-américain Guy Wildenstein.
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©Jacques Demarthon/AFP
Guy Wildenstein risque quatre ans de prison dont deux avec sursis.
©Jacques Demarthon/AFP
Les héritiers milliardaires de la famille Wildenstein, ainsi que deux avocats et un notaire connaîtront ce jeudi le verdict dans leur procès pour fraude fiscale. Il leur est reproché d'avoir mis en place des montages d'une complexité rare pour soustraire plusieurs millions d'euros au fisc.

Les héritiers richissimes d'une lignée célèbre de marchands d'art, sont-ils aussi des "impressionnistes" de la fraude ayant caché des milliards d'euros au fisc? La justice se prononce jeudi sur les Wildenstein.

Le parquet, en dénonçant la fraude fiscale "la plus sophistiquée et la plus longue" de l'histoire récente en France, avait requis quatre ans de prison dont deux avec sursis et une amende de 250 millions d'euros contre le principal héritier: le Franco-Américain Guy Wildenstein, 71 ans.

Le tribunal correctionnel de Paris a en octobre jugé pendant quatre semaines six personnes - M. Wildenstein, son neveu Alec Junior, la veuve d'un autre héritier Liouba Stoupakova, deux avocats et un notaire - ainsi que deux "trusts", des sociétés anglo-saxonnes de gestion d'actifs.

Autant d'"impressionnistes de la finance", a ironisé l'accusation, en référence à la presque légendaire collection de tableaux des Wildenstein: des Bonnard, Fragonard, un Caravage - Le Joueur de Luth, entreposé en Suisse, loin des regards et des impôts, qui vaudrait plusieurs millions d'euros.

Le procès a permis d'explorer mais pas de cerner la gigantesque fortune des Wildenstein: plusieurs milliards d'euros en immobilier de prestige, chevaux de course et toiles de maîtres, disséminés aux quatre coins du monde, via des sociétés-écran enregistrées dans les paradis fiscaux, les fameux "trusts".

Les audiences ont aussi exposé au grand jour les rancoeurs entre des héritiers que séparent des milliers de kilomètres: Guy Wildenstein vit essentiellement à New York même si la famille possède un hôtel particulier à Paris; Alec occupe un somptueux ranch au Kenya, qui servit de décor au film Out of Africa; Liouba Stoupakova, sculpteur russe, a raconté au tribunal, sans vraiment l'émouvoir, les problèmes de chaudière de son vaste immeuble parisien, payé 11 millions d'euros en 2005.

Ce sont les femmes, plus exactement les secondes épouses, qui ont mis les enquêteurs sur la piste des avoirs cachés des Wildenstein.

Lorsque meurt en 2001 le patriarche Daniel Wildenstein, résident fiscal en France, sa veuve en secondes noces Sylvia, aujourd'hui décédée, déclare la guerre au reste du clan et saisit la justice.

L'histoire se répète lorsque meurt en 2008 à Paris le fils aîné Alec: Liouba Stoupakova fournit aux enquêteurs une masse de documents sur les montages financiers très sophistiqués des Wildenstein.

Le parquet a requis un an de prison avec sursis contre la veuve rebelle, et six mois avec sursis contre l'héritier Alec Junior.

Il a été plus sévère avec les conseillers de la famille: le notaire retraité français Robert Panhard, contre qui deux ans d'emprisonnement avec sursis ont été requis; l'avocat suisse Peter Altorfer (trois ans de prison dont deux avec sursis, un million d'euros d'amende); l'avocat français Olivier Riffaud (deux ans d'emprisonnement dont un avec sursis).

Le parquet a aussi requis des amendes maximales pour "complicité de fraude fiscale", 187.500 euros à chaque fois, contre deux "trusts". L'un est enregistré aux Bahamas, l'autre à Guernesey.

La défense des prévenus a surtout mis en avant l'incertitude juridique qui, selon elle, a longtemps régné en France sur les "trusts". Il a fallu attendre 2011 pour que la loi dite "Wildenstein" règle précisément la fiscalité de ces sociétés fiduciaires de droit anglo-saxon.

L'avocat de Guy Wildenstein, ancien soutien actif de l'UMP, élevé au rang de commandeur de la Légion d'honneur pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, l'a décrit en "éternel petit garçon", héritier naïf de montages financiers mis en place par son père puis son frère aîné, sans qu'il ait lui-même créé de trust.

Quelle que soit la décision du tribunal correctionnel, juridiction pénale, elle ne refermera pas le dossier Wildenstein.

Dans un contentieux distinct, civil cette fois, les héritiers bataillent encore avec l'administration fiscale française à propos d'un redressement de... plus d'un demi-milliard d'euros.

 

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