Le premier B2M de la Marine vient de larguer les amarres direction Nouméa
Le premier d'une série de bâtiments multi-missions (B2M) conçus pour l'Outre-mer, de la surveillance des intérêts français à l'assistance aux populations, vient de quitter Brest pour Nouméa, son futur port d'attache. Le D'Entrecasteaux, qualifié de "couteau suisse" de la Marine nationale par cette dernière, a largué les amarres mercredi 11 du port militaire de la cité du Ponant, sous un grand soleil, lançant cinq coups de sirène en signe d’adieu.
"C'est une aventure incroyable, on renouvelle la flotte de Nouméa", se félicite le capitaine de corvette Benoît Bariller, aux commandes du navire de 66 mètres de long et 14 de large. "On est très attendus là-bas", poursuit le pacha. Arrivée prévue en Nouvelle-Calédonie fin juillet. Le D'Entrecasteaux, ainsi que les deux autres B2M commandés par la Direction générale de l'armement (DGA) à Kership, la co-entreprise créée par le chantier naval breton Piriou et DCNS, remplaceront progressivement les actuels bâtiments de transport léger Batral, moins polyvalents et autonomes que les nouveaux. Les deuxième et troisième B2M, livrés à la Marine d'ici 2017, sont destinés respectivement à la Polynésie et à la Réunion. Ils constitueront, comme le D'Entrecasteaux, l'épine dorsale des forces navales de souveraineté en Outre-mer.
A bord du bâtiment en route pour Nouméa, un équipage de 31 marins, dont six femmes. Un deuxième équipage les relèvera dans quatre mois, permettant au navire d'assurer plus de 200 jours de déploiement en mer par an, contre une centaine pour son prédécesseur. Le bateau comptera un équipage de 23 personnes en configuration normale. Pouvant atteindre une vitesse maximale de 14 nœuds, soit 26 km/h, et doté d'une autonomie théorique de 30 jours avec 40 personnes à bord, le bâtiment fera une première escale au Cap Vert, avant de poursuivre sa route vers la Martinique et la Colombie. Il empruntera ensuite le Canal de Panama pour rejoindre le Guatemala, puis l'île de Clipperton, plus petit territoire français au monde: un anneau de sable et de roche inhabité à 1.280 km des côtes mexicaines.
"On va montrer le pavillon national", se félicite le commandant Bariller, à propos de l'île entourée d'une zone économique exclusive (ZEE) de 425.000 km2. "La Marine essaie de faire passer régulièrement des bateaux dans ces eaux-là pour montrer qu'elles nous appartiennent", explique-t-il. Cap ensuite sur les Marquises, Tahiti, Wallis et Futuna et enfin Nouméa, où le navire entamera à proprement parler ses missions, qui vont de la surveillance et de la protection des espaces maritimes, à la lutte contre la pêche et les trafics illicites, en passant par la lutte contre les pollutions et l'assistance aux populations lors de catastrophes naturelles.
"Les B2M sont des bateaux rustiques et endurants, sûrement beaucoup plus efficaces que les bâtiments qu'ils sont amenés à remplacer", estime Bernard Prézelin, auteur de l'annuaire naval de référence Flottes de combat. "Le seul inconvénient c'est qu'ils n'ont pas de capacités amphibies comme leurs prédécesseurs", souligne celui qui recense depuis 1988 les bâtiments de guerre du monde entier. "Je ne suis pas capable d'aller sur une plage et d'ouvrir les portes pour descendre du matériel et des personnes", reconnaît le commandant Bariller. Le navire est cependant doté, sur sa vaste plage arrière, d'une embarcation de servitude, mise à l'eau via une puissante grue, capable de déployer "sur n'importe quelle plage" un 4X4 et une quinzaine d'hommes.
Entériné par la loi de programmation militaire de 2013 et financé par le ministère de la Défense pour un total de 92 millions d'euros, ce programme devrait comprendre un quatrième B2M, destiné aux Antilles.
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