Le squelette d'"Ernest" va être autopsié plus d'un siècle après sa découverte

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 février 2016 - 14:54
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©Passion Leica/Flickr
"Ernest" tient son nom de la première personne à qui les ossements ont été attribués (image d'illustration).
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Sujet de nombreuses théories plus ou moins vraisemblables, "Ernest", un squelette découvert en 1913 en Dordogne, va être autopsié afin de découvrir les causes de la mort de cet individu encore non-identifié.

Plus d'un siècle après sa découverte sous un plancher, "Ernest" le squelette a quitté ce lundi 15 son manoir de Saint-Pierre-de-Frugie (Dordogne) encadré par des gendarmes, qui vont l'escorter jusqu'au pôle d'expertise judiciaire de Cergy-Pontoise pour tenter de lever la légende qui l'entoure.

"Ernest", tel que l'a baptisé la chronique locale, a été découvert en 1913 par des maçons qui creusaient une cave dans une dépendance du manoir de Montcigoux, à la lisière de la Dordogne et de la Haute-Vienne, en plein Périgord Vert. Ni les gendarmes ni le curé ne s'intéressant vraiment à lui, c'est le châtelain de l'époque qui en hérite. Et qui décide de le garder dans son domaine, scellé dans un petit cercueil de verre, où les ossements demeuraient encore jusqu'à lundi matin.

Ce n'est que vingt ans plus tard, en 1933, que le mystérieux squelette passera à la postérité, lorsqu'un chroniqueur du journal local, Le Courrier du Centre, publie une série d’articles prétendant relater sa véritable histoire.

Selon ce récit, qui tient plus du roman populaire que de l'enquête journalistique, la dépouille est celle de l'ancien maître du domaine, Ernest de Fontaubert, parti un jour de 1850 avec sa sœur Ernestine faire fortune avec les chercheurs d'or en Californie!

A son retour en France, il aurait été assassiné à la hache par son frère cadet, Arthur, jaloux d'être tenu à l'écart des affaires familiales et prétendument écœuré par la relation incestueuse qu'auraient entretenue son frère et sa sœur.

Avec un luxe de détails, le chroniqueur raconte comment le couple incestueux aurait même enterré ses enfants mort-nés sur le domaine et comment Arthur aurait caché son crime en égorgeant deux bœufs à l'entrée de la maison. Des cadavres dont l'odeur putride aurait permis de dissimuler celle du frère qui gisait sous le parquet de sa propre chambre...

Aussi sordide que frappante, la légende forgée par ces articles, d'une incontestable qualité littéraire, sera dès lors tenue pour acquise, se transmettant de génération en génération. La fable inspira d'ailleurs Robert Margerit, qui l’utilisa comme toile de fond de son roman La Terre Aux Loups, paru en 1958. Le mythe aurait pu perdurer sans la ténacité d'un historien amateur, Bernard Aumasson, qui juge "l’histoire cousue de fil blanc" et reprend secrètement l'enquête en 2011.

Deux ans plus tard, avec l'aide d'une généalogiste américaine qui a fouillé pour lui les archives de Calaveras (Californie) où Ernest et Ernestine étaient supposés avoir résidé durant la "Ruée vers l'or", c'est le coup de théâtre: le chef de famille, Ernest, est bien parti aux Etat-Unis, mais il n'en est jamais revenu! En février 1862, il est découvert près de Cave City, assassiné et dépouillé de l’or qu'il transportait. En témoigne l’enquête du juge fédéral exhumée par le duo franco-américain.

Conforté par cette découverte, Bernard Aumasson s'acharne et met en évidence les nombreuses incohérences du sordide fait-divers relaté par la presse. Sans pour autant parvenir à identifier le squelette...

Emballés par ces rebondissements, une équipe d'enthousiastes a rejoint l'historien pour tenter de percer le mystère. "Car enfin, il y a un bien un cadavre, et qui se trouvait en un endroit curieux pour un mort", relève le colonel de gendarmerie Patrick Chabrol. Enfant du pays, c’est lui qui a proposé de conduire le squelette au pôle d’expertise judiciaire de la gendarmerie, dans son propre véhicule.

A Cergy-Pontoise, les experts espèrent pouvoir "dater les ossements, établir le sexe et l'âge de la victime, mais aussi rechercher les causes de sa mort", explique-t-il.

Propriétaire du manoir depuis 1977, Gilbert Chabaud, maire de la commune de 400 habitants, se sépare de son drôle de locataire avec une certaine émotion. "Il n'est jamais parti d'ici", lâche-t-il. "Dès qu'il aura subi ces petits examens, il reviendra à sa place, nous le rendrons au village", assure le colonel Chabrol.

 

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