Les policiers dénoncent le manque de moyens au sein de la profession

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 octobre 2016 - 16:41
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Policiers en grève Paris manifestation Police Champs-Elysées
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©Bertrand Guay/AFP
Le mouvement de grogne des policiers a débuté le 17 octobre dernier.
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Mobilisés depuis 10 jours, les policiers ont tenté d'expliquer la profondeur du malaise qui les pousse à battre le pavé. Ils dénoncent notamment le manque de moyens au sein de la profession, leur travail "dénaturé", les syndicalistes "vendus" ou encore la hiérarchie "carriériste".

Manque de moyens, travail "dénaturé", syndicalistes "vendus" et hiérarchie "carriériste": des policiers interrogés par l'AFP ne mâchent par leurs mots pour expliquer la profondeur du malaise qui les pousse à se mobiliser depuis dix jours.

>MOYENS DÉCROISSANTS, PEUR GRANDISSANTE

"Avant, c'était des crachats. Maintenant, c'est des cocktails Molotov". Sylvie, 47 ans, part au travail à Paris avec crainte, surtout depuis un an. "Depuis les attentats, on se demande si on va rentrer le soir. Il y a des jours où on ne se sent pas en sécurité", confie-t-elle. Certains, comme ce CRS toulousain de 50 ans, pointent un malaise: "j'ai connu la police il y a 30 ans, j'ai vu l'évolution. Aujourd'hui, je vais travailler en marche arrière".

Et le matériel? "Un jour, lors d'une intervention, on n'avait qu'un seul gilet pare-balles lourd pour trois. On a dû choisir qui le porterait", raconte une policière parisienne de 38 ans. "Obligés de se payer" certains équipements, beaucoup décrivent aussi la "pauvreté" des locaux. Dans un commissariat parisien, "à la limite de l'insalubrité, il y a des cafards et des rats. On n'a même pas de stylo pour bosser. Nos voitures sont vieilles et tombent régulièrement en panne", raconte Stéphane.

Les règles sur la légitime défense ne les protègent pas. Ils réclament une "présomption de légitime défense". "Les policiers ont peur de leur arme, des conséquences (judiciaires) s'ils l'utilisent", estime Marc, policier parisien de 55 ans dont 33 de police.

> UN TRAVAIL "DÉNATURÉ"

"Le policier doit chasser le voleur. Sa mission n'est pas de garder des lieux, des locaux, des barrières", soupire Bruno, CRS à Strasbourg. Pour "la surveillance des lieux de cultes, ils pourraient mettre en place des entreprises privées", suggère Malika, fonctionnaire de la police ferroviaire de 44 ans. Un policier de 48 ans en poste à Paris confie s'interroger sur le "sens" de son travail "dénaturé". Et la rémunération? "Les salaires ont augmenté de 2% depuis 2008", affirme Malika, en pointant les "1.600 à 1.700 euros nets par mois" d'un gardien de la paix débutant.

>UNE JUSTICE "LAXISTE"

Un gardien de la paix de brigade anticriminalité (Bac) du Val-d'Oise juge que "le laxisme judiciaire, c'est la base du problème": "C'est arrivé qu'on interpelle le même mec trois fois dans le mois dans trois voitures volées différentes. Si la justice avait fait son travail, ça aurait évité de mobiliser X gars à chaque fois. Ça règlerait déjà une partie du problème d'effectifs".

>DES SYNDICATS "VENDUS", UNE HIÉRARCHIE "CARRIÉRISTE"

Peu se reconnaissent dans les syndicats. "Au niveau local, il y a des responsables qui viennent nous voir, écoutent. Mais au niveau national, ce sont des vendus, ils sont rentrés dans un système politisé, et les revendications n'aboutissent pas", estime le gardien de la paix du Val-d'Oise.

La hiérarchie policière est également en disgrâce. "On nous demande une politique du chiffre. Un commissaire préfère qu'on fasse cinq +shiteux+ (petits consommateurs de cannabis, NDLR) qu'un mec dans une voiture volée. Ça fait plus d'affaires résolues. Mais ce n'est jamais écrit, ils ne veulent pas se mettre en porte à faux", ajoute le gardien de la paix. "Ce sont des carriéristes, ils ne pensent qu'à être bien noté, à avoir leur prime", peste le CRS toulousain.

>FATALISTES OU INDÉCIS POUR 2017

Si certains hommes politiques pointent une "patte" du FN dans le mouvement, rares sont ceux qui affichent leur intention de voter aux extrêmes à la présidentielle. "J'ai toujours été de droite, je voterai à droite. On vit dans une époque très tendue, mais voter extrême droite ne sert à rien", estime Marc. "Je ne vote pas FN, je ne me laisse pas influencer par la situation. Mais je comprends les collègues qui s'interrogent", confie toutefois Stéphane, policier parisien.

"Je ne vois aucun politique capable de régler le problème de l'impunité, y compris le FN", estime Stéphanie, 38 ans. "Sarkozy avait promis monts et merveilles et il a fait une politique du chiffre", rappelle le gardien de la paix du Val-d'Oise: "J'irai voter, mais je ne sais pas encore pour qui. Peut-être blanc".

 

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