Mahomet en Une du prochain "Charlie Hebdo" : Luz s'explique
"On a encore dessiné Mahomet, je suis désolé". Ce mardi après-midi, le dessinateur de Charlie Hebdo Luz, le rédacteur en chef Gérard Biard et l'urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur du journal, ont donné une conférence de presse dans les locaux de Libération, qui héberge temporairement la rédaction de l'hebdomadaire. Le premier a tenu à s’expliquer sur la Une du numéro de mercredi 14 janvier -tiré à trois millions d'exemplaires- illustrée par un dessin de Mahomet pleurant et tenant une pancarte "Je suis Charlie" surmonté d'une légende"Tout est pardonné".
"Mahomet c'est mon personnage", a déclaré Luz aux journalistes. "Il nous a valu d'avoir les locaux brûlés et on a été présentés comme les défenseurs de la liberté d'expression. Puis une année plus tard, il nous a valu d'être traités de dangereux provocateurs irresponsables. Mais on est avant tout des dessinateurs qui aiment dessiner des petits bonshommes comme quand on était gamins. D'ailleurs, ces terroristes, ils ont été gamins. Ils ont fait des dessins".
Luz a également raconté avoir ressenti beaucoup de peine en dessinant ce Mahomet qui fera la Une de Charlie Hebdo ce mercredi. A tel point qu'il s'est mis à pleurer en écrivant "Tout est pardonné". D'où la larme qui coule sur la joue du prophète. Mais qu'importe!"On a dit qu'il fallait qu'on fasse un dessin qui nous fasse rire avant tout. (...) Notre Mahomet, il est quand même vachement plus sympa que celui des terroristes..."
Pour le nouveau numéro, le dessinateur a expliqué qu’il avait "convoqué tous les talents du journal, ceux qui restent, les anciens" et ceux qui sont partis. "On a surtout essayé de mettre les dessins des autres (...), j’ai fait une conférence de presse dans ma tête", a-t-il expliqué, ajoutant: "il y a tout le monde, dans ce canard". Il a tout de même avoué que l’équipe avait "avancé très lentement".
"Cette putain de Une, ce n'était pas la Une que tout le monde voulait qu'on fasse. Ce n'était pas la Une que les terroristes voulaient qu'on fasse. Mais c'est notre Une", a-t-il lancé, provocateur. "On a encore dessiné Mahomet, je suis désolé", a-t-il déclaré, affirmant n'avoir "aucune inquiétude par rapport au sujet de (sa) couverture, tout simplement parce que les gens sont intelligents. On fait confiance à l'intelligence du second degré. Les gens qui ont commis cet attentat sont des gens qui sont au premier degré..."
Aussi, "quand vous irez dans un kiosque demain (mercredi), achetez Charlie mais un autre journal aussi. Bon pas une merde, hein, la presse people, hein. Mais si vous achetez la presse, on aura vraiment gagné. Si on peut faire vivre le papier, les idées, le dessin, partout dans le monde, on aura vraiment gagné", a-t-il conclu.
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