Marseille : l'enseignant juif qui avait inventé son agression devant la justice
Le procès pour dénonciation mensongère d'un enseignant juif qui assure avoir été agressé en novembre dernier par des hommes se revendiquant du groupe Etat islamique (EI) a débuté ce jeudi 12 dans l'après-midi devant le tribunal correctionnel de Marseille.
"Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai réellement été agressé", a déclaré à des journalistes Sylvain Tsion Saadoun, 57 ans, avant le début de l'audience. "On vient chercher la vérité, la relaxe," a ajouté son avocate Karine Sabbah. Initialement prévu le 13 avril, le procès de M. Saadoun avait été renvoyé à jeudi.
Quelques jours après les attentats de Paris et Saint-Denis, en novembre 2015, le quinquagénaire qui enseigne l'histoire-géographie à l'école juive Yavné, avait affirmé avoir été agressé au couteau par trois hommes en scooter à quelques centaines de mètres de son domicile alors qu'il se rendait à la synagogue.
Le professeur avait abondamment relaté sa supposée agression devant les médias, aux côtés de responsables de la communauté juive marseillaise, n'hésitant pas à montrer son abdomen et ses avant-bras striés de blessures superficielles.
"Ils m'ont demandé si j'étais juif ou musulman. Et, quand j'ai dit que j'étais juif, ils se sont rués sur moi et m'ont jeté à terre, en me disant qu'ils allaient me faire souffrir et me tuer", avait-il raconté à des journalistes de l'AFP. Il avait affirmé avoir été "tailladé avec deux couteaux", ajoutant que ses agresseurs, "âgés d'une vingtaine d'années", lui avaient montré une photo de Mohamed Merah et un tee-shirt de Daech (acronyme arabe de l'EI) tout en filmant la scène.
Mais, fin février, M. Tsion Saadoun avait été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour dénonciation mensongère. Un expert judiciaire de Bordeaux avait conclu que les découpes sur les vêtements de l'enseignant et ses lésions "ne pouvaient pas correspondre". Il retenait une hypothèse d'automutilation comme "l'explication la plus logique".
"Il y a eu un concours de circonstances qui a amené à ces conclusions de la police", a poursuivi M. Saadoun avant le début de son procès: "Je n'avais rien à gagner à inventer".
L'agression supposée de Sylvain Tsion Saadoun, au lendemain de celle d'une jeune musulmane voilée à la sortie d'une bouche de métro marseillaise, avait suscité une vague d'indignation. Début janvier, après des violences avérées sur un autre enseignant juif marseillais, le président du consistoire de la ville avait même conseillé à ses coreligionnaires de ne plus porter la kippa en ville.
Le quinquagénaire encourt six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.
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