Meurtre de Léa à Montpellier : le procès en appel de Gérald Seureau tente de faire la lumière sur la soirée du crime

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 25 janvier 2017 - 20:17
Mis à jour le 26 janvier 2017 - 15:26
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Une allégorie de la Justice.
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©Damien Meyer/AFP
Gérald Seureau avait été condamné en 2014 à la prison à perpétuité.
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Le procès en appel de Gérald Seureau, qui a reconnu avoir tué Léa, 17 ans, lors du réveillon du Nouvel An de 2011, se tient à Carcassonne. La cour essaie de retracer le déroulé exact de la soirée où l'adolescente a été massacrée.

Alcool qui coule à flot, cannabis et amphétamines. Au troisième jour du procès en appel de Gérald Seureau pour le viol et le meurtre de Léa, une lycéenne de 17 ans, la cour d'assises est revenue mercredi 25 à Carcassonne sur le réveillon du Nouvel An, juste avant le drame.

"Il m'avait promis qu'il s'était calmé", s'est excusé Luca Ortoli, l'un des organisateurs de la soirée auquel l'accusé, déjà condamné en novembre 2014 à la réclusion à perpétuité, assortie de 20 ans de sûreté, ne devait pas être convié.

"J'avais entendu que l'an passé, il avait été incontrôlable et que personne ne voulait l'inviter. On lui a donné une 2e chance et on l'a invité", a-t-il expliqué.

L'idée de cette soirée du Nouvel An 2011, à Montpellier, était venue quelques semaines plus tôt. "D'habitude on était quatre, cinq personnes. On avait décidé d'avoir plus de monde", a précisé M. Ortoli.

Punch, rhum, vodka, tequila et bière: l'alcool a coulé à flot. Il y avait aussi du cannabis et des amphétamines.

"Je savais que si je refusais la drogue, cela se ferait derrière mon dos. J'ai décidé qu'il pouvait y en avoir dans un endroit réduit", a admis Lucien Malécot, fils du propriétaire des lieux, reconnaissant qu'un de ses copains avait ramené les stupéfiants.

Une trentaine de jeunes est venue. Loin d'être tous des proches. Parfois seulement des ami-e-s d'ami-e-s. C'était le cas de Léa, qu'aucun des deux n'avait jamais rencontrée. Quant à Seureau, il était juste une connaissance de bar, réputé "parfois ingérable".

M. Ortoli l'avait pris à part: "Il m'avait promis qu'il s'était calmé. Que 2011 allait bien se passer."

Une promesse en l'air? Au début, il n'a pas eu de problème. Il a été pris d'un coup de déprime en raison de la mort récente de son père (naturel, qu'il avait retrouvé juste avant). Des convives sont allés lui remonter le moral. "Il nous a rejoints avec le sourire", s'est souvenu M. Malécot.

Dans la nuit, deux groupes se sont formés. L'un dans le salon, l'autre dans une chambre où il y avait les amphétamines. Léa et Gérald en ont consommé, ont flirté avant de s'isoler aux toilettes.

A un moment, l'accusé s'est fait remarquer: il a pris un saladier de punch qu'il a bu quasiment d'une traite.

Vers 06H30, le couple est sorti de la maison. "Léa n'a pas pris sa veste. Je ne pense pas qu'elle voulait partir, mais juste parler", a estimé Marion Rorif, présente à la soirée.

Mais quelques heures plus tard, les effets de l'alcool ayant disparu, l'inquiétude a grandi, notamment à cause du froid.

"J'ai pris ma petite moto pour faire le tour du quartier. Je pensais qu'ils pouvaient squatter une autre fête", a indiqué M. Ortoli. "On a appelé les hôpitaux et sa mère pour savoir si Léa était rentrée", a complété Mme Rorif.

Vers 14H00, Gérald Seureau a réapparu. Les fêtards l'ont vu sortir d'un chemin et "tenter de partir discrètement". Il était en bottes, treillis, le pantalon taché de sang au niveau du pubis, t-shirt déchiré, et il portait des griffures, selon plusieurs témoins.

Il a affirmé être parti vers le centre-ville avec Léa (trois quarts d'heure à pied), l'avoir perdue de vue et avoir été pris "dans une bagarre".

"Sur le coup, je me suis dis: ce n'est pas insensé. Mais je n'étais pas en capacité de réfléchir", a ajouté M. Malécot.

Plus tard, les doutes ont pris le dessus. Seureau avait affirmé être retourné chez lui dans la matinée, mais certains ont trouvé bizarre qu'il soit revenu chercher ses affaires sans s'être douché et avec des vêtements déchirés. "C'était tellement inconcevable, surnaturel", a remarqué M. Malécot.

Le corps de Léa, victime de 185 coups et blessures, a été découvert au fond d'un petit bois, non loin de la fête. Seureau a reconnu mardi 24 sa culpabilité, mais a refusé d'"expliquer l'inexplicable". Le verdict est attendu vendredi. 

 

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