Michel Cardon, le détenu "oublié" 40 ans sur le point d'être libéré ?
Michel Cardon va-t-il être libéré après plus de 40 ans passés derrière les barreaux. La décision concernant ce prisonnier "oublié " de tous est attendue ce vendredi 30. Elle devrait sans doute se révéler favorable à l'homme de 68 ans, condamné pour un meurtre commis lorsqu'il en avait 26 lors d'un cambriolage, et encore aujourd'hui incarcéré à Bapaume (Pas-de-Calais).
Cette détention particulièrement longue serait la conséquence d'une situation kafkaïenne. La justice n'aurait tout simplement pas assuré le suivi de détention de cet homme. La commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté de Lille (CPMS) reconnaît qu'aucun "projet d'exécution de peine" n'a apparemment"à un moment ou un autre imaginé, conçu et encore mis en œuvre à son sujet.(...) On dirait qu'il a été oublié en détention".
A cela s'est ajouté un isolement familial et social puisque Michel Cardon n'aurait eu presque aucun contact avec l'extérieur en quarante ans, si ce n'est quelques conversation téléphoniques avec ses enfants au début de sa détention.
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C'est finalement grâce à un codétenu que son cas sera examiné. Après sa sortie, celui-ci a honoré sa promesse de faire quelque chose pour son infortuné voisin de cellule. Il raconte au JDD avoir "été son premier parloir en trente-huit ans de détention". L'homme a ensuite prévenu un avocat, Maître Eric Morain. Fin 2016, celui-ci sollicite une libération conditionnelle. Le 12 février dernier; il écrit à Emmanuel Macron pour demander la grâce présidentielle.
Mais c'est finalement la voie juridique habituelle qui devrait être privilégiée. Jeudi 29, tous les acteurs interrogés par le tribunal d'application des peines se sont prononcés en faveur de la libération. Une audience qui "aurait du avoir lieu il y a 20 ans" selon Eric Morain.
Voir: La grâce présidentielle demandée pour un détenu incarcéré depuis plus de 40 ans
S'il est bien libéré, Michel Cardon devrait être accueilli dans une structure agréée pour une sortie progressive et accompagnée. Isolé du monde extérieur depuis quatre décennies, il est en effet très dépendant de l'institution carcérale, ayant notamment des difficultés à se mettre à l'euro.
En octobre 1977, Michel Cardon, très alcoolisé, avait avec un complice battu à mort un retraité handicapé à Amiens pour lui faire dire où se trouvait son argent. Reparti avec un butin dérisoire, il avait été rapidement arrêté et était condamné à la prison à perpétuité.
Plusieurs expertises avait qualifié ces dernières années le risque de récidive de "probable" en raison de l'absence de compassion pour sa victime. Mais la CPMS l'a depuis jugé "résiduel".
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