Nevers : ouverture du procès du "dentiste de l'horreur"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 mars 2016 - 09:19
Le procès doit durer jusqu'au 18 mars.
Le tribunal correctionnel de Nevers juge à partir de ce mardi un dentiste néerlandais surnommé le "dentiste de l'horreur" pour avoir mutilé et escroqué une centaine de patients entre 2008 et 2012. L'homme encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

Le procès du Néerlandais Jacobus Marinus - dit Mark - Van Nierop, surnommé le "dentiste de l'horreur" pour avoir mutilé une centaine de patients dans la Nièvre, s'ouvre ce mardi 8 mars au matin devant le tribunal correctionnel de Nevers. Il doit durer jusqu'au 18 mars, les magistrats envisageant de rendre leur jugement dès cette date, par souci d'efficacité et parce que le prévenu est détenu depuis déjà 18 mois. Mais ce calendrier pourrait évoluer, selon une source judiciaire interrogée lundi 7.

Recruté par un chasseur de tête, Jacobus Van Nierop s'installe en 2008 à Château-Chinon, en plein cœur du Morvan, où les professionnels de santé se font de plus en plus rares. L'arrivée de cet homme souriant à la carrure de rugbyman ne passe pas inaperçue. Une ancienne voisine se souvient, sous couvert d'anonymat, l'avoir vu arriver "avec des choses énormes: un gros 4X4, un gros chien, un gros cigare". Dès mars 2011, l’Ordre des chirurgiens-dentistes dépose plainte pour pratiques illégales, l'épouse du praticien exerçant comme prothésiste dentaire sans diplôme. La Sécurité sociale relève de son côté des problèmes récurrents de facturation. Et les plaintes de patients commencent à affluer.

Sylviane Boulesteix, 65 ans, retraitée, consulte le Néerlandais en mars 2012 pour la pose d'un appareil dentaire. "Il m'a fait sept ou huit piqûres, arraché huit dents d'un coup et posé l'appareil à vif. Je pissais le sang. Pendant trois jours!", raconte-t-elle. Bernard Hugon, métallier à la retraite de 80 ans, évoque l'arrachage d'une racine avec "des bouts de chair qui pendaient partout" et un "trou énorme" laissé béant. "J'ai fait une quinzaine de visites, il en a compté 117 à la Sécurité sociale! C'est quand même gros". C'est également la facturation de "quinze soins" en une seule visite qui sème le "doute" chez Nicole Martin, retraitée de l'enseignement, venue au départ chez M. Van Nierop pour la réparation d'un composite. "Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'on rentrait dans un système, presque de gourou", explique-t-elle. "Toutes les fois, il nous faisait ce qu'il appelait +un petit piqûre+ et on était endormi, lessivé, on avait la moitié de la figure endormie pendant cinq ou six heures et quand on sortait, on trouvait un post-it pour un rendez-vous le lendemain ou le surlendemain", raconte celle qui a eu des "dents saines dévitalisées, des dents arrachées à cause d'abcès" et s'est vu poser une couronne "trop petite". Grâce à la confidence d'une assistante dentaire, Mme Martin apprend qu'elle n'est pas seule dans son cas et elle constitue, début 2013, un "collectif dentaire" qui recensera au total 120 victimes.

Le 7 juin 2013, le dentiste est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire. Mais le 26 décembre 2013, sa compagne signale sa disparition. Le praticien avait fui au Canada, où il est interpellé en septembre 2014, tentant alors de mettre fin à ses jours.   Extradé vers les Pays-Bas, M. Van Nierop, 51 ans aujourd'hui, "a dit avoir tué sa première femme, il a joué la folie, il a dit être transsexuel... Il a joué le tout pour le tout" pour éviter son retour en France, où il encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende, souligne Mme Martin.

Pour Me Joseph-Oudin, avocat du collectif, ce procès doit permettre de "comprendre comment on en est arrivé à de tels comportements", les explications de M. Van Nierop étant "inexistantes ou farfelues". Aux Pays-Bas, il avait déjà fait l'objet de sanctions disciplinaires après des plaintes. Son avocate n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP. L'indemnisation des victimes s'annonce problématique, le dentiste étant insolvable et son assurance ayant annulé son contrat. Sur ce point, un arrêt de la cour d'appel de Bourges est attendu mi-mars.

 

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