Procès du Carlton : DSK devant la justice

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RT
Publié le 01 février 2015 - 16:21
Mis à jour le 02 février 2015 - 09:01
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DSK s'explique sur le suicide de son associé.
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©Gonzalo Fuentes/Reuters
DSK sera entendu par la cour au fil de la deuxième semaine du procès du Carlton.
©Gonzalo Fuentes/Reuters
Lundi 2 février, s’ouvrira le fameux procès du Carlton, du nom d'un hôtel de luxe de Lille. Dominique Strauss-Khan et douze autre prévenus comparaîtront pour "proxénétisme aggravé en réunion".

Dominique Strauss-Khan de nouveau sous le feu de l’actu. Lundi 2 février, s’ouvrira le fameux procès du Carlton de Lille. L’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) et douze autre prévenus, dont René Kojfer, Dominique Alderweireld alias Dodo La Saumure, Emmanuel Riglaire, David Roquet et Fabrice Pazskowski, comparaîtront pour "proxénétisme aggravé en réunion".

Les audiences seront ouvertes au public et dureront trois semaines, le but étant d’établir les responsabilités d’un réseau qui a organisé des parties fines dans divers villes avec des prostituées rémunérées par le patron d’une filiale du groupe de construction Eiffage et le dirigeant d’une société de matériel médical. Retour sur les tenants et aboutissants de l'affaire.

Tout commence en 2011. Ayant reçu des renseignements anonymes, la police judiciaire de Lille se penche sur la clientèle de l’hôtel Carlton et de l’hôtel des Tours, où René Kojfer, alors chargé des relations publiques des deux établissements, ferait venir des prostituées pour satisfaire des clients. Son téléphone est mis sur écoute. Des noms sortent peu à peu. L'un retient tout particulièrement l'attention des enquêteurs: celui de Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du FMI, évoqué au cours d’une discussion sur des parties fines lilloises et belges.

Les enquêteurs remontent un réseau de personnes qu’ils soupçonnent de profiter de prostituées mises à disposition par Kofjer. C’est ainsi qu’émergent les noms de Dominique Alderweireld (Dodo la Saumure), proxénète, d’Emmanuel Riglaire, avocat au barreau de Lille, mais aussi de David Roquet, directeur de la filiale BTP d'Eiffage dans le Pas-de-Calais, et de Fabrice Paszkowski, un entrepreneur spécialisé dans le matériel médical qui semble être le principal contact de DSK lorsque ce dernier passer ses soirées dans le Nord. Les enquêteurs découvrent des milliers de messages échangés entre les deux hommes dans lesquels les filles sont désignées comme des "cadeaux" ou des "candidates". 

"Une consommation frénétique et parfois brutale"

Pour les juges c’est bien la preuve que DSK "était l’instigateur de ces soirées". "Pivot central et principal bénéficiaire, parfois exclusif, de ces rencontres sexuelles" où il était invité, l'homme politique aurait initié "la mise en place d'un système fondé sur la complaisance de son entourage", un système dédié à assouvir sa sexualité débridée et favorisant la prostitution. Les magistrats reconstituent une quinzaine de rencontres avec des prostituées entre 2008 et 2011. 

En 2012, DSK est convoqué puis placé en garde à vue. Il est ensuite mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et placé sous contrôle judiciaire. Au cours de ses interrogatoires, il se défend en monologuant sur le libertinage : "aucune des relations que j'ai pu avoir (...) autour du groupe d'amis de Fabrice Paszkowski ne m'est apparue comme tarifée. Il faut que vous compreniez quelque chose, le libertinage consiste à avoir des relations sexuelles libres et consenties. On pense ce qu'on veut sur le plan de la morale, mais elles ne sont pas tarifées (...). Je ne considère pas les femmes comme des objets dans le libertinage (...). Il n'y a eu aucun rapport brutal, aucune vision dégradée de la femme et aucune violence", assure-t-il. 

Mais certaines jeunes femmes interrogées par les enquêteurs ne sont pas de cet avis. Elles évoquent "une consommation frénétique et parfois brutale" de DSK et l’une d’entre elles va jusqu’à parler de "boucherie"

Aussi pour les magistrats, contrairement à ce qu’il prétend, DSK savait forcément que les jeunes femmes accompagnant ses amis lillois étaient des professionnelles. "Si la plupart des prostituées, sur instruction de Paszkowski, disaient avoir veillé à cacher la vérité à DSK, certaines filles le contredisaient", notent les enquêteurs.

La mise à disposition d'un local suffit à matérialiser l'infraction

Selon les magistrats de Douai, qui ont eu une lecture stricte du Code pénal, tous ces faits font bien de DSK un proxénète. Selon l'article 225-5, ce délit "est le fait, de quelque manière que ce soit, d'aider, d'assister ou de protéger la prostitution d'autrui, d'en tirer profit (...), d'embaucher, d'entraîner ou de détourner une personne en vue de la prostitution". La mise à disposition d’un local suffit donc à matérialiser l’infraction. C’est pourquoi les juges s’intéressent à un appartement de l’avenue d’Iéna, dans le 16e arrondissement parisien, "destiné à des relations sexuelles rétribuées" occupé par l'alors patron du FMI (mais loué par un ami). Ils considèrent que s'il n’a pas profité financièrement du système, il en a "tiré un profit immédiat" en nature. 

Toutefois, pour le parquet de Lille, les faits reprochés à DSK ne correspondent pas à des faits de proxénétisme tels qu’ils sont définis dans le Code pénal. Aussi, un non lieu a été demandé pour l’ancien ministre en juin. Alors que les juges d’instruction ont, malgré tout, renvoyé Dominique Strauss-Kahn devant un tribunal correctionnel pour "proxénétisme aggravé en réunion", ses avocats comptent utiliser l’analyse du parquet. "Dans ce dossier, on confond code moral et Code pénal", a prévenu Me Richard Malka, l'un des conseils de DSK, dans les colonnes de L'Express, tandis que Me Éric Dupond-Moretti a évoqué un "retour du puritanisme le plus abject" dans le JDD paru ce dimanche.L’ancien présidentiable sera entendu par la cour au fil de la deuxième semaine d’audience. Il encourt dix ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

 

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