Projet d'attentat déjoué : la justice néerlandaise autorise la remise d'Anis Bahri à la France
La justice néerlandaise a autorisé ce jeudi 25 la remise aux autorités françaises d'Anis Bahri, un Français de 32 ans arrêté à Rotterdam en mars et suspecté d'avoir participé, avec Reda Kriket, à un projet d'attentat en France.
"Le tribunal ne voit aucune raison de refuser votre remise (aux autorités françaises, ndlr) et l'autorise donc", a déclaré le juge Hans Kijlstra, lors d'une audience dans un tribunal très sécurisé de la banlieue d'Amsterdam, en présence du suspect.
"C'est clair", a répondu celui-ci en français, le juge s'assurant qu'il avait pu suivre la lecture de sa décision, à l'aide d'une interprète.
Anis Bahri, vêtu d'une chemise bleu clair et les cheveux gominés vers l'arrière, avait été interpellé dans la rue le 27 mars à Rotterdam (Pays-Bas) à la demande de Paris. Il avait alors sur lui une carte sim, un téléphone portable, une fausse carte d'identité bulgare et 772,75 euros en liquide.
Né à Montreuil, à l'est de Paris, et domicilié dans le Val-de-Marne, un département de la région parisienne, il est soupçonné d'avoir été mandaté par l'organisation Etat islamique (EI) pour commettre un attentat en France avec Reda Kriket, un ex-braqueur arrêté à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine, banlieue parisienne) quelques jours avant lui.
A l'issue de sa garde à vue, celui-ci avait été mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, c'est-à-dire en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte aux personnes", notamment.
Dans l'appartement de Rotterdam où séjournait Anis Bahri, avaient été retrouvés 45 kilos de munition, notamment deux types de balles, toutes deux utilisées dans des kalachnikovs. Ni explosif, ni armes n'avaient été saisis.
Il s'était opposé à son extradition, assurant avoir peur d'une condamnation à la perpétuité sans possibilité de libération et de "traitements inhumains" dans les prisons françaises. Des arguments que les juges ont rejetés, rappelant également que le parquet ne désirait pas entamer de poursuites aux Pays-Bas.
"Sur la base des informations dont nous disposons sur les conditions de détention en France, nous ne pouvons conclure qu'il n'existe pas un réel danger de tels traitements", a ajouté le juge lors de la lecture de sa décision, qui a duré une quinzaine de minutes.
Le suspect ne peut interjeter appel de cette décision, a affirmé le tribunal. Il n'existe pas de date limite pour que se réalise cette remise aux autorités françaises, selon le parquet.
Reda Kriket et Anis Bahri sont soupçonnés de s'être rendus en Syrie entre "fin 2014 et début 2015", selon le procureur de la République François Molins. Depuis leur retour, ils étaient suspectés "de faire des allers-retours entre la France, la Belgique et les Pays-Bas".
Selon la France, Anis Bahri se serait rendu dans un appartement d'Argenteuil (Val d'Oise, région parisienne), où avait été retrouvé un véritable arsenal : 105 g de TATP, substance explosive prisée des djihadistes du groupe Etat Islamique, mais aussi deux bidons de 10 et 15 litres contenant de l'acide, de l'eau oxygénée et de l'acétone.
Cette découverte et l'arrestation de Reda Kriket avaient permis, selon M. Molins, "d'éviter la commission d'une action d'une extrême violence par un réseau terroriste prêt à passer à l'acte".
Cette affaire est distincte de l'enquête sur les attentats de Paris et Bruxelles, même si certains liens entre des protagonistes ont pu être établis.
L'enquête sur le projet d'attentat avait pour origine des investigations en novembre 2015 sur un djihadiste présumé expulsé de Turquie. En travaillant sur ses relations, les enquêteurs sont remontés à Anis Bahri puis à Reda Kriket.
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