Strasbourg : elle se filme alors qu'elle est harcelée dans la rue (vidéo)

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La rédaction de France-Soir
Publié le 29 août 2018 - 17:04
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Un Français accusé en plein scandale #MeToo par plusieurs femmes de les avoir agressées en usant de son influence sur la scène culturelle suédoise, va être jugé pour viol
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© BERTRAND GUAY / AFP
Une nouvelle vidéo dénonçant le harcèlement de rue a été postée sur Facebook.
© BERTRAND GUAY / AFP
Une jeune étudiante a été harcelée dans la rue mardi dernier à Strasbourg. Elle a filmé la scène avec son téléphone portable et l'a publiée sur son compte Facebook.

Ce n'est malheureusement pas une scène singulière. Une jeune femme a été harcelée dans la rue à Strasbourg mardi 22 dans la soirée, elle a filmé ce moment et a publié la vidéo sur son compte Facebook pour dénoncer les agissements du groupe d'hommes qui l'a agressée.

Les faits se sont déroulés dans le quartier de l'Esplanade, vers 20h30 selon France 3 Grand-Est.

Caroline, étudiante de 24 ans, explique qu'elle s'était déjà fait importunée quelques minutes avant au même endroit. En repassant sur les lieux, elle a eu l'idée de filmer le groupe de jeunes en question. Partagée sur le réseau social bleu, la vidéo a été vue plus de 272.000 fois ce mercredi 29.

A voir aussi: Harcelée, Camille Cerf publie la vidéo sur Instagram

En passant à pied, alors qu'elle portait une simple jupe, elle a entendu "c'est bon, on le sait qu't'es mignonne!", ce à quoi elle a répondu.

"Woooh (...) Fais pas ta meuf ou j'te balaye! Baise ta mère!", s'est-elle alors vu répondre. Elle a alors commencé à dénoncer le harcèlement de rue dont les femmes sont victimes à Strasbourg mais aussi partout en France. La fin de la vidéo, durant laquelle elle parle, la voix tremblante, se termine par un juron. Sur Facebook, en description de sa publication, l'étudiante s'est excusée pour cet écart: "excusez (ou pas) mon langage à la fin. L'énervement".

Interrogée, elle a expliqué que "peu importe les lieux et la tenue", le harcèlement de rue touchait toutes les femmes.

"Un jour, un homme dans le tram m'a flanquée une énorme claque sur les fesses parce que je portais un legging. J'ai essayé de riposter, il s'est levé et m'a insulté de pute, de fille de pute pourquoi? Car j'ai riposté. Riposté car j'ai essayé de me défendre. De défendre un corps (…). Un jour, je me suis fait frapper violemment à la tête et j'ai pris des coups dans les jambes, car j'ai refusé des avances d'un groupe d'hommes en soirée. Un jour, je me suis fait traiter de pute et j'ai eu le droit à un «t'as qu'à pas t'habiller comme ça »: nous étions en hiver, j'avais un pull et un jeans noir et... des talons", s'est souvenue la jeune femme de 24 ans au micro de la chaîne de télévision locale.

Strasbourg, 20h30 ; trois minutes dehors. Ce soir, j'en ai marre. Ce soir, je suis fatiguée. Fatiguée pour moi, fatiguée pour ma mère, fatiguée pour mes cousines, pour mes soeurs, pour mes tantes, pour TOUTES LES FEMMES. Ce soir je suis en colère, ce soir je tremble. Je devrais peut-être m'excuser à vrai dire? m'excuser d'être une femme, dans un pays "libre", m'excuser d'essayer d'être jolie, m'excuser d'être coquette, m'excuser de porter une jupe sous 35 degrés. M'excuser de porter un jeans moulant, m'excuser de porter un haut un peu décolleté, parce qu'on est en 2018 et qu'on devrait pouvoir porter ce que l'on veut, sans avoir aucun problème ? Etrange, j'ai voyagé 8 mois en Nouvelle-Zélande, j'ai également fait Sidney et j'ai vécu un peu plus de deux mois au Canada (Toronto). Jamais, je dis bien JAMAIS là bas, je n'ai eu à supporter ça, jamais je n'ai eu à être fatiguée, en colère ou désolée. Tous les jours, c'est ce que NOUS vivons, des remarques à répétition. Un jour, un homme dans le tram m'a flanquée une énorme claque sur les fesses parce que je portais un legging. J'ai essayé de riposter, il s'est levé et m'a insulté de pute, de fille de pute pourquoi? Car j'ai riposté. Riposté car j'ai essayé de me défendre. De défendre un corps, de défendre MON CORPS. MON CORPS A MOI. Notre corps. Un jour, je me suis fait frapper violemment à la tête et j'ai pris des coups dans les jambes, car j'ai refusé des avances d'un groupe d'hommes en soirée. Un jour, je me suis fait traiter de pute et j'ai eu le droit à un "t'as qu'à pas t'habiller comme ça" : nous étions en hiver, j'avais un pull et un jeans noir et... des talons. Un soir, un jour, une matinée, en pleine nuit, je me suis pris une, deux, trois, quatre, 10000000 remarques. Des remarques, des gestes, des attouchements qui me font me sentir mal, qui me font me sentir sale, qui me dégoutent d'être une femme, d'être moi. Pourquoi? pourquoi devrais-je continuer à avoir peur en allant simplement au magasin en bas de chez moi à 20H30? Pourquoi devrais-je avoir peur en allant rejoindre une amie dans un bar le soir? pourquoi devrais-je avoir peur en allant chez mon copain en plein après-midi? pourquoi suis-je assimilée à une "PUTE" lorsque je décide de me maquiller et porter une robe? Pourquoi est-ce que je dois comprendre que je cherche les regards en faisant la "mignonne" en allant simplement acheter des pâtes avec une tête de déterrée, éreintée de ma journée, les cheveux gras et en pagaille? MAIS POURQUOI? alors non, je ne m'excuserai plus, non je ne garderai plus le silence. Parce qu'on doit baisser la tête de peur d'être frappée ou encore pire. Parce qu'on doit fermer les yeux, serrer les poings, les dents et ravaler nos larmes pour ne pas perdre le contrôle. Au nom de TOUTES les femmes qui subissent ça tous les jours. P.S : excusez (ou pas) mon Language à la fin. L'énervement. Partagez au maximum svp, je VEUX dénoncer ces comportements, dénoncer ces personnes et que TOUTES les femmes sachent qu'elles ne sont pas seules et que je continuerai, ON continuera à se battre.

Publiée par Caroline Ml sur Mercredi 22 août 2018

Le harcèlement de rue n'épargne en effet personne. Une célébrité, Camille Cerf qui a été élue Miss France 2015, a eu recourt au même moyen de dénonciation que l'étudiante strasbourgeoise vendredi 24. Harcelée alors qu'elle était à la terrasse d'un café, elle a publié la vidéo de la scène sur son compte Instagram.

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