Triple meurtre dans la Drôme : la responsabilité pénale du suspect en question

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 décembre 2016 - 08:24
Image
Les menottes.
Crédits
©Hadj/Sipa
L'auteur d'un crime ne peut être condamné si son jugement était "aboli" au moment des faits. Les juges peuvent en revanche le faire interner.
©Hadj/Sipa
Le principal suspect des trois meurtres commis lundi dans la Drôme va être examiné par des psychiatres chargés d'évaluer sa responsabilité pénale. Ces experts devront déterminer si son jugement était "aboli" au moment des faits, ce qui pourrait le dispenser de peine au profit d'un placement en institution spécialisée.

L'auteur présumé d'un triple meurtre dans la Drôme, hospitalisé d'office depuis lundi soir, reste muet sur le scénario de son périple sanglant. C'est maintenant aux experts en psychiatrie de se prononcer sur sa responsabilité pénale au moment des faits.

Le procureur de la République de Valence Alex Perrin a indiqué qu'il allait désigner dès mardi 27 deux experts psychiatres. Et une information judiciaire sera ouverte "d'ici la fin de la semaine", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Le suspect de 23 ans a été placé lundi soir en hôpital psychiatrique sous surveillance renforcée des gendarmes, son état ayant été jugé incompatible avec une garde à vue. Mais cela ne signifie pas qu'on a "d'ores et déjà tranché sur le problème de sa responsabilité pénale", a insisté le procureur.

Les enquêteurs doivent également déterminer si le suspect a des antécédents psychiatriques. Sa famille n'a pas encore été interrogée et lui-même est resté "mutique" depuis son interpellation. "C'est quelqu'un qui ne va pas parler, qui ne va pas donner d'explication par rapport à son comportement, ne va rien revendiquer", a relevé Alex Perrin.

L'homme est soupçonné d'avoir tué trois personnes âgées lundi à Chabeuil et à Montvendre, dans la périphérie de Valence. La première victime est une dame de 80 ans, retrouvée décédée par des proches lundi à 07h à son domicile de Chabeuil, frappée "d'un certain nombre de coups par arme blanche à la cage thoracique, mais pas exclusivement", selon le procureur. Une fenêtre a été fracturée.

A 4 km de là, à Montvendre, deux personnes âgées de 75 ans ont été découvertes sans vie par leur fils à 07h30. "Des traces de violence et de rixe entre les victimes et l'auteur des faits" ont été trouvées à leur domicile. Rien ne semble avoir disparu, à part leur véhicule, une C3 Citroën.

Avant d'être finalement arrêté à la gare TGV d'Avignon et placé en garde à vue à 10h25, le suspect aurait eu le temps de blesser trois autres personnes, dont deux grièvement. Le pronostic vital de l'une elles, une sexagénaire frappée à l'arrière du crâne à coups de pierre, reste engagé.

L'enchaînement précis des faits demeurait encore incertain mardi, mais une partie de l'équipée meurtrière du suspect a été reconstituée. Dimanche, le jeune homme originaire de Beauvais aurait pris le train à Marseille en direction de Paris, a priori sans billet. Auteur d'incidents pendant le trajet, il est débarqué en gare d'Avignon, puis reprend un nouveau train à 20h55 vers la capitale.

A 22h00, les gendarmes sont appelés et le suspect expulsé de nouveau du train, cette fois à la gare TGV de Valence, après des affrontements avec deux passagers et une serveuse dans la voiture bar.

Il tient alors des propos incohérents, demande à être hospitalisé et les pompiers sont appelés, a expliqué le procureur, ajoutant que l'homme indique "avoir un traitement médicamenteux". Il est déposé aux urgences du centre hospitalier de Valence par les pompiers, d'où il s'enfuit sans avoir été examiné par un médecin.

Selon le colonel de gendarmerie Lionel Herbeth, "l'individu est calme" à l'arrivée des forces de l'ordre. "Il n'est dangereux pour personne. Les personnes agressées dans le TGV n'ont pas souhaité porter plainte."

A ce moment, "on est dans une procédure normale, il n'y a pas de pouvoir de coercition", a insisté le procureur. Et les gendarmes à Valence ignorent alors que l'individu a fait l'objet quelques heures auparavant du même type d'intervention à Avignon.

Après avoir fui l'hôpital de Valence, il est aperçu à proximité, tentant d'arrêter des véhicules. Il aurait pu ensuite voler un vélo. Une bicyclette et une arme blanche ont été retrouvées près du site du deuxième et troisième meurtres.

Puis commence son périple sur l'A7 dans la C3 volée au couple de septuagénaires, ponctué d'agressions, dont l'une avec une batte de baseball contre un automobiliste qu'il avait percuté volontairement.

Sa voiture embourbée, un autre conducteur le prend à son bord. Il veut le déposer à l'hôpital car l'homme est blessé mais il se rend à la gare d'Avignon. C'est là qu'il sera interpellé "sans violence et sans rébellion". Ses vêtements sont ensanglantés. Il ne porte aucune arme sur lui.

 

À LIRE AUSSI

Meurtre de Marion : ouverture du procès de Yannick Luende-Batholo, la responsabilité pénale toujours en suspens
Le procès du meurtrier présumé de Marion, 14 ans, assassinée en mars 2012 dans la banlieue de Nantes, s'ouvre devant la cour d'assises. Les explications délirantes et ...
08 novembre 2016 - 15:58
Société
Image
Une allégorie de la Justice.
Isère : un psychiatre devant le tribunal à Grenoble après le meurtre d'un étudiant par un patient schizophrène
En 2008, un schizophrène lourd s'échappe de l'hôpital psychiatrique de Saint-Egreve et poignarde mortellement à Grenoble un étudiant. L'établissement et un psychiatre ...
08 novembre 2016 - 13:13
Société
Image
prison-isolement-cellule
Ensisheim : un détenu prend en otage un psychiatre à la maison centrale
Un psychiatre a été pris en otage ce jeudi matin par un détenu récidiviste à la prison d'Ensisheim dans le Haut-Rhin. Il demanderait à pouvoir se rendre sur la tombe d...
30 juin 2016 - 15:02
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.