Trois Anonymous devant la justice pour avoir mis en ligne les coordonnées de policiers
Ils risquent gros: jusqu'à cinq ans de prison et 300.000 euros d'amende. Trois hommes âgés de 22 à 27 ans, se réclamant de la mouvance des "Anonymous", doivent être jugés ce mardi 23 à Paris pour avoir divulgué et mis en ligne les coordonnées (noms, prénoms, adresses mails et numéros de portable) de 541 policiers, membres du syndicat SGP-FO. Les faits sont se produits au printemps 2012 peu après la fermeture, par le FBI, du site d'hébergement MegaUpload et à l'interpellation de trois internautes en France pour l'attaque du site internet d'EDF suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon.
De là, les Anonymous ont commencé à mener une série d'attaques informatiques. Toutefois, ils ont pu rapidement être identifiés en raison de leur imprudence, les apprentis hackers ayant vanté leurs exploits sur les réseaux sociaux. Un certain "Calin" avait alors annoncé sur son compte Twitter la prochaine mise en ligne des coordonnées des fonctionnaires de police: "Amis journalistes, vous allez entendre parler de nos amis policiers", avait-il écrit. En parallèle, un dénommé "Sunki" avait diffusé des liens permettant d'accéder à des sites hébergeant les données collectées. La DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieur) a ainsi pu remonter jusqu'à eux, interpellant trois apprentis hackers poursuivis pour association de malfaiteurs. Il risquent jusqu'à cinq ans de prison et 300.000 euros d'amende.
Quentin B., interpellé en juin 2012, est soupçonné d’avoir trouvé la faille permettant de pirater le site du syndicat de policiers. De son côté, Florent N., interpellé au même moment, est soupçonné de l’avoir exploitée en collectant les informations. Quant au troisième, arrêté quelques mois plus tard, il est suspecté d’avoir participé à la diffusion sur Twitter des données piratées. Les deux premiers prévenus sont également poursuivis pour le piratage des sites gouvernementaux modernisation.gouv.fr et immigration.gouv.fr.
En diffusant ces coordonnées, les hackers ont "objectivement et volontairement mis en danger les policiers, parce qu'ils sont policiers, et leurs familles", a déclaré Daniel Merchat, avocat d'une centaine de fonctionnaires parties civiles et du syndicat. De son côté, l'avocat d'un des accusés, Me Anne-Sophie Laguens, estime qu'ils ont permis de révéler les failles de sécurité du site du syndicat policier dont ils étaient membres. "Pourquoi est-ce que ce sont des gamins de 20 ans qui repèrent cette faille et vont en faire état ensuite? Que ce soit dommageable, je l'entends, ce n'est jamais très agréable d'avoir son adresse et son téléphone sur Internet. Maintenant est-ce qu'il y a un véritable préjudice? Je n'en suis pas certaine", a-t-elle notamment déclaré.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.