Un avocat jugé pour complicité avec des passeurs de clandestins

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 février 2016 - 09:01
Image
Une allégorie de la Justice.
Crédits
©Damien Meyer/AFP
L'avocat André Mikano comparaît ce lundi devant la cour d'appel de Paris accusé d'avoir franchi la ligne jaune en se faisant le complice de passeurs.
©Damien Meyer/AFP
Figure de la défense des étrangers clandestins en France, l'avocat André Mikano comparaît ce lundi devant la cour d'appel de Paris accusé d'avoir franchi la ligne jaune en se faisant le complice de passeurs.

En première instance, André Mikado avait été condamné, en décembre 2013, à deux ans de prison dont un ferme et 100.000 euros d'amende pour aide au séjour irrégulier en bande organisée par le tribunal correctionnel de Bobigny. Il sera rejugé aux côtés de six co-prévenus dont la tête du réseau et des passeurs présumés. La justice reproche à l'avocat d'avoir travaillé "sciemment" pour un réseau de passeurs qui faisait entrer en France des sans-papiers marocains de 2007 à 2010.

Au Maroc, les sans-papiers payaient 8.000 euros à leurs passeurs qui leur fournissaient des billets d'avion pour Paris. A Roissy, guidés dans les couloirs de l'aéroport par téléphone portable, ils tentaient d'échapper aux contrôles de la police aux frontières (PAF) pour entrer illégalement en France. S'ils étaient interpellés, c'est Me Mikano qui devrait œuvrer à leur libération en assurant leur défense au tribunal de Bobigny moyennant parfois 1.500 euros versés en liquide.

Le tribunal a estimé que l'avocat, grand spécialiste de la traque aux erreurs de procédure commise par la PAF, était "au courant des pratiques du réseau" avec lequel il travaillait.

Sa prestation aurait fait partie "d'un ensemble intégré de services" vendus par les passeurs aux migrants, à prix fixe et déterminé à l'avance, ont relevé les juges. Ils lui ont reproché aussi d'avoir "suscité la recherche et la production de faux garants", c'est-à-dire de personnes prêtes à attester, contre rémunération, qu'elles avaient l'intention d'héberger le sans-papier. Après le jugement, André Mikado avait dénoncé "un déni de justice" parlant d'une décision "politique".

L'avocat, reconnu par ses pairs comme l'un des plus compétents dans son domaine, s'estime visé depuis une quinzaine d'années par le parquet et la PAF, dont il dit être la bête noire.

Son avocat, Me Michel Stansal avait regretté une décision "de nature à terroriser les gens qui font ce métier". "Avocat, on ne défend pas des veuves et des orphelins. On défend des crapules, des bandits, c'est notre métier", avait-il lancé. Le barreau de Seine-Saint-Denis s'était quant à lui inquiété d'un procès qui touche "au principe" même du métier.

Dans une affaire similaire, où il était accusé de complicité dans un réseau d'immigration clandestine avec les Philippines, André Mikado a bénéficié d'une relaxe en 2014. Une décision saluée alors par la défense comme "juste" car protégeant "l'avocat dans ses missions".

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.