Un professeur de judo voulait faire écraser sa femme, son procès s'ouvre ce mercredi

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 août 2016 - 10:17
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Une allégorie de la Justice.
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©Damien Meyer/AFP
Le prévenu, jugé pour délit de mandat criminel, encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.
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Soupçonné d'avoir voulu faire tuer sa femme, en pleine instance de divorce, un professeur de judo est jugé ce mercredi en correctionnelle à Evry (Essonne). Le prévenu, qui avait engagé un homme de main et dont le projet a été stoppé à temps par les forces de l'ordre, encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

Un assassinat maquillé en banal accident de la route: le contrat n'a jamais été exécuté mais le commanditaire, un professeur de judo, soupçonné d'avoir voulu faire tuer sa femme pendant son jogging, est jugé ce mercredi 10 en correctionnelle à Evry (Essonne). A l'époque des faits, mi-2015, le prévenu, 44 ans, est en instance de divorce. Son épouse, dont il épiait le quotidien et dictait les tenues vestimentaires, l'a quitté un an plus tôt, lassée de ses crises de jalousie à répétition, selon plusieurs proches. Une séparation que le mari éconduit semble très mal supporter, tant sur le plan personnel - même s'il a refait sa vie peu après - que financier, avec la crainte d'un jugement de divorce défavorable.

Il élabore alors un plan macabre, dont il dira s'être inspiré en regardant la télévision: simuler un accident de voiture et écraser sa femme pendant son footing. Une vieille connaissance des tatamis lui fournit un exécutant prêt à accomplir la basse besogne. Mais ce dernier a davantage le profil de l'escroc que du tueur à gages et réclame à plusieurs reprises des acomptes. Le prof de judo refuse: il ne paiera pas avant le coup de fil des gendarmes l'informant du décès de son épouse. Placé en garde à vue pour une banale infraction au code de la route, le faux complice livre alors le tuyau aux policiers: on l'a mandaté pour tuer quelqu'un.

Cherchait-il à obtenir leur clémence ou a-t-il compris qu'il ne soutirerait pas d'argent? Lui explique, selon une source proche du dossier, qu'il souhaite collaborer car cette histoire est "trop lourde à porter" et qu'il "n'est pas un criminel". Les gendarmes de la section de recherches de Paris décident alors de placer leur informateur sous surveillance et l'escortent d'un agent infiltré, baptisé "Teddy". Le duo retrouve le judoka à deux reprises, d'abord à Paris puis à Corbreuse, un village du sud de l'Essonne, où réside son épouse.

Là-bas, il leur montre le chemin qu'elle emprunte, une photo récente et son emploi du temps. "Teddy" insiste pour obtenir une avance destinée à payer les hommes chargés de voler la voiture qui servirait à l'assassinat. Le mari cède et lui glisse 800 euros en petites coupures, nettoyées de son ADN, précise-t-il à ses deux interlocuteurs. Ainsi renseignés, les faux "tueurs à gage" devaient percuter la victime puis faire marche arrière pour s'assurer de son décès. Montant total du contrat: 6.000 euros.

Interpellé, le prévenu a reconnu en garde à vue avoir programmé l'assassinat de sa femme avant de minimiser les faits devant le juge d'instruction, expliquant ne pas avoir su faire "marche arrière", piégé selon lui par les relances répétées de l'exécutant recruté et de l'agent infiltré. "Mon client n'a jamais eu l'intention d'aller jusqu'au bout", estime François Artuphel, l'avocat de la défense. "A-t-on déjà vu un contrat exécuté pour 800 euros? Il les donne pour s'en débarrasser", ajoute-t-il. Me Artuphel, qui insiste sur "la très grande fragilité" du prof de judo à l'époque des faits, regrette également que les deux entrevues du trio n'aient pas été enregistrées. "Il est difficile de savoir ce qui s'est dit, on peut se demander s'il n'y a pas eu provocation", souligne-t-il.

Près d'un an après la découverte des faits, l'épouse, professeur de sport également, "vit toujours dans la peur qu'il y ait quelqu'un d'autre" pour la tuer, rapporte son avocate Karine Rousselot. "On a affaire à un manipulateur qui a fait bonne figure pendant la procédure de divorce - toujours en cours - pour gagner du temps et l'éliminer", ajoute-t-elle. Le prévenu, jugé pour délit de mandat criminel, encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

 

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