Voiture de police incendiée : trois suspects en détention provisoire, deux autres libérés
La justice a ordonné jeudi 2 le maintien en liberté de deux suspects et la confirmation ou le placement en détention provisoire de trois autres mis en examen pour l'attaque d'une voiture de police, incendiée alors que deux agents étaient à l'intérieur, a appris l'AFP de sources judiciaires. La cour d'appel de Paris a notamment ordonné l'incarcération d'un des mis en examen, Antonin B., 21 ans, qui avait été remis en liberté par une précédente décision, ce qui avait suscité la colère des syndicats de police. Elle a confirmé la détention provisoire de son frère cadet, Angel, 18 ans. Les deux autres mis en examen qui avaient été libérés, Bryan, 19 ans, et Leandro, 32 ans, ont vu leur contrôle judiciaire renforcé par la chambre de l'instruction, ont précisé ces sources. Après une longue audience à huis clos, les décisions ont été accueillies dans les larmes de soulagement ou de tristesse par la trentaine de camarades venus soutenir leurs amis ou leurs familles.
Un cinquième suspect, un Américain de 27 ans, avait été placé en détention provisoire un peu plus tôt par un juge des libertés et de la détention (JLD). Tous sont mis en examen notamment pour tentative de meurtre sur policiers, destruction et violences en bande organisée. Ils reconnaissent leur présence sur les lieux, le 18 mai à Paris, mais contestent avoir pris part aux violences. Les faits avaient eu lieu près de la place de la République, lorsqu'une contre-manifestation interdite avait dégénéré en marge d'un rassemblement inédit à l'appel de syndicats de police contre la "haine anti-flics". Les tensions sont récurrentes entre manifestants et forces de l'ordre depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail.
Des vidéos de la scène avaient tourné en boucle et provoqué une forte indignation. Sur les images, plusieurs individus cagoulés attaquent tour à tour la voiture, l'un brisant une fenêtre, un autre frappant un policier à l'intérieur, un autre encore cassant la vitre arrière à l'aide d'un plot métallique. Enfin, un individu lance un fumigène allumé dans la voiture, provoquant un embrasement et forçant un policier et sa collègue, légèrement blessés, à en sortir. Aucun des mis en examen n'est à ce stade soupçonné d'avoir lancé le fumigène. Les suspects ont été identifiés grâce à un témoignage anonyme. Mais il s'est avéré être celui d'un policier infiltré sur place, son nom apparaissant sur un procès-verbal par erreur. Les avocats des mis en examen dénoncent une enquête déloyale et sans preuves. "Nous avons bon espoir de faire annuler cette procédure", a dit l'un des avocats, Jérémie Assous.
S'il identifie les suspects, repérés dans de précédentes manifestations et proches de la mouvance "antifa" (antifascistes), le témoin ne les accuse pas tous d'avoir attaqué la voiture. Les enquêteurs estiment qu'Antonin est celui qui a lancé le plot sur la vitre arrière et pensent que le suspect américain a lancé un poteau sur le pare-brise avant. "Les syndicats de police ont tenté de faire pression, mais la justice a estimé qu'il n'y avait pas d'indices suffisants pour placer mon client en détention", s'est félicité l'un des avocats de Bryan, Antoine Vey. "Cette affaire est extrêmement peu transparente et extrêmement ambiguë. Mais aujourd'hui c'est un premier pas vers une enquête menée dans le calme et la sérénité", a ajouté Antoine Comte, avocat de Leandro.
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