Vol de tableaux : le procès de "l'homme-araignée" s'est ouvert ce lundi

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 janvier 2017 - 16:26
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Une allégorie de la Justice.
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©Damien Meyer/AFP
Le voleur présumé, dont le procès s'est ouvert ce lundi, a volé cinq toiles de Picasso, Matisse, Modigliani, Braque et Léger en 2010.
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Le procès du voleur présumé de cinq toiles de maître en 2010 au Musée d'art moderne de Paris s'est ouvert ce lundi devant le tribunal correctionnel de la capitale. Le butin est estimé à près de 100 millions d'euros par la mairie de Paris, propriétaire des toiles, mais jusqu'à 200 millions par certains experts.

C'est un des plus importants vols de tableaux des dernières années: le procès du voleur présumé de cinq toiles de maître en 2010 au Musée d'art moderne de Paris s'est ouvert ce lundi 30 devant le tribunal correctionnel de Paris. Cinq merveilles disparues de Picasso, Matisse, Modigliani, Braque et Léger. Un casse presque parfait portant la signature de "l'homme-araignée", Vjéran Tomic, 49 ans et quatorze condamnations au casier, autant un as de la varappe qu'un voleur talentueux, prélevant presque sans dégâts bijoux et toiles de maître chez de riches particuliers.

Arrêté en mai 2011, il avouera rapidement le vol du musée, sans jamais donner le nom de commanditaires. Peu avant le début de l'audience devant le tribunal correctionnel de Paris, aux journalistes qui l'interrogent, il répond, tout sourire: "quel rôle j'ai eu? Arsène Lupin". Au côté du gentleman cambrioleur autoproclamé, qui "rendrait bien les toiles à la police" s'il les avait encore, deux hommes, dont un de ses contacts réguliers, sont poursuivis pour recel. Tous trois comparaissent libres. Pour avoir dérobé ou recelé des trésors, "en bande organisée", ils encourent jusqu'à dix ans de prison. Une peine qui peut être doublée pour "l'homme-araignée", compte tenu de la récidive légale.

Cette nuit du 19 au 20 mai 2010, il est 3h30 quand la température chute brusquement au Musée d'art moderne de la ville de Paris. Une baie vitrée en plexiglas vient d'être descellée à l'aide d'une dévisseuse, le cadenas d'une grille coulissante sectionné: un homme est entré. La vidéo, de mauvaise qualité, ne permettra pas de l'identifier. La silhouette se glisse d'une salle à l'autre, vers la Nature morte au chandelier (1922) de Fernand Léger. Les rivets antivol fixés au tableau sont arrachés.

Voyant qu'aucune alarme ne se déclenche, l'audacieux continue sa déambulation. Aux enquêteurs, Tomic dira qu'il venait pour le Léger, ne pensant pas pouvoir arriver jusqu'à la robe jaune de La Femme à l'éventail (1919) d'Amedeo Modigliani. Mais la chance lui sourit et il s'enhardit à décrocher aussi Le Pigeon aux petits pois (1911) de Pablo Picasso, L'Olivier près de l'Estaque (1906) de Georges Braque et une Pastorale (1906) d'Henri Matisse, des toiles qui lui "plaisent".

Un butin estimé à près de 100 millions d'euros par la mairie de Paris, propriétaire des toiles, mais jusqu'à 200 millions par certains experts. "Des chefs-d’œuvre d'une valeur inestimable, qui dépasse de loin la valeur marchande", balaie le président de la 32e chambre, Peimane Ghalez-Marzban, qui souligne la "facilité déconcertante" avec laquelle le vol est commis en raison des "défaillances" de sécurité. Au musée cette nuit-là, les trois gardiens ne voient rien, les détecteurs de mouvement sont défaillants depuis deux mois et les alarmes déclenchées par des bris de vitre hors service.

C'est un renseignement anonyme qui mettra les policiers sur la trace de Tomic. Sa silhouette athlétique a été repérée autour de l'esplanade du Trocadéro, voisine du musée, les jours qui précédent le vol. Son téléphone ou celui de ses proches ont borné dans cette zone à la période du vol. Écoutes et surveillances permettent de reconstituer son emploi du temps à la sortie du musée: son téléphone le situe gare de Lyon puis dans un parking de Bastille. C'est là qu'il se serait délesté des tableaux au profit d'un premier receleur. Un second avouera avoir gardé les toiles un moment puis s'en être débarrassé, dans des poubelles.

Une thèse qui ne convainc pas les enquêteurs. Les toiles étaient certes invendables -- des artistes trop connus, un vol trop retentissant --, mais difficile d'imaginer qu'on renonce pour toujours au regard délavé de La Femme à l'éventail ou aux petits pois carrés du pigeon de Picasso. L'organisation policière internationale Interpol avait diffusé à ses 188 pays membres les photos et descriptions des cinq tableaux dérobés: une quête jusqu'ici restée vaine.

 

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