Réseau de pédocriminel démantelé en France, 55 personnes interpellés


Après dix mois d’enquête, 55 hommes ont été interpellés entre lundi dernier et, jeudi 22 mai 2025, par l’Office des mineurs (Omin), qui a annoncé le démantèlement d’un réseau de pédocriminalité grâce à la plateforme Telegram. Depuis l’arrestation du patron de la messagerie, Pavel Durov, en août dernier, les autorités policières reconnaissent “un progrès” dans la coopération.
Arrêté à son arrivée à l’aéroport du Bourget le 24 août 2024, Pavel Durov, milliardaire russe de 40 ans naturalisé français en 2021, avait fait l’objet d’un mandat de recherche émis par les enquêteurs français, notamment pour “complicité dans la diffusion de contenus pédocriminels” et d’autres infractions liées à l’utilisation de sa plateforme.
De “bons pères de famille” liés à des pédocriminels “dangereux”
Cette arrestation s’inscrivait dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris, visant notamment des faits commis en bande organisée, l’administration d’une plateforme en ligne facilitant des transactions illicites, ainsi que le refus de coopérer avec les autorités judiciaires. Après quatre jours de garde à vue, Durov avait été mis en examen pour douze chefs d’accusation, dont la complicité dans la diffusion de contenus pédopornographiques, le trafic de stupéfiants, le blanchiment d’argent et la fraude. Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire français et l’obligation de pointer deux fois par semaine au commissariat, assortie d’une caution de cinq millions d’euros.
À la même période, des pédocriminels agressant des enfants et mettant en ligne leurs actes sur Telegram étaient arrêtés. Mis en examen pour traite d’être humains, ils encourent la perpétuité. Ces arrestations lancent une enquête qui a abouti finalement cette semaine à l’interpellation de 55 personnes dans 42 départements de la France.
Agés de 25 à 75 ans, ces “bons pères de famille” sont des professeurs, grand-parents ou prêtres, qui ont des antécédents de pédopornographie et qui viennent de tous les milieux. Régulièrement en contact avec des enfants, qu’ils soient leurs élèves ou leurs petits-enfants, ils échangeaient sur l’application Telegram. Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel de l’Ofmin, souligne leurs liens avec les pédocriminels “extrêmement dangereux” arrêtés l’été dernier.
Certains ont déjà été présentés à la justice dans le cadre de la comparution immédiate. D’autres doivent encore attendre, le temps que les enquêtes permettent de “matérialiser les faits”. Des mis en cause se vantaient d'abuser d'enfants pendant leur sommeil mais affirment ne pas être passés à l'acte. Un autre ne parvient pas expliquer pourquoi il a acheté des sous-vêtements à une petite fille de 8 ans de son entourage.
À ce stade, ces hommes ont été interpellés pour détention, diffusion et consultation habituelle de contenus pédopornographiques concernant des enfants de “moins de 10 ans”.
"Derrière ces abuseurs avérés d'enfants, il a fallu dix mois d'enquête pour parvenir à ce coup de filet. Dix mois d'infiltration de milliers d'échanges, d'analyse et de détection d'images pédos par une task force montée à l'Ofmin", a expliqué le commissaire Bevan.
Des progrès dans la coopération avec Télégram
Dans sa déclaration de presse, le chef du pôle opérationnel de l’Ofmin évoque la coopération de l’application de messagerie privée, Telegram, qui "reste toujours la plateforme privilégiée" et un "repaire de pédocriminels", notamment depuis la fermeture de la plateforme Coco en juin 2024 suite à plusieurs affaires liées à de la pédopornographie. Tout en considérant que la plateforme remplit “à peine le minimum de ses obligations légales”, il reconnaît des progrès dans la coopération entre l'application de messagerie et les enquêteurs depuis l'interpellation de son patron.
On apprend qu'un des 55 hommes interpellés en France cette semaine dans le cadre de cette opération s'est défenestré ce vendredi matin à Strasbourg (est) et a été hospitalisé, a indiqué la procureure de la République.
Il devait comparaître dans l'après-midi devant le tribunal de Strasbourg, a déclaré à l'AFP la procureure.
L'homme s'est jeté du troisième étage d'un bâtiment de la banlieue strasbourgeoise, a précisé son avocat Michael Wacquez. "Son pronostic vital est engagé", a-t-il ajouté.
Salarié d'un établissement pour personnes âgées, il est également "évêque" de l'Église gallicane, une association qui se présente comme chrétienne mais qui est séparée de l'Église catholique et n'est reconnue par aucune confession.
Il fait partie des cinquante-cinq hommes arrêtés partout en France entre lundi et jeudi dans le cadre d'une vaste opération de démantèlement d'un réseau de pédocriminalité qui échangeait sur la plateforme Telegram.
Pavel Durov affirme que Telegram bloque des millions de comptes chaque année lorsqu’ils enfreignent la loi, et qu’en 2025, la plateforme a transmis des informations sur plus de 22 000 utilisateurs aux autorités.
Toujours sous contrôle judiciaire, la justice française lui a récemment refusé la permission de se rendre pour raisons professionnelles aux États-Unis, au motif que ce déplacement n'apparaissait "pas impérieux ni justifié".
Le weekend dernier, lors de la présidentielle roumaine, Pavel Durov accusait ouvertement Paris d’ingérence dans le scrutin. Dimanche, le fondateur de Telegram a publié une série de messages sur les réseaux sociaux, affirmant que la DGSE, et plus spécifiquement son directeur Nicolas Lerner, lui avait demandé de “réduire au silence les voix conservatrices en Roumani”» sur sa plateforme. Durov a affirmé avoir “fermement refusé” de se plier à cette demande..
Ces accusations ont été immédiatement démenties par le Quai d’Orsay et la DGSE, qui ont dénoncé des “allégations totalement infondées” et rappelé que leurs échanges avec Durov concernaient “exclusivement la lutte contre les menaces terroristes et pédocriminelles”. Les autorités françaises ont qualifié la sortie de Durov de “manœuvre de diversion”.
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