Les Docteurs des Puissants : Le Dr Max Jacobson alias « Dr Feelgood et ses cocktails administrés » à JF Kennedy


En 2023, France-Soir cherchant des informations sur l’état de santé du président Macron, s’est lancé à la recherche du Dr Jean-Christophe Perrochon, mystérieux médecin de l’Élysée, dont le rôle discret auprès des présidents français intrigue. Aurait-il assisté le président Macron à ne pas remplir ses promesses de campagne, d’être transparent et de fournir ses bulletins de santé ? Cette investigation nous a inspiré une série inédite, "Les Docteurs des Puissants", où nous explorons les relations intimes et souvent controversées entre les médecins et les dirigeants qui ont façonné l’histoire. Que font-ils pour soigner ces figures ? Que murmurent-ils à leur oreille dans le secret des consultations ?
Après le Dr Theodor Morell et Adolf Hitler, puis le Dr Claude Gubler et François Mitterrand, ce troisième chapitre se focalise sur le Dr Max Jacobson, alias "Dr Feelgood", et John F. Kennedy. Il explore le lien controversé entre Jacobson et JFK, un président charismatique miné par la maladie, jusqu’à son tragique assassinat, soulevant la question éminemment importante : la santé d’un président influence-t-elle la destinée de la nation ?
Max Jacobson : Le "Dr Feelgood" et son Rôle auprès de Kennedy
John F. Kennedy, 35e président des États-Unis de 1961 à 1963, incarnait la jeunesse et la vigueur, mais vivait avec un éventail de problèmes de santé. Dès l’enfance, il souffrait de colites fréquentes, d’infections intestinales, de fièvres récurrentes et d’une faiblesse générale, le clouant souvent au lit. À l’adolescence, des allergies (poussière, poils d’animaux) et un possible asthme compliquaient son état. En 1947, à 30 ans, il est diagnostiqué avec la maladie d’Addison, un déficit rare des glandes surrénales provoquant fatigue extrême, hypotension, perte de poids, teint bronzé anormal et risque de crises mortelles si non traité. Une blessure de guerre en 1943, lors du naufrage de son bateau PT-109 dans le Pacifique, aggravait des douleurs dorsales chroniques, dues à une hernie discale, une usure vertébrale et une scoliose congénitale. Deux chirurgies du dos (1954, 1955) échouent partiellement, laissant des douleurs invalidantes, l’obligeant à utiliser béquilles ou un corset. Infections urinaires, liées à des cathéters post-opératoires, et maux de tête occasionnels s’ajoutaient. Le stress de la présidence – campagne de 1960, Baie des Cochons, crise des missiles de Cuba – exacerbait fatigue, insomnie et tensions physiques.
Le Dr Max Jacobson, un médecin allemand émigré aux États-Unis dans les années 1930, entre en scène en 1960, pendant la campagne présidentielle. Surnommé "Dr Feelgood" par ses patients, dont des célébrités comme Truman Capote, Marilyn Monroe ou Tennessee Williams, Jacobson n’était pas le médecin officiel de la Maison Blanche, un rôle tenu par des praticiens comme le Dr Janet Travell, spécialiste de la douleur, et le Dr George Burkley, amiral et médecin naval.
Selon des archives et The Dark Side of Camelot de Seymour Hersh (1997), Kennedy, séduit par ses effets rapides, fait appel à Jacobson en privé. Son rôle : administrer des traitements audacieux pour doper l’énergie et soulager la douleur, suivant JFK en déplacements, de New York à des sommets comme Vienne en 1961, de 1960 jusqu’à son assassinat en 1963.
L’entourage, alarmé par ses méthodes non conventionnelles, le surveillait, mais Kennedy, attaché à ses soins, le maintenait à ses côtés, parfois contre l’avis des médecins officiels.
Les traitements détaillés administrés à JFK
JFK se voit administrer toutes formes de traitements :
- Cocktails d’injections : Jacobson administrait des mélanges d’amphétamines (probablement méthamphétamine), stéroïdes, vitamines (B12, C), hormones (testostérone ou extraits thyroïdiens) et parfois enzymes, injectés régulièrement – des rapports suggèrent 3 à 4 fois par semaine, voire plus en périodes intenses – pour booster l’énergie et atténuer la douleur.
- Stéroïdes : pour la maladie d’Addison, des corticostéroïdes (cortisone, hydrocortisone) en pilules ou injections, souvent prescrits par d’autres médecins, stabilisaient les hormones surrénales, vitaux pour éviter un collapsus. Jacobson les intégrait parfois à ses mélanges.
- Analgésiques : la procaïne, un anesthésique local, était injectée dans le dos pour calmer les douleurs chroniques, parfois combinée à ses cocktails. Des antidouleurs oraux, comme le mépéridine (Demerol), étaient aussi utilisés, selon des archives.
- En soutien général : vitamines, enzymes, extraits placentaires et parfois novocaïne visaient à contrer la fatigue des discours, voyages et crises. Le Dr Travell complétait avec des basculements pelviens et des injections de novocaïne pour le dos, tandis que Burkley supervisait les bilans généraux.
Selon des témoignages cités par Hersh et des proches, Jacobson vantait ses injections comme un moyen de redonner force et clarté, rassurant JFK sur sa capacité à exceller. Des membres du staff, dans des récits d’époque, notent que le médecin promettait une vitalité accrue, renforçant la confiance de Kennedy avant des moments clés, comme le sommet de Vienne avec Khrouchtchev en 1961, où il devait projeter force face au leader soviétique.

Quels effets sur JFK ? Les cocktails d’amphétamines dopaient l’énergie, l’enthousiasme et la prestance, aidant JFK à briller dans ses discours, débats télévisés contre Nixon en 1960, et à gérer la crise des missiles de 1962. Cependant, ces stimulants risquaient l’irritabilité, l’insomnie, une élévation de l’humeur excessive et une dépendance potentielle, bien que non formellement prouvée. Les stéroïdes stabilisaient l’Addison, but causaient gonflements, fragilité osseuse, vulnérabilité aux infections et, à long terme, un risque d’ostéoporose. La procaïne et le Demerol apaisaient temporairement le dos, mais les effets s’estompaient vite. L’entourage s’inquiétait : les mélanges non contrôlés de Jacobson, hors supervision médicale standard, divergeaient des soins prudents de Travell et Burkley.
Ces produits sont-ils toujours utilisés ? Les amphétamines, courantes alors, sont strictement régulées en 2025, limitées à des cas comme le TDAH (ex. dextroamphétamine). Les corticostéroïdes (cortisone) restent standards pour l’Addison ou l’inflammation. La procaïne et la novocaïne sont rares, supplantées par des anesthésiques plus sûrs. Le Demerol (mépéridine) est moins prescrit, remplacé par des opioïdes mieux tolérés. Les cocktails mixtes de Jacobson, non régulés, sont abandonnés, jugés dangereux.
L’assassinat de Kennedy et la fin du rôle de Jacobson
Le 22 novembre 1963, John F. Kennedy est assassiné à Dallas, Texas, par Lee Harvey Oswald, un événement tragique qui secoue le monde. Ce jour-là, selon des archives et des enquêtes historiques, Kennedy avait reçu une injection de Max Jacobson avant de partir pour le Texas. Des témoignages, relayés par The Dark Side of Camelot et des proches, indiquent que Jacobson, présent à Washington ou en contact étroit, administrait souvent des doses avant des déplacements pour maintenir l’énergie de JFK face à un emploi du temps chargé – défilé, discours, rencontres publiques. Cependant, aucune preuve ne montre que Jacobson était physiquement à Dallas lors de l’assassinat. Son rôle se limite à une injection préalable, probablement un cocktail d’amphétamines, vitamines et peut-être stéroïdes, pour contrer la fatigue et la douleur dorsale. Rien n’indique que ce traitement ait altéré la vigilance ou la sécurité de Kennedy, la tragédie étant liée à des failles de protection et à l’acte d’Oswald, comme conclu par la Commission Warren (1964).
Après l’assassinat, Jacobson n’est plus sollicité par la Maison Blanche, son influence s’évanouit, et il fait face, dans les années 1970, à des enquêtes pour ses pratiques, perdant sa licence médicale en 1975 pour usage abusif d’amphétamines.
Inquiétudes sur l’image publique de JFK
L’image de Kennedy, symbole de vitalité, contrastait avec sa réalité fragile. Pendant sa présidence, peu de soupçons émergent : la presse, selon l’historien Robert Dallek, respectait une discrétion traditionnelle, et les bulletins de la Maison Blanche, via le Dr Travell ou Burkley, évoquaient une santé solide, minimisant les maux en « douleurs dorsales » de guerre. Quelques journalistes et observateurs notaient une raideur, un corset ou une fatigue, mais sans enquêtes majeures.
Après l’assassinat, les révélations des années 1970, via des articles (New York Times, 1972) et des livres comme celui de Hersh, exposent la maladie d’Addison et les injections de Jacobson. Le public et les médias s’inquiètent rétrospectivement : comment un président si malade gérait-il la Guerre froide, les crises nucléaires ?
Cette dissonance entre l’image “Camelot” et la vérité a alimenté un débat durable.
Le droit à la transparence et l’information des citoyens
La santé cachée de Kennedy a ravivé la question du droit à la transparence.
À l’époque, aucune loi n’imposait de révéler l’état de santé d’un président, et la dissimulation, héritée de Roosevelt, était courante. Après 1963, les révélations sur les traitements risqués de Jacobson ont choqué, poussant journalistes et citoyens à revendiquer l’information : la santé d’un leader, cruciale pour sa lucidité et ses décisions, est-elle un enjeu public ? Dans une ère de tensions nucléaires, cette opacité pouvait-elle risquer la nation ? Depuis, les bilans médicaux des présidents sont plus réguliers, bien que débattus.
En 2025, la transparence est vue comme un pilier démocratique, équilibrant vie privée et droit des citoyens à juger l’aptitude au pouvoir.
Un rôle au cœur du pouvoir
La relation entre Max Jacobson et John F. Kennedy mêlait audace et controverse. "Dr Feelgood", un outsider audacieux, dopait un président fragile pour affronter crises et projecteurs. Ses injections ont soutenu JFK, de la campagne à ses derniers jours, mais alarmé son entourage. Jacobson jouait avec les limites de l’éthique : ses cocktails non régulés, administrés sans contrôle rigoureux, défiaient les normes médicales, risquant la santé d’un leader et soulevant des questions morales.
Soins ou imprudence ? Ce médecin a façonné la vitalité apparente de Kennedy, laissant un legs trouble, où la santé d’un président croise le destin d’une nation.
Prochain volet : Le volet chinois avec le Dr Li Zhisui de Mao Zedong, les médecins-conseils des bureaucrates de l’Union européenne, puis retour en France avec l’absence de bulletins de santé d’Emmanuel Macron malgré ses promesses de campagne – un silence en guise de transparence. D’autres articles sur les liens entre les médecins et les sportifs comme Richard Virenque “dopé à son insu” évoqueront les recherches de performances de certains sportifs. Combien d’hommes politiques pourraient dire comme Virenque ? Restez à l’écoute !
Sources : The Dark Side of Camelot (Hersh, 1997), An Unfinished Life (Dallek, 2003), JFK: Reckless Youth (Hamilton, 1992), archives, presse.
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