Affaire du Levothyrox : mise en examen de l’Agence nationale de sécurité du médicament pour “tromperie”

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FranceSoir
Publié le 14 décembre 2022 - 11:25
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L'ANSM a annoncé avoir été mise en examen, le 5 décembre, pour "tromperie" dans l'affaire du Levothyrox.
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L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé lundi 5 décembre avoir été mise en examen pour tromperie, dans un communiqué. L’ANSM est mise en cause par le juge d'instruction en charge de l’affaire sur la nouvelle formule du Lévothyrox, un traitement contre la thyroïde. Une décision de justice qui fait suite aux plaintes de l’association Alerte Thyroïde, dont la fondatrice a exprimé sa “satisfaction” quant à l’état d’avancement de l’instruction.

L’Agence nationale de sécurité du médicament a procédé en 2017 à la modification de la formule du Lévothyrox, un médicament qui remplace la thyroxine naturelle lorsque celle-ci n'est plus suffisamment sécrétée par la thyroïde. La nouvelle composition posait problème et plus de 30 000 patients ont constaté des effets secondaires comme des crampes, des maux de tête, des vertiges et parfois même la perte de cheveux. La justice procède à l’ouverture d’une enquête pénale en mars 2018 à Marseille.

Avant l’ANSM, le laboratoire Merck

La nouvelle formule et ses effets secondaires suscitent ainsi une action collective de 1 100 plaignants, lancée en septembre 2021 devant le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis). L’ANSM était accusée de "défaut de vigilance" et de "défaut d'anticipation".

Suite à sa mise en examen, l'Agence nationale du médicament a fait part de son engagement à “apporter toute sa contribution à la manifestation de la vérité”. Par la même occasion, l’agence “conteste fermement les reproches formulés à son encontre” car, affirme-t-elle, “aucune infraction pénale n'a été commise”.

L’ANSM poursuit dans son communiqué n’avoir “jamais nié les difficultés rencontrées par certains patients au moment du passage à la nouvelle formule du Levothyrox et se préoccupe de manière constante et quotidienne de la sécurité et de la santé des patients”. En juin 2019, l’agence annonçait les résultats d’une étude sur plus de deux millions de patients. Sa conclusion : la nouvelle formule n'avait pas provoqué de "problèmes de santé graves”.

Le Lévothyrox est utilisé quotidiennement par 2,5 millions de patients en France. Ces chiffres proviennent du laboratoire Merck, dont la filiale française a également été mise en examen en octobre 2022 pour “tromperie aggravée”, par le pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille.

L’importation de l’ancienne formule prolongée

La mise en examen de l’agence nationale de sécurité du médicament, qui permet l’accès aux produits de santé en France et qui garantit leur sécurité tout au long de leur cycle de vie, satisfait ainsi l’une des parties plaignantes, à savoir l’association Alerte Thyroïde, basée à Mougins et sa présidente fondatrice, Anne-Catherine Colin-Chauley.

"J'avais demandé la mise en examen de l'ANSM dès mes dépôts de plainte", a-t-elle déclaré, citée par France Info. Cette association s'est constituée partie civile auprès de ses 1 500 adhérents et demande à la justice l'annulation du brevet de la nouvelle formule.

Elle a également interpellé le ministre de la Santé sur le fait que moins de moins de 100 000 patients prennent l'ancienne formule du Levothyrox, à savoir l’Euthyrox. Alerte Thyroïde a pour objectif de pérenniser l'ancienne formule sur le territoire français à travers un allongement des délais d’importation. Une requête satisfaite mardi 6 décembre, par le bureau du médicament de la Direction générale de la santé, qui a confirmé la prolongation de l'importation de l'ancienne formule du Levothyrox pour 2023.

Une “information cruciale pour les patients qui n'ont plus de thyroïde car ces derniers ne voulaient pas changer de traitement suite aux désordres provoqués par la nouvelle formule du Levothyrox. Ils avaient décidé pour la plupart de ne rien prendre d'autre, ce qui aurait provoqué leur mort", a déclaré Anne-Catherine Colin-Chauley.

Sur Twitter, les internautes n'ont pas manqué de souligner que l'affaire du Levothyrox devraient désormais amener à mettre en cause l'évaluation de l'ANSM à propos des vaccins contre le Covid-19.

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