Les mesures de confinement n'ont eu aucun effet sur la mortalité Covid, d'après l'Université Hopkins

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FranceSoir
Publié le 03 février 2022 - 17:30
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L'université Johns Hopkins.
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bme.jhu.edu
L'université Johns Hopkins à Baltimore.
bme.jhu.edu

Une étude scientifique issue de la prestigieuse université Johns Hopkins devrait mettre un point final au débat politique et médiatique autour de la question des coûts et des avantages des mesures de confinement. La conclusion est sans appel : peu, voire pas d’effets sur la mortalité liée au Covid-19, mais un coût économique et social désastreux.

Une analyse qui, du reste, confirme en tout point celle qui avait été rédigée par Xavier Azalbert (directeur de la publication de FranceSoir) et le Dr Gérard Delépine (chirurgien oncologue et statisticien) plus d'un an auparavant, que nous avions publiée. À ce moment-là, le journal Le Monde, évoquant notre analyse, s'était fendu de commentaires diffamatoires à l'endroit de notre ligne éditoriale, qu'il qualifiait de « complotiste » et de « covido-sceptique ».

Voir aussi : Le confinement, tout ce que l'on ne vous a pas dit : aberration humaine, sanitaire, économique

Une revue systématique des études sur le confinement, qui confirme une absence d’efficacité

Ces chercheurs ont réalisé une importante méta-analyse dans l’objectif de déterminer s’il existait des preuves empiriques qui soutiennent la croyance selon laquelle les mesures de confinement réduiraient la mortalité liée au Covid-19.

Les auteurs de ce travail scientifique d’analyse sont au nombre de trois : Steve H. Hanke, professeur d'économie appliquée et codirecteur de l'Institute for Applied Economics and the Study of Business Enterprise à l'université Johns-Hopkins de Baltimore, aux États-Unis ; Lars Jonung, professeur émérite d'économie à l’université de Lund en Suède et ancien conseiller économique en chef du Premier ministre Carl Bildt ; et Jonas Herby, conseiller spécial au Centre d’études politiques de Copenhague.

Ces chercheurs ont eu recours à la recherche systématique et à une procédure de sélection qui ont abouti à l’identification de 18 590 études concernant la problématique. Après filtrage, 34 études ont été retenues. De ces 34 études, 24 d’entre elles correspondaient aux critères d’inclusion.

L’analyse de ces études conduit à une conclusion formelle : « Les mesures de confinements ont eu peu, voire aucun effet lié à la mortalité au Covid-19 », écrivent les auteurs. Dans le détail, au cours de la première vague du Covid-19 au printemps 2020, les mesures de confinement – les politiques qui restreignent la liberté de circulation, imposent la fermeture des commerces et des écoles, interdisent le voyage à l’étranger - ont conduit à une réduction de la mortalité liée au Covid de seulement… 0,2 % en moyenne. S’agissant des mesures d’isolement, la baisse de mortalité est de 2,9 %, selon une moyenne pondérée basée sur la précision.

Comme le soulignent les auteurs, il existe des différences entre les études, certaines trouvant une augmentation de la mortalité liée au Covid-19 suite au confinement, d’autres concluant au contraire à une baisse de cette mortalité. Elles peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs comme la durée de l’étude ou l’inclusion d’autres types de mesures sanitaires.

Quoi qu’il en soit, il n’y a « aucune preuve concluante que les mesures d’isolement ont eu un impact notable sur la mortalité par Covid-19 », rapportent les chercheurs qui soulignent que leurs conclusions s’accordent avec les résultats de l’étude Preparedness for a High-Impact Respiratory Pathogen Pandemic [Nuzzo et al. (2019)]: « Dans le contexte de circulation d’un agent pathogène des voies respiratoires dont l’incidence est élevée, la quarantaine est probablement la mesure sanitaire la moins efficace pour contrôler sa propagation en raison d’une haute transmissibilité. »

Elles concordent aussi avec une étude de l’Organisation mondiale de la Santé datant de 2006 : “Nonpharmaceutical Interventions for Pandemic Influenza, National and Community Measures”. Cette dernière portait sur les mesures sanitaires adoptées au cours de la grippe espagnole qui avait frappé le monde en 1918, infectant selon les estimations 500 millions de personnes parmi lesquelles 20 à 50 millions trouveront la mort : « Les mesures de distanciation sociale n'ont pas arrêté ou même réduit radicalement la transmission [...] À Edmonton, au Canada, l'isolement et la quarantaine ont été institués ; les réunions publiques interdites ; les écoles, les églises, les universités, les théâtres et autres lieux de rassemblement publics fermés ; et les heures d'ouverture restreintes sans impact évident sur l'épidémie. » L’étude de l’OMS le souligne : « L’isolement forcé et la quarantaine sont des mesures inefficaces et impraticables. »

Suivisme et prévisions fantaisistes, causes de confinements au coût économique et social désastreux

Les chercheurs soulignent que si les mesures de confinement n’ont donné aucun résultat probant sur la mortalité liée au Covid-19, elles ont, en revanche, entrainé un coût social et économique désastreux : « Bien que cette méta-analyse conclue que les confinements ont eu peu ou pas d'effets sur la santé publique, ils ont causé d'énormes coûts économiques et sociaux là où ils ont été adoptés », constatent-ils. Et d’en déduire : « En conséquence, les mesures de confinement sont dénuées de fondement et devraient être rejetées en tant qu’instrument politique de lutte contre la pandémie. »

L’attention est aussi attirée sur l’absence de lien de causalité entre les décisions des décideurs politiques d’instaurer des mesures de confinement et gravité de l’épidémie. Leur mise en place n’est en vérité due qu’à une politique de suivisme : « Les politiques gouvernementales mises en œuvre sont fortement motivées par les politiques initiées dans les pays voisins plutôt que par la gravité de la pandémie dans leur propre pays », observent les chercheurs qui insistent : « Ce n'est pas la gravité de la pandémie qui motive l'adoption de mesures confinements, mais plutôt la propension à copier les politiques initiées par les pays voisins ».

Par ailleurs, ils rappellent que la politique de confinement strict s’est fondée sur les prévisions catastrophistes de l’épidémiologiste britannique de l’Imperial College, Neil Ferguson. Selon le modèle mathématique de Ferguson et de son équipe, publié dans un document du 16 mars 2020, le confinement strict réduirait la mortalité par Covid de 98 %, soutenant par ailleurs qu'en l'absence de mesures pour freiner la propagation de l'épidémie, le virus était susceptible de causer 510 000 morts au Royaume-Uni et plus de 2,2 millions aux États-Unis.

Dans ce rapport, l'Imperial College testait les stratégies de mitigation (ralentir la propagation du virus sans forcément la stopper) et de suppression (confinement strict), afin d'en déduire leurs effets. Ferguson et son équipe estimaient alors que la stratégie de mitigation pouvait entraîner jusqu'à 250 000 morts au Royaume-Uni, et qualifiaient l'autre stratégie, celle du confinement, d'« option politique privilégiée » pour réduire le nombre de décès liés au Covid-19.

Le document du 16 mars de l'Imperial College est, depuis, considéré comme ayant eu un impact important sur les gouvernements, puisqu'il aurait fait changer de stratégie le Premier ministre britannique, Boris Johnson (qui visait d'abord l'immunité collective), incitant d'autres chefs d'État à mettre en place des mesures de distanciation sociale et de confinement strict.

Des prévisions que l’épidémiologiste de l’INSERM, Laurent Toubiana, n’avait pas hésité à qualifier de « charlatanisme » en septembre 2020 sur le plateau de BFMTV. Et pour cause : Neil Ferguson n’en était pas à son premier coup d’essai en matière de prédictions apocalyptiques erronées. Coutumier du fait, l’épidémiologiste s’illustre dès 2005 en prédisant jusqu'à 150 millions morts de la grippe aviaire dans le monde, un mauvais calcul, puisque 282 personnes sont finalement décédées de la maladie entre 2003 et 2009. En 2009, une nouvelle prédiction de Ferguson avançait que la grippe H1N1 pourrait emporter jusqu’à 65 000 personnes au Royaume-Uni. Au bout du compte, la maladie avait tué 457 britanniques.

D’autre part, le "Monsieur confinement" du Royaume-Uni avait été accusé de ne pas lui-même croire dans le péril sanitaire qu’il prophétisait et dans le protocole sanitaire qu’il préconisait, après que le quotidien britannique The Telegraph avait révélé les discrètes visites de sa maitresse à son domicile… en plein confinement. Ayant été pris la main dans le sac en train d’enfreindre les règles en faisant venir cette femme mariée chez lui, le conseiller scientifique du gouvernement britannique avait donné sa démission.

À l’heure où plusieurs pays européens comme l’Angleterre et le Danemark mettent fin à l’intégralité de leurs restrictions sanitaires, reste à savoir si la publication de cette méta-analyse de l'université Johns Hopkins conduira le gouvernement Macron à suivre la science et à faire amende honorable. Il est permis d’en douter.

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