L'Assemblée adopte un moratoire pour geler la fermeture des maternités


Jeudi 16 mai, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture un moratoire de trois ans sur la fermeture des maternités. Une réponse d’urgence à la hausse inquiétante de la mortalité infantile en France, portée par le groupe centriste Liot, et votée à une large majorité.
Des enfants meurent, la fracture territoriale s'agrandit, et l’accès aux soins s'amenuise dans le même temps. Jeudi soir, l’Assemblée nationale a voulu répondre en approuvant à une majorité écrasante un moratoire de trois ans sur les fermetures d’établissements. Une victoire inattendue du groupe Liot, qui dénonce le lien direct entre l’allongement des trajets jusqu’à la maternité et l’augmentation de la mortalité infantile. Entre 2011 et 2024, le taux de décès des nouveau-nés est passé de 3,5 à 4,1 pour 1000 naissances vivantes, une tendance que le député Paul-André Colombani qualifie d’« alarmante », rappelant que la France se classe désormais 23e sur 27 dans l’UE, selon l'INSEE.
Comme le rapporte The Epoch Times, depuis 1975, plus des deux tiers des maternités ont fermé. Aujourd’hui, certaines femmes doivent parcourir plus d’une heure pour accoucher, au risque de ne pas arriver à temps. « Mon petit-fils est né dans sa maison, sa mère n’a pas eu le temps de se déplacer », a raconté le député PS Christophe Proença. Ce moratoire vise donc à stopper l’hémorragie, en attendant un audit sur les maternités réalisant moins de mille accouchements par an, et la création d’un registre national des naissances. « Le risque de décès néonatal est multiplié par deux lorsque le trajet dépasse 45 minutes », a alerté la députée Josiane Corneloup, s’appuyant sur l’enquête des journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, citée par France Info.
Comme souvent, le gouvernement temporise. Le ministre de la Santé Yannick Neuder invoque la complexité du phénomène, mentionnant aussi l’âge des mères, les grossesses multiples ou encore le recul de la natalité. L’argument n’est pas sans fondement, mais il masque mal les effets d’une politique d’austérité territoriale menée depuis des décennies. Si ce moratoire est un frein, il n’est pas encore un tournant.
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