L'obésité infantile progresse et Macron évite le sujet de l'agro-industrie


Le 13 mai, Emmanuel Macron a répondu aux questions de l’influenceur Tibo InShape sur TF1 à propos du surpoids des jeunes Français. Selon lui, il faut faire du sport et bien manger à la cantine, mais silence radio sur l’agro-industrie, les publicités ciblant les enfants, ou les responsabilités de la grande distribution. Alors que l’épidémie progresse et que les pays voisins avancent, les positions françaises restent bien maigres...
Difficile de faire maigrir la jeunesse sans froisser les lobbys. Interrogé par le youtubeur Tibo InShape sur le surpoids des enfants, Emmanuel Macron a vanté le sport quotidien à l’école et les circuits courts dans les cantines. Mais il a soigneusement évité le vrai menu du jour : la toute-puissance de l’agro-industrie et son influence sur les comportements alimentaires des plus jeunes. Ce fléau, qui touche aujourd’hui un jeune sur cinq, continue pourtant de prospérer sous la bénédiction tacite de l’État.
Le même jour, le Réseau Action Climat publiait un rapport édifiant sur le rôle déterminant du marketing en grande surface. Une simple mise en avant en tête de gondole peut faire bondir les ventes jusqu’à 243 %. Et ce matraquage visuel a des conséquences bien concrètes : selon une étude présentée lors du Congrès européen sur l’obésité, cinq minutes d’exposition à des publicités pour des produits riches en sel, sucre ou graisses suffisent à faire consommer 130 kcal supplémentaires à un enfant. Pourtant, ni l’interdiction des pubs alimentaires ciblant les enfants, ni un étiquetage obligatoire plus clair n’ont vu le jour en France. Comme le rapporte Reporterre, le Nutri-score reste facultatif, et le fameux chèque alimentaire pour les ménages modestes a disparu des radars.
Pendant ce temps, les voisins européens agissent. Aux Pays-Bas, des enseignes stoppent les promotions sur la viande. Au Danemark, distributeurs et agriculteurs s’allient pour développer les protéines végétales. Et en France ? « L’État n’a pas fait évoluer d’un centimètre la réglementation sur le secteur agroalimentaire », déplore Benoît Granier, du Réseau Action Climat. Selon lui, la grande distribution est prête à évoluer, mais attend des règles claires. Or, à force de refuser de trancher, le gouvernement laisse l’appétit des industriels dicter le régime de nos enfants.
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