Une fraude académique majeure découverte par ScienceGuardians met en évidence de graves violations


Un piége met au jour des pratiques frauduleuses
ScienceGuardians, une organisation dédiée à l'autonomisation de la communauté universitaire et à la défense de l'intégrité académique, a découvert un cas troublant impliquant Reese Richardson, chercheur postdoctoral à l'Université Northwestern et membre active du « PubPeer Network Mob ». Grâce à une opération méticuleusement planifiée, ScienceGuardians a réussi à piéger Richardson, le désignant comme « Auteur 6 » dans leur enquête en cours sur les pratiques frauduleuses au sein du milieu universitaire. Les allégations portées contre lui comprennent de graves violations juridiques et éthiques, soulevant des questions sur la surveillance des chercheurs et l'intégrité des systèmes universitaires.
L'opération a commencé lorsque Richardson a tenté de s'inscrire sur la plateforme de ScienceGuardians avec deux adresses e-mail, l’une fausse (lawrence.richardson@u.northwestern.edu), en utilisant un domaine de messagerie légitime, qu'il prétendait appartenir à « Larry Richardson, le chat de ma grand-mère ». Suivant les conseils de leur équipe juridique, ScienceGuardians a approuvé l'enregistrement, permettant à Richardson de s'incriminer davantage. Peu de temps après, il a avoué publiquement sur Bluesky avoir utilisé une fausse identité pour contourner les protocoles de vérification, une confession amplifiée par un retweet de « Perpetrator 5 », un autre membre présumé du réseau.
Violations légales et éthiques mises en lumière
Les preuves recueillies par ScienceGuardians révèlent une série d'actes illégaux et contraires à l'éthique :
- Violation de la Computer Fraud and Abuse Act (CFAA) : Richardson a utilisé le système de messagerie de l’université de Northwestern pour créer un pseudonyme frauduleux, un acte qui pourrait être considéré comme un abus informatique illégal.
- Fraude électronique : Richardson a utilisé les communications électroniques pour tromper le processus de vérification de ScienceGuardians.
- Fausse déclaration d'identité : Richardson a créé un faux personnage pour infiltrer la plateforme.
- Violation des politiques de l'université : l'utilisation non autorisée des ressources de l’université de Northwestern peut enfreindre les politiques d'intégrité académique et informatique de l'université.
- Manipulation des métriques académiques : dans un article de blog de juillet 2024, Richardson a admis avoir généré 12 faux articles à l'aide de Mathgen, créé 12 articles supplémentaires pour les citer, fabriqué un indice h de 12 (144 citations). Ces articles ont été téléchargés sur ResearchGate et Google Scholar, en contournant leurs systèmes de vérification.
Ces actions font partie d'un schéma plus large de manipulation et de harcèlement orchestré par le PubPeer Network Mob, un groupe que ScienceGuardians accuse de cibler des chercheurs comme le professeur Jörg Rinklebe de l'Université de Wuppertal, en Allemagne, dont plus de 500 publications ont été attaquées sur PubPeer en peu de temps, presque entièrement par un seul compte anonyme. Richardson lui-même est un contributeur prolifique sur PubPeer, avec 1 056 entrées.
La gravité de la fraude est une menace pour l'intégrité académique
La gravité de cette fraude est importante, tant sur le plan juridique qu'éthique :
- Impact juridique : les violations de la CFAA, la fraude électronique et la fausse déclaration d'identité sont des infractions fédérales aux États-Unis, passibles de lourdes amendes et d'une peine d'emprisonnement. ScienceGuardians a averti que la complicité future pourrait conduire à des accusations de complicité (18 U.S.C. § 2), de complot (18 U.S.C. § 371) ou d'obstruction à la justice (18 U.S.C. § 1503). Ces allégations font écho à des précédents, tels que la condamnation en 2021 d'un professeur de l'Université du Texas pour avoir falsifié des données dans des demandes de subvention des NIH.
- Impact académique : la manipulation des indicateurs académiques sape la crédibilité de plateformes comme ResearchGate et Google Scholar, qui sont essentielles pour l'évaluation des chercheurs. Cela fausse également les processus de financement et de promotion, ce qui nuit à la communauté scientifique dans son ensemble. Ironiquement, Richardson travaille au laboratoire Amaral de Northwestern, qui se concentre sur la recherche sur la fraude et la reproductibilité en science.
- Impact éthique : les actions du réseau PubPeer, dont Richardson est membre, constituent du harcèlement ciblé qui menace la liberté académique. Le cas de Jörg Rinklebe, qui a été retiré de la liste des chercheurs les plus cités de Clarivate en 2023 pour son implication dans un « réseau de biochar », illustre les conséquences dévastatrices de telles campagnes.
- Couverture médiatique inadéquate : ScienceGuardians a critiqué un article du magazine Science publié le 31 juillet 2024 pour avoir omis les violations de la loi de Richardson, accusant l'éthique journalistique du média de minimiser la gravité de ses actions et d'induire potentiellement en erreur la communauté universitaire.
Réactions et controverses
La communauté universitaire est divisée. Certains, comme @StanfordBeddoe, ont minimisé les actions de Richardson, affirmant que son intention de dénoncer la fraude aux citations justifiait ses méthodes. ScienceGuardians a fermement rejeté cet argument le 28 avril 2025, soulignant l'illégalité de ses méthodes et la nécessité d'utiliser les voies légales appropriées. D'autres, comme @Behind_Retract, @caught_jus69935 et @VivienCBuckley, ont appelé à une enquête transparente et à des poursuites judiciaires.
ScienceGuardians a également souligné l'inaction de l'Université de Northwestern, accusant l'institution de ne pas avoir pris de mesures disciplinaires jusqu'à présent. Ils ont demandé à des agences fédérales telles que le HHS Office of Research Integrity (HHS ORI), le NIH et NDILnews d'enquêter sur les violations de la loi.
Perspective dans le contexte des enquêtes précédentes de ScienceGuardians
Cette affaire s'appuie sur une série plus large de révélations de ScienceGuardians concernant des abus sur la plate-forme PubPeer. ScienceGuardians avait déjà révélé un scandale entre le 11 et le 14 avril 2025, impliquant un individu surnommé « Auteur 1 », accusé d'avoir publié et coordonné 35 000 commentaires frauduleux sur PubPeer sous des pseudonymes comme Actinopolyspora biskrensis et Hoya camphorifolia. Ces commentaires, qui auraient nécessité 105 000 heures de travail (l'équivalent de 24 ans d'efforts à temps plein), ont été qualifiés de « fraude délibérée » par ScienceGuardians, qui a appelé à une enquête criminelle du FBI et de la SEC.
Un autre article de France-Soir met en lumière les controverses entourant PubPeer depuis sa création en 2012. Conçu à l'origine pour promouvoir la transparence scientifique, PubPeer a été accusé de devenir un outil de harcèlement et de censure. Des chercheurs comme Didier Raoult et Sabine Hazan ont dénoncé des campagnes de « harcèlement organisé », avec des commentaires « copiés-collés » visant à discréditer leurs travaux.
L'affaire Richardson semble être un prolongement de ces abus systémiques. Comme « Perpetrator 1 », Richardson est accusé d'exploiter l'anonymat de PubPeer, de l'utiliser comme arme pour manipuler les systèmes universitaires et harceler les chercheurs, tandis que ses aveux publics et ses actions illégales (telles que la fausse déclaration d'identité) exacerbent la gravité de son inconduite. Ces révélations successives mettent en évidence un problème structurel dans les mécanismes de contrôle de l'intégrité scientifique, où des plateformes comme PubPeer, sous couvert de transparence, peuvent devenir des outils d'intimidation et de fraude.
Actions à venir
ScienceGuardians a promis d'autres révélations, y compris des détails sur un complice de Richardson, dans un prochain billet. Voici les actions prévues ou probables :
- Enquête sur Northwestern : Lauran Qualkenbush, directeur principal de l'intégrité de la recherche chez Northwestern, devrait lancer une enquête officielle. Selon la politique de l'université, une telle enquête doit commencer dans le mois suivant la réception d'une allégation et pourrait conduire à des sanctions telles que la suspension ou l'expulsion.
- Enquête fédérale : les appels à une enquête du HHS ORI, du NIH et de NDILnews pourraient conduire à des accusations criminelles si les violations de la CFAA et de la fraude électronique sont confirmées. Cela fait écho à l'appel précédent de ScienceGuardians pour une enquête du FBI et de la SEC sur « l'auteur 1 ».
- Correction de Science Magazine : ScienceGuardians a exigé une correction de l'article du 31 juillet 2024, ce qui pourrait entraîner une rétractation publique ou une clarification de la part de Science Magazine concernant sa position sur les violations légales.
- Action en justice contre le réseau PubPeer : ScienceGuardians peut intenter une action en justice en vertu de la loi RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act), comme suggéré dans des messages précédents, pour cibler l'ensemble du réseau – une approche également suggérée dans les enquêtes de France-Soir sur PubPeer.
- Mesures préventives : Northwestern et d'autres universités devront peut-être renforcer leurs politiques pour prévenir l'utilisation abusive de leurs ressources, telles que les adresses e-mail .edu, et surveiller de plus près les activités de ses chercheurs sur des plateformes comme PubPeer. Plus largement, les révélations sur PubPeer pourraient pousser à des réformes des plateformes pour freiner les abus, un besoin souligné par France-Soir.
De plus, il semble de plus en plus probable que des actions en justice intentées contre le réseau PubPeer – potentiellement par le biais de poursuites intentées en vertu de la loi RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act) visant l'ensemble du réseau – soient intentées par des parties déterminées à protéger l'intégrité de la communauté universitaire. Cette approche a également été évoquée dans les enquêtes de France-Soir sur les activités de PubPeer.
Conclusion
L'affaire Reese Richardson, exposée par ScienceGuardians, s'ajoute à une série de scandales qui ébranlent la crédibilité de PubPeer au sein des institutions universitaires. Faisant écho aux enquêtes antérieures de ScienceGuardians et aux reportages de France-Soir, il révèle des failles systémiques qui permettent à des individus comme Richardson de manipuler les mesures académiques et de harceler les chercheurs sous couvert d'anonymat. La gravité des violations juridiques et éthiques, combinée à l'inaction initiale de l'Université Northwestern, souligne le besoin urgent d'une réponse solide pour préserver l'intégrité de la recherche scientifique.
Alors que ScienceGuardians promet de nouvelles révélations, la communauté universitaire attend des réponses claires et des actions concrètes pour restaurer la confiance dans un système miné par la fraude et l'intimidation.
Contacté par France-Soir, Lauran Qualkenbush, en charge de l’éthique de l’université de Northwestern ainsi que son président, n’étaient pas disponibles pour répondre.
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